Ne pactisons pas avec les marchands de chimères et les aventuriers du djihad
Notre Maliba est encore, hélas, à la croisée des chemins pour ne pas dire à la Une de l’actualité mondiale. Comme c’est le cas de manière cyclique depuis 2012. Pas une année de tranquillité pour ceux qui dirigent et de concorde pour les citoyens. A chaque trimestre son scandale, à chaque semestre sa crise… Si ce ne sont pas les politiciens, ce sont les islamistes, chacun dans son rôle, chacun jouant sa partition comme dans un casting bien convenu entre hybrides, dirait l’autre.
Il y a six mois, d’aucuns ont estimé responsable d’instrumentaliser les frustrations et colères légitimes des Maliens face à la série sans fin d’attaques contre les populations et les forces de défense et d’orchestrer ce qu’on a appelé la crise des forces internationales…. Affaire du sommet de Pau !
Pour un pays qui ne tient depuis 7 ans que par l’assistance de la communauté internationale, demander le retrait des forces internationales a été un oxymore qui a donné l’occasion de bien se moquer de notre pays.
À peine gérées les conséquences désastreuses de cette méprise de pseudo-patriotes dont la plupart n’assument pas leur anti-francité primaire tout en accablant les autres d’être des vendus à la France, l’Imam appelle au Djihad en janvier pour arracher le pouvoir. Sortez avec des bâtons, des haches, des gourdins… mourons ceux qui doivent mourir et vivrons ce qui vont vivre… Menacé d’arrestation, le Saint Homme jure sur Dieu qu’il n’a pas tenu de tels propos. L’État faible et frileux laisse passer la vague.
L’autorité de l’État ne s’accommodant pas de l’impunité, il a fallu un trimestre l’Imam Mahmoud DICKO de rééditer son coup, même si encore une fois il se défend de n’avoir jamais demandé la démission du Président IBK. Son réquisitoire contre le régime de celui qu’il appelle son grand frère ne souffre d’aucune espèce d’équivoque. Le religieux s’oppose et défie la République.
Le tableau qu’il dresse est hélas celui que les Maliens lambda contemplent tous les jours : vol, corruption, magouille, racket, risque de partition du pays, insécurité, chômage, pauvreté, clientélisme, impunité, désespoir… Partout des crises, les mécontentements, la grogne :paysans, transporteurs, enseignants, élèves, parents d’élèves, parents des victimes de l’insécurité, parents des victimes de bavures militaires, commerçants, acteurs culturels, partants volontaires à la retraite, professionnels de la santé, personnes privées de leurs droits, chômeurs techniques, chômeurs tout court, électeurs déçus, candidats mécontents…
Le constat déchantant tranche avec l’impasse quand il s’agit d’alternative. Que proposent-ils ceux qui se délectent de «l’échec» du Président IBK et de son régime avant de demander leur démission ? Rien, absolument rien, nada !
Autant les critiques et les dénonciations sont objectifs, autant ceux qui les formulent apparaissent comme des marchands d’illusions qui ne proposent aucune alternative, aucune solution de rechange. Si le Président IBK et son régime peuvent être tancés pour le capharnaüm ambiant et l’étranglement de l’espoir que son élection avait suscité en 2013, il est aussi vrai que même défaillants et empêtrés dans les crises et scandales permanents, ils valent 100 fois mieux que ceux d’en face qui ne sont qu’une jonction de situationnistes, des marchands d’illusions et des aventuriers au service du djihad.
Tirons les leçons du passé en demandant pardon à Moussa TRAORE et à Amadou Toumani TOURE. Ne prenons pas le pari d’un nouveau saut dans l’inconnu et dans l’incertitude.
Info-Matin