Le Général Dahirou Dembélé aux députés : « Sortez de votre confort de parlementaire à deux balles pour aller sur le terrain, au contact de nos braves soldats, s`enquérir de leurs conditions ».
Interpellé, le jeudi dernier, à l’Assemblée nationale pour répondre aux questions d’actualités sur la situation sécuritaire et de défense, le ministre-général Ibrahima Dahirou Dembélé n’a pas utilisé un langage de bois pour répondre aux préoccupations des élus nationaux.
Le baptême de feu de l’actuel ministre de la défense et des anciens combattants à l’Assemblée nationale restera longtemps gravé dans la mémoire des députés. Ce militaire de carrière, décidément, agacé par les questions des députés, qui exigent des résultats dans la lutte contre terrorisme, a exprimé un manque de moyens et d’éléments pour une bonne couverture de toutes les localités marquées par l’insécurité. « Nous avons besoin des moyens. Il faut recruter au minimum 10.000 hommes pour l’armée malienne », a indiqué le ministre de la défense, qui ajoute qu’à cause du manque d’effectif, certains militaires n’arrivent plus à bénéficier du repos. Ces propos du ministre ont été corroborés par un attaché à la défense à l’ambassade de la France au Mali, qui confiait récemment que l’armée malienne est la plus engagée au monde avec 60% de son effectif déployé au front. Cet officier français n’excluait pas les risques de fatigue.
Par ailleurs, le ministre n’a pas été tendre dans la réponse des différentes questions des députés. Ainsi, en invitant les élus à se solidariser ou à partager le quotidien des militaires engagés au front, il a déclaré, « Je vous demande de vous impliquer, c’est votre armée. Vous avez vu les parlementaires allemands, européens qui viennent encourager au quotidien leurs soldats. Ce n’est pas en restant à Bamako, en recueillant des rumeurs que vous allez jouer votre rôle de parlementaires. « Faites comme les militaires, sortez de votre confort de parlementaire à deux balles pour aller sur le terrain, au contact de nos braves soldats, s’enquérir de leurs conditions ». Avant de s’interroger de savoir combien des députés ont effectué des missions dans les camps et les champs de bataille depuis le déclenchement de la crise.
La défense du pays appartient aux Maliens
Sur d’autres questions relatives à la signature d’un accord de défense avec les puissances étrangères comme la France, le Général Ibrahima Dahirou Dembélé a invité les députés à faire la différence entre un accord de défense et de coopération militaire. Pour lui, un accord de défense oblige l’un des pays signataire à sous-traiter sa défense et sa sécurité avec l’autre. « Notre pays a signé un traité de coopération militaire avec la France », a-t-il informé. Ajoutant que « La Force Barkhane est venue pour nous aider mais nous n’avons pas sous-traité notre défense ». Et de poursuivre que le Mali a signé un accord de coopération militaire avec la France qui oblige les deux pays à partager les renseignements, à faire des formations militaires etc. « C’est pourquoi vous verrez que certains se plaignent quand l’armée malienne est attaquée, la France n’intervient pas. La défense du pays appartient aux Maliens d’abord et qu’il nous appartient de créer les conditions nécessaires pour un appareil de défense performant », a fulminé Ibrahima Dahirou Dembélé.
Toujours selon le général Dembélé, le Mali est aujourd’hui confronté à de graves menaces liés au terrorisme, les tensions intercommunautaires, l’extrémisme violent, le trafic illicite des personnes et de la drogue qu’il faut endiguer. Pour lui, la multiplication des initiatives par les autorités maliennes en matière de défense et de développement au plan national, régional et international auprès des forces armées nationales participe à cela.
Siaka DIAMOUTENE/Maliweb.net