Gouvernement de Transition : La continuité comme gage de stabilité du pouvoir?
Le gouvernement de transition est caractérisé par une certaine continuité à travers un maintien en fonction des ministres, malgré les récriminations au sein de l’opinion publique. Ce qui a contribué à préserver le pouvoir du Colonel Assimi Goïta.
« Qui veut loin ménage sa monture ». Cette sagesse populaire semble appliquée à la lettre par le président de la Transition malienne, qui demeure de marbre face aux sollicitations de changement de l’attelage gouvernemental.
En effet, depuis la mise en place du gouvernement de transition dit de rectification, en juin 2021, avec à sa tête le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, aucun réajustement de l’équipe n’a été fait. Et ce n’est pas les pressions et les exigences politiques qui ne vont pas dans ce sens.
Car, le chef du gouvernement, Dr Choguel Kokalla Maïga a lui-même fait l’objet de nombreuses récriminations visant son limogeage. C’est ainsi que des voix se sont élevées pour dénoncer sa posture de « PM clivant », qui ne pouvant pas rassembler la classe politique. Même au sein des alliés politiques du chef du gouvernement, c’est-à-dire le M5-RFP, certains acteurs n’ont de cesse souhaiter que le chef de l’Etat fasse sauter son fusible de chef du gouvernement afin de mettre en place une équipe de « large union nationale ». Ce qui devrait décrisper davantage la scène politique et créer un climat de confiance favorable aux réformes politico-institutionnelle attendues.
Mais, tous ces appels du pied et ces demandes insistances n’ont pas obligé le chef de l’Etat à opérer des changements au sein du gouvernement ; Puisque, comme on le sait bien, dès que certains membres du gouvernement sont remerciés, ils deviennent un tant soit peu frustrés, au point de se transformer en adversaires ou ennemis du pouvoir. Cela ne fut-il pas les cas avec justement avec Dr Choguel Kokalla Maïga, Me Mountaga Tall, Me Mohamed Ali Bathily, qui ont tous été membres des gouvernements sous IBK et qui ont fini par combattre son régime ? Rien n’est moins sûr !
En outre, le chef de la Transition a maintenu en place les chefs des institutions et a choisi de conserver en vigueur la Constitution en vigueur, lors de sa prise de pouvoir. Ce qui a aidé à préserver les grands équilibres institutionnels qui ont certainement à consolider son pouvoir, dans un pays plongé dans une crise multidimensionnelle.
De même, au sein des forces de défense et de sécurité, même s’il y a eu quelques changements à la tête de certains corps, le colonel Assimi Goïta n’a pas remis en cause les grands axes de la chaine de commandement opérationnel des FAMA. Ce qui a aussi, analysent les observateurs, à conforter son pouvoir. Cela mérite d’être souligné quand on sait que le pouvoir du Colonel Assimi Goïta est issu d’un double coup de force, celui du 18 août 2020 et de mai 2021. Surtout quand le pays est confronté non seulement à une adversité de la part de certains partenaires occidentaux, mais aussi face à la crise sécuritaire, consécutive à l’invasion de pans entiers du territoire par des hordes de terroristes.
Comme on le voit, c’est avec une certaine dextérité et un management de qualité que le chef de l’Etat tient les rênes du pays, avec une certaine résilience pour ne pas céder à toutes les pressions pouvant fragiliser son pouvoir. Et c’est cela qui stabilise un tant soit peu cette période transitoire, malgré les velléités et les vents contraires. Il ne reste qu’au président de la Transition de manœuvrer délicatement au plan sécuritaire et socio-économique pour parvenir à des résultats probants devant conduire à des élections libres et crédibles. Ce qui doit lui permettre de marquer définitivement l’histoire du Mali moderne et sortir de la scène sociopolitique nationale par la grande porte.
Boubou SIDIBE/maliweb.net