Education : L’école malienne sacrifiée !

L’école malienne se meurt. Depuis plus d’une année, les syndicats de l’enseignement observent une série de grèves qui paralysent l’année scolaire. Ils exigent l’application de l’article 39 de la Loi N°2018-007 du 16 janvier 2018 portant Statut du personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, et l’enseignement fondamental et de l’Education préscolaire et spéciale. Au même moment, le chef de l’Etat, Ibrahim Boubacar Keïta s’emmure dans un silence. Preuve qu’il est complétement coupé des réalités du pays et surtout qu’il n’aucune solution aux préoccupations des maliens. Or IBK, à coup de discours, promettait de refonder le système éducatif malien. Aujourd’hui, l’école malienne est tout simplement sacrifiée !

 

Si l’année blanche venait à être décrétée, il n’y aurait pas lieu de s’étonner, le collectif des syndicats de l’éducation signataires du 15 Octobre 2016 observe  une nouvelle grève depuis  février. Déjà, en 2019, l’année scolaire avait été longtemps perturbé par des grèves perlées des enseignants. Ce mouvement avait fait planer le spectre d’une année blanche. Finalement, en mai, un accord avait été  trouvé  entre le gouvernement et les syndicats de l’éduction.

En effet, les 2 parties étaient tombées sur 8 revendications, objet de revendications. Un accord partiel a été trouvé sur une revendication. Et les syndicats avaient abandonné une de leurs revendications.

Sur l’ensemble des revendication, les 8 points d’accord sont : l’octroi d’une prime de documentation, l’octroi d’une prime de logement, l’adoption immédiate du projet de décret portant plan de carrière du personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Education préscolaire et spéciale en Conseil des ministres ; la finalisation du processus de régularisation administrative et financière des sortants de l’ENSup (nouvelle formule) au même titre que ceux de l’ENI et IPR¬IFRA (ainsi que toutes les grandes écoles : ENI, IPR-IFRA, ENETP, conservatoire Balla Fasseké,…) ; l’application effective et immédiate du Décret N°2016-0001/P-RM du 15 janvier 2016, fixant les conditions et les modalités d’octroi de l’indemnité de déplacement et de mission ; la relecture immédiate du Décret N°529/P-RM du 21 juin 2013, portant allocation d’indemnités au personnel chargé des examens et concours professionnels en ses articles 1,2 et 3 ; l’intégration dans le corps des enseignants du personnel non enseignant en classe ; l’accès des enseignants fonctionnaires des collectivités territoriales aux services centraux de l’Etat.

Le point concédé est l’organisation sans délai de l’élection professionnelle du secteur de l’Education et la création des organes prévus par le décret N°2018-0067 P-RM du 26 janvier 2018,fixant les modalités d’application du statut du personnel enseignant de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Education préscolaire et spéciale.

L’accord partiel est relatif l’annulation des Décrets n°2018-0800/P-RM du 19 octobre 2018, fixant les attributions spécifiques des membres du Gouvernement et n°2018-0801/P-RM du 19 octobre 2018, portant répartition des services publics entre la primature et les départements ministériels.

Les négociations ont alors permis la reprise des  cours. Mais 5 mois plus tard, les enseignants grévistes accusent le gouvernement de ne pas tenir ses engagements.

Les enseignants en colère dénoncent : « le mépris de la part du Premier ministre, Chef du Gouvernement  et ministre de l’Economie  et des Finances pour les enseignants ; la légèreté et  le laxisme du Gouvernement  lors des négociations visant nos préavis de grève ; le refus manifeste du  Gouvernement d’appliquer une loi de la République  du Mali; le  non-respect des  engagements pris par le Premier ministre, le 04 octobre 2019  et des instructions  du Président de la République, le 05 octobre 2019 à  l’occasion de  la célébration  de la journée Mondiale  des enseignants  au palais de Koulouba, la menace  du Premier ministre, de remplacer les enseignants de la Fonction publique et de procéder à un nouveau recrutement d’enseignants ». Au-delà de cette dénonciation, les syndicalistes maintiennent le mot d’ordre de grève. Et ils affichent leur détermination à poursuivre le mouvement.

 

Impossible compromis ?

Le  principal point de blocage  entre les deux parties  reste la mise en œuvre de l’article 39 portant sur le statut du statut général  des fonctionnaires. Adama Fomba, porte-parole du  collectif des enseignants affirme : « Toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du Statut général s’applique de plein droit au personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Education préscolaire et Spéciale ». Pour nous, précise le porte-parole syndicat, « il n’y a pas une autre façon de faire que de reconnaitre ce qu’on demande sur l’article 39 du statut général ; reconnaître la légalité et la légitimité de ce que les syndicats  demandent. Pour l’une des rares fois, les syndicats ne font pas de revendication, mais demandent  l’application d’une loi. Comment dans un Etat démocratique  on peut se permettre de transgresser les  textes de la République au su et au vu de tout le monde. Si Boubou Cissé et son gouvernement  appliquent l’article 39, nous allons reprendre les cours. C’est aussi simple que ça  ».

Selon le ministre de la Communication, chargé des Relations avec les Institutions et Porte-parole du gouvernement, Yaya Sangaré le gouvernement reconnait la légalité de la revendication du syndicat des enseignants. Et  que l’interprétation, à la lettre de l’article 39 de la loi, est juste et les enseignants ont raison de rappeler que toute majoration des rémunérations des fonctionnaires relevant du Statut général s’applique de plein droit au personnel de l’enseignement secondaire, l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire spéciale. Selon lui, cette revendication des enseignants s’adosse à un accord déjà négocié et obtenu par l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) en 2018 pour la valorisation de la grille indiciaire du Statut de la fonction publique. Le gouvernement, selon son porte-parole, ne refuse pas, du reste, la proposition du collectif mais demande juste d’appliquer la majoration en fonction de la grille indiciaire de la fonction publique obtenue par la Centrale syndicale en 2018. « C’est ce que les enseignants ont refusé. Ils exigent l’augmentation immédiate de leur grille de 180 points, rétroactivement, depuis le 1er janvier 2019 et 100 autres points, à compter du 1er janvier 2021. Ce qui fait, en somme, une augmentation de 280 points au lieu de 140 points que le gouvernement propose. Voilà tout le problème exposé », a souligné le ministre Yaya Sangaré.

Mémé Sanogo

L’école malienne à l’article de la mort !

L’école malienne est prise en tenaille entre les feux croisés des revendications estudiantines, les plus virulentes et celles de plusieurs groupes syndicaux tels que les syndicats enseignants, les collectifs de vacataires et le regroupement des promoteurs d’écoles privées. En plus, l’Etat brille par son laxisme. En effet, l’Etat fait preuve non seulement d’un manque o d’imagination, mais de solution pour gérer la crise.

D’autre part, l’État n’a jamais donné l’impression de posséder des capacités de gestion prévisionnelle de la crise. Il a le plus souvent été réduit à faire le « pompier ».

En outre, les problèmes d’administration  sont légions : C’est l’une des conséquences de l’éducation de masse!!!!Le niveau de l’éducation malienne ne fait que régresser. N’importe qui est autorisé à ouvrir une école tant que les moyens financiers sont au rendez-vous. Si la responsabilité de la baisse du niveau des élèves maliens est partagée entre les acteurs de l’école, notamment les autorités, les enseignants et les élèves eux-mêmes, la démission des parents d’élèves de leur rôle de suivi est également souvent pointée du doigt.

« L’enseignement ne devrait pas se limiter aux salles de classes…», souligne Mohamed Doumbia, un parent d’élève.

Un constat partagé par Ali Bah, enseignant, selon lequel certains parents d’élèves ont carrément abandonné leurs enfants.

« Un parent d’élève peut passer une année pleine sans mettre un pied dans l’école de son enfant pour s’enquérir de sa situation scolaire. C’est extrêmement grave, parce que l’enfant jouit d’un certain laisser-aller qui joue sur son rendement », déplore-t-il.

Pour lui, pour rehausser le niveau de l’élève malien, l’État doit carrément revoir le système éducatif. « Il faut une spécialisation des élèves très tôt. Cela ne sert pas à grand-chose d’encombrer l’élève avec beaucoup de matières pour qu’au final il soit dépassé et ne retienne rien », pense M. Bah.

A ce rythme, il est clair que la fin de la crise n’est pas pour demain. Pendant ce temps, ce sont des milliers d’enfants surtout ceux des pauvres paysans qui, en plus de la crise sécuritaire, sont obligés de gérer celle de la formation de leurs enfants.

 

SourceL’Aube

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