MALI-BANQUE MONDIALE: les raisons d’un faux bond

Lors d’une plénière au Conseil national de transition, jeudi dernier, sur le vote du projet de loi portant modification de la loi des finances 2024, le ministre de l’Économie et des Finances, Alousséni SANOU, a évoqué les difficultés financières que traverse notre pays. Il a fait savoir que le Mali était confronté à beaucoup de crises. Selon lui, actuellement, il y a un resserrement très important du financement de notre économie. Il a expliqué que ‘’les bailleurs de fonds ne nous accompagnent pas’’.

 

Le ministre SANOU a fait savoir que récemment le gouvernement avait obtenu des accords avec le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale. Selon lui, jusqu’à présent, il y a des difficultés pour mobiliser ces ressources. À titre d’exemple, Alousséni SANOU a affirmé que les 60 milliards de F CFA qui avaient été annoncés ne sont pas encore décaissés.

 

 

Rappelons que dans le cadre du renforcement des relations entre le Mali et des Institutions de Bretton Woods, Alousséni SANOU, ministre de l’Économie et des Finances, a conduit la délégation malienne aux Réunions du Printemps 2024 du Fonds Monétaire International (FMI) et du Groupe de la Banque mondiale qui se sont tenues du 15 au 20 avril 2024 à Washington (USA).

 

Lors de cette rencontre, dans le cadre de l’amélioration de la fourniture d’énergie, les institutions de Bretton Woods se sont engagés à mettre à la disposition du Mali soixante (60) millions de dollars, soit environ 36 884 328 000 F CFA, immédiatement, pour permettre à Energie du Mali-SA de faire face aux achats de carburants ou d’énergie à partir des pays de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS).

 

Lors de ladite mission, le ministre de l’Économie et des Finances a eu plusieurs entretiens et des échanges approfondis avec les dirigeants du Fonds Monétaire International (FMI) et du Groupe de la Banque mondiale sur les défis économiques et sociaux auxquels fait face le Mali, ainsi que sur les réformes envisagées pour y répondre de manière efficace et durable, dans un contexte marqué par des chocs exogènes et des fragilités structurelles.

 

Ces rencontres ont permis de passer en revue l’état de la coopération existante et de poser les jalons des nouvelles perspectives conformes aux orientations des plus hautes autorités du Mali en matière de politique économique, financière et budgétaire.

 

Aussi, la mission a souhaité la restructuration de certains projets pour répondre mieux aux besoins actuels réels du pays.

 

« La Banque mondiale est le premier partenaire multilatéral du Mali qui a financé au Mali plus de 1500 milliards de FCFA de projets. Certains sont finis, d’autres sont en cours de réalisation. Il s’agissait de voir avec la Banque mondiale les axes d’amélioration et d’analyse des défis. En termes de résultats, cette mission a permis de nous accorder avec la Banque mondiale sur plusieurs sujets notamment le projet de construction d’écoles, dans le cadre du Projet MIQRA, où des fonds supplémentaires vont être alloués.

 

Dans le cadre de l’amélioration de la fourniture d’énergie, ils sont d’accord pour mettre à la disposition du Mali soixante (60) millions de dollars immédiatement pour permettre à Energie du Mali SA de faire face aux achats de carburants ou d’énergie à partir des pays de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) et également de nous accompagner dans le cadre d’autres projets sur la réalisation d’infrastructures photovoltaïques pour charger le mix énergétique » avait expliqué le ministre Alousséni SANOU sur les antennes de l’ORTM.

 

Ces annonces avaient suscité de l’espoir chez le peuple malien confronté notamment à un problème d’énergie depuis plusieurs mois.

 

Malheureusement, au lieu d’honorer leur engagement pour le bonheur de la population malienne, les institutions de Bretton Woods continuent de faire tourner en rond les autorités maliennes.

 

Les dessous

De l’avis de certains observateurs, les raisons sont ailleurs. Selon eux, le Mali qui, depuis quelques années est très à cheval sur des questions de respect de sa souveraineté ne devrait pas s’attendre que les règles changent pour les beaux yeux des princes du moment. Car, sans trop de démagogie, les principes de ces Institutions connus de tous, n’ont pas changé d’un iota.

 

En tout cas, on se rend compte que les raisons du blocage évoquées par le ministre SANOU devant les membres du CNT ne sont autres que les conditions posées par la Banque Mondiale au moment de la signature de l’accord de prêt et que le Mali a acceptées. Ces conditions restent quasiment les mêmes dans le communiqué de presse du département qui a annoncé l’accord entre les deux parties. Mais visiblement, les autorités maliennes étaient sous pression et n’ont pas trop fait attention avant au moment de la signature avant de regretter après.

C’est ce qu’on appelle tombé dans le piège…

 

PAR MODIBO KONÉ

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