Le PM Maïga sur RFI et France 24, par rapport à la question sur Wagner : « Le jour où le Gouvernement malien va signer un accord, on rendra public le nom de celui avec qui on a signé»
Les deux medias français RFI et France 24 en duo ont tenu un entretien mardi avec le Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga, après son discours tenu sur la tribune de l’ONU le 25 septembre 2021.Qui a suscité la polémique entre la France et le Mali. Surtout lorsqu’il a affirmé que certains partenaires ont abandonné notre pays en plein vol. D’où l’obligation pour le Mali de scruter d’autres horizons.
En 2013, notre pays a signé un accord de partenariat avec la France dans le but de libérer notre pays qui était assiégé dans sa partie septentrionale par des hommes armés non identifiés. La présence des forces étrangères au Mali avec des budgets colossaux pour le retour de la sécurité et de la stabilité n’a pas produit l’effet escompté. Aujourd’hui, force est de reconnaitre que l’insécurité a dépassé les seules régions du Nord en 2013 pour atteindre presque toutes les régions du pays. Les FAMA plus que les autres forces présentes, sont victimes chaque jour des attaques terroristes. C’est pourquoi, à la faveur de cette transition, les Maliens ont décidé de prendre leur destin en main. Et le discours du PM Dr Choguel Kokalla Maïga le 25 septembre 2021 à la tribune de l’ONU en est la traduction parfaite de cette volonté générale du peuple malien. Suite à cette intervention saluée à plus d’un titre par les Maliens, le Premier ministre Dr Choguel Kokalla Maïga a été l’invité des deux chaines internationales françaises, France 24 et RFI, le mardi dernier pour expliquer la situation que notre pays traverse actuellement.
Lors de cet entretien, il a fait savoir que le gouvernement s’attache à respecter ses engagements sur la tenue des élections à date. Que ce respect s’accompagne du réalisme. « En politique il faut être réaliste, ces délais ont été fixés une première fois à partir de la position de principe de la CEDEAO et un premier gouvernement avait annoncé un chronogramme, auquel peu de Maliens croyaient en vérité » a-t-il affirmé, tout clarifiant que ce chronogramme annoncé en Avril ne pouvait pas permettre la tenue du référendum en octobre.
« Nous avons expliqué à nos partenaires de la CEDEAO, que nous allons procéder de manière inverse cette fois-ci. Nous allons identifier les actions, les opérations pratiques à mener jusqu’aux élections, à partir de là, on pourrait tomber sur le 27 février » dit-il. Selon lui, le plus important pour le gouvernement de la transition c’est de tirer les leçons du passé, car pendant 20 ans notre pays a été dans des crises politiques post électorales et le dernier soulèvement populaire qui a conduit le renversement du régime est parti de la contestation des résultats d’élections. Avant de préciser que pour ne pas tomber dans les mêmes erreurs, ils ont décidé d’avoir une démarche qui minimise les risques de contestation des élections. « Il vaut mieux avoir quelques semaines de plus ou quelques mois de plus que de retomber dans une crise qui nous met dans l’incertitude, ou d’autres soulèvements ou d’autres coups d’Etat » a fait savoir le PM Maïga.
Toujours selon le P M Maïga, le gouvernement a indiqué à la CEDEAO qu’à la fin du mois d’octobre, des assises nationales de la refondation se dérouleront, qu’au sortir de ces assisses le Gouvernement pourrait aller vers ses partenaires avec un calendrier et un chronogramme détaillé réaliste en fonction des réalités sécuritaire, sociale et politique du Mali.
Dans la même lancée, il a déclaré que le gouvernement est dans la logique de respecter son engagement tout en étant réaliste. Occasion pour lui de rappeler que c’est à partir du 24 mai qu’a débuté le processus de rectification de la trajectoire de la transition. Qui a repris, à en croire le chef du Gouvernement, une trajectoire plus vertueuse. « La preuve, pendant 9 mois le pays était en ébullition, les grèves en à pas finir qui ont paralysé tout le pays avec des incidences sur des opérations militaires sur le terrain. En moins de trois semaines nous avons pacifié le front social » a-t-il rappelé à juste titre. Tout en invitant les partenaires du Mali à être beaucoup plus compréhensifs et pragmatiques.
Parlant de l’organe unique de gestion des élections, il dira que cela pourra être installé dans un mois ou deux mois maximum et pourrait être fonctionnel, le calendrier pourrait être plus précis à la fin des assises nationales.
Quant à la tenue des assises, le PM Maïga a indiqué que, certains pensaient que c’est pour prolonger le délai de la transition. Tout cela relève, dit-il, des débats politiques, sur lesquels il n’y a jamais de l’unanimité. Sinon, dira le PM Maïga, ces assisses nationales de la refondation ont pour objectif essentiellement de prendre en charge les principales revendications qui ont conduit le peuple dans la rue pendant des mois.
Propos tenus à l’AG de l’ONU concernant la situation sécuritaire au Mali !
Par rapport à la déclaration du président Macron sur le départ de Barkhane du Mali, le Premier ministre a regretté le fait que c’est à partir des medias que les autorités maliennes ont appris cela. C’est ce qui justifie sa déclaration relative au fait que la France nous a abandonné en plein vol. Alors que, affirme-t-il, les deux pays sont liés par un accord de défense. Toute chose qui devrait obliger, que les raisons de ce départ brusque soient discutées d’abord entre les partenaires. « Quand on annonce la suspension des opérations militaires au motif que le gouvernement malien serait en train de discuter avec les djihadistes. Il fallait au moins échanger avec le gouvernement malien. Parce que c’est une demande forte de plusieurs années du peuple malien, qui dit que ceux qui sont avec les djihadistes, sont des jeunes endoctrinés par la pauvreté, le désespoir souvent par la force. Il s’agissait de discuter pour récupérer ceux qui sont récupérables mais en aucun moment, on n’a remis en cause les opérations militaires de lutte contre le terrorisme. Dans ces conditions, dire que le chef d’Etat du Mali ne doit pas écouter l’avis de son peuple. Et à partir de ce motif on décide d’ignorer les accords qui lient les deux pays, on doit s’interroger »a-t-il affirmé pour justifier sa déclaration à la tribune de l’ONU.
L’accord sur le partenariat avec le groupe Wagner
Pour ce qui concerne le partenariat avec le groupe Wagner, le chef du Gouvernement dira qu’un homme politique est fait pour résoudre les problèmes. Pour preuve, qu’après l’intervention de la communauté internationale en 2013, le président de la République française, avait justifié l’intervention du Serval pour trois objectifs. Premièrement, détruire le terrorisme, deuxièmement restaurer l’autorité de l’Etat malien sur l’ensemble du territoire national et troisièmement, faire appliquer des résolutions des Nations-Unies. Or, d’après lui, huit ans après, le terrorisme s’est métastasé, l’Etat malien n’a toujours pas sa souveraineté sur l’ensemble du territoire, les résolutions des Nations-Unis changent chaque année au point que cette année le Mali s’est opposé à un projet de résolution. En conclusion, Dr Choguel Kokalla Maïga estime que le temps est arrivé de s’interroger maintenant sur la pertinence de cette ordonnance qui a été prescrite ‘’au malade le Mali’’. Et le gouvernement malien à l’obligation de chercher des solutions pour sécuriser les personnes et les biens au Mali. « À partir du moment où nous avons une solution qui ne donne pas totalement satisfaction et qu’en cours de route on nous abandonne en plein vol, pour le moins, un gouvernement responsable doit s’interroger. Ne faut-t-il pas chercher d’autres partenaires qui ne sont pas exclusifs ? On ne peut pas nous interdire cela en tant qu’Etat souverain ». a-t-il fait savoir.
Sans confirmer ni infirmer l’hypothèse d’un éventuel partenariat avec le groupe Wagner, le PM Maïga a indiqué que le jour où le Gouvernement malien va signer un quelconque accord dans ce sens, ce qui n’est pas pour longtemps : « on rendra public avec qui on a signé. En ce moment je serais prêt à répondre à toutes les questions » a conclu le Chef du Gouvernement malien.
Par Fatoumata Coulibaly
Le Sursaut