Mali: le gouverneur de Bamako interdit sur le territoire du district les activités d’un regroupement politique, opposé aux autorités de la transition, signe du rétrécissement de l’espace de liberté
Le gouverneur du District de Bamako interdit sur le territoire de la capitale toutes les activités de la Synergie d’Action pour le Mali, un regroupement de partis politiques et d’associations de la société civile, opposé aux autorités de la transition. Abdoulaye Coulibaly justifie sa décision par le contexte sécuritaire et des risques de menaces de trouble à l’ordre public. En réaction, le directoire du regroupement, dans un communiqué consulté par maliweb.net, rejette cette décision et parle de violation de la liberté d’expression et celle d’association garanties par la Constitution.
“Toutes les activités de la Synergie d’Action pour le Mali sont interdites sur toute l’étendue du territoire de Bamako”. C’est ce qu’en a décidé le gouverneur de la ville de Bamako dans une décision rendue publique, le lundi. Abdoulaye Coulibaly justifie sa mesure par le contexte sécuritaire et des risques de menaces de trouble à l’ordre public. Le regroupement paie ainsi les conséquences de sa farouche opposition aux de la transition et son appel au retour à l’ordre constitutionnel. “Cette décision, qui sera abondamment commenté dans les prochaines semaines, s’apparente beaucoup plus à un tour de vis sécuritaire et un rétrécissement de l’espace de liberté”, analysent de nombreux observateurs.
Surtout qu’elle intervient dans un contexte marqué par la dissolution de plusieurs associations, dont l’AEEM et la CMAS, par le gouvernement de la transition. Elle survient aussi, quelques semaines, après que le chef de l’exécutif de la capitale ait refusé d’accorder son autorisation à la Synergie qui l’avait sollicitée pour l’organisation d’une conférence de presse sur un terrain de football à Baco-Djicoroni.
On se souvient que dans la foulée que le Premier ministre avait réuni ses soutiens et partisans au Palais des Sports,Salamata Maïga, pour un meeting. Deux poids, deux mesures, jugent plusieurs analystes. En tout état de cause, la décision du gouverneur de Bamako va relancer à nouveau le débat quant à la volonté des autorités de la transition de laisser s’exprimer les voix discordantes.
“La Synergie respectueuse des lois de la République rejette cette décision illégitime et illégale qui viole la liberté d’association et celle d’expression garanties par la Constitution” a comme il fallait s’y attendre réagi le directoire du regroupement d’opposition dans un communiqué de presse, dont maliweb.net s’est procuré une copie. Un détail important: sur le communiqué, il est mentionné qu’il a été signé à Kalaban-Coro dans le cercle de Kati.
La mise en place d’une transition civile et le retour à l’ordre constitutionnel
Constatant la fin de la transition au terme du décret n°2022-0335/PT-RM du 06 juin 2022, qui fixe la durée de la transition à 24 mois, la Synergie dénonce la posture des autorités du pays qui refusent d’honorer leur engagement. “ Ce qui plonge le pays dans un vide juridique” prévient la Synergie dans son communiqué.
Pour finir, le regroupement réitère sa demande de “mise en place d’une transition civile et lance un vibrant appel à toutes les forces vives de la Nation à se joindre à cette lutte pour sauver la patrie en danger”.
A titre de rappel, la Synergie d’Action pour le Mali n’a jamais fait mystère de son opposition aux autorités de la transition. Elle a, à plusieurs reprises, réclamé la mise en place d’une transition civile et le retour à l’ordre constitutionnel.
Abdrahamane SISSOKO/maliweb.net