Edito : Chercher à sauver l’essentiel commun
Avec à l’idée qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite et que tout est perfectible, la machine électorale se met en marche au Mali, en ligne de mire, les élections législatives du 29 mars 2020 ; la date de limite de dépôt des candidatures étant le 13 février prochain.
Les partis politiques, acteurs privilégiés des élections se préparent, les ‘’candidatiables’’ s’échauffent et se positionnent, tels des joueurs à l’aune d’une phase finale de coupe âprement disputée. On parle de jeu ou de joute électorale, par mimétisme, mais là, c’est du sort de l’Etat dont un organe est tombé en désuétude, qui se joue. C’est d’une scène qui porte le dessein d’une nation malienne à la recherche de ses marques perdues, depuis que ses enfants n’arrivent plus à tenir les élections, du fait d’une insécurité récurrente imposée, qu’il s’agit. Pour que tout se passe bien, l’Etat malien injectera 16 milliards de FCFA dans ces élections législatives de mars et avril 2020, a précisé le secrétaire général du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Adama Sissouma, lors d’un débat sur la télévision nationale, ORTM, le week-end dernier.
A Bamako, à Tombouctou, comme à Taoudeni, les acteurs s’échauffent et s’entrainent, avec les élections législatives, comme point de mire : à Bamako le Parti Mali Kanu (PMK) de Modibo KONE, qui signe sa rentrée politique, le samedi 1er février à l’hôtel Olympe; le Parti de l’Indépendance, de la Démocratie et la Solidarité (PIDS) de Daba Diawara, qui tient à la même date, son cinquième congrès ordinaire au Mémorial Modibo Kéita ; la consécration de Baba Moulaye (ministre de l’Agriculture), élu Secrétaire général de la section du Rassemblement pour le Mali (RPM) à Tombouctou ; et la vaillante jeunesse de Taoudeni qui essaie de faire entendre sa voix, dénonçant le troc de la nouvelle région contre le cercle ante.
Le gouvernement avance des raisons de croire en la sincérité des scrutins à venir par la sécurité qui les entoure, l’audit imminent du fichier électoral avec la participation de toutes les parties prenantes, ce à quoi l’opposition émet des doutes, à cause de l’insécurité, qui ne rend possible aucune activité politique dans certaines localités du pays. Cependant, quels que soient les tiraillements politiques, la réalité rattrape toujours, pour ne voir à l’horizon que l’essentiel commun et chercher à le sauver, malgré des incertitudes sur certaines questions de légitimité et des réformes nécessaires, la mise entre parenthèse de l’opérationnalisation des régions. C’est pourquoi également la classe politique fermera les yeux sur certaines alliances contre-nature entre partis de la majorité et ceux de l’opposition, dans des circonscriptions ; en quelque sorte, des ‘’ALLIANCES HYBRIDES’’.
Dans le contexte actuel d’efforts de mise en œuvre de l’accord et de la tenue des élections législatives, la question sécuritaire reste cardinale. Le fait constant dans les discours des Maliens depuis plus d’une demi-décennie, est sans doute, le jumelage fatal entre soutien aux Forces armées maliennes (FAMa) et requête d’un mandat de la Minusma permettant aux forces onusiennes d’aider le Mali à mettre fin à la guerre, car point de maintien de la paix, sans paix. « Le mandat actuel de la MINUSMA est inadapté, car il ne permet pas aux forces internationales de soutenir le Mali dans sa guerre pour recouvrer son intégrité », assène Daba Diawara, lors du congrès de son parti le PIDS. L’ancien président du Comité de la révision constitutionnelle (avortée) sous le Président ATT, et ancien ministre de la Reforme de l’Etat, cet homme politique modéré pense et dit que « la stratégie de maintien de la paix », à laquelle nous assistons permet d’établir « la complicité des rédacteurs des Résolutions de l’Onu contre l’Etat du Mali ». Selon Daba Diawara, une nécessaire révision de l’accord de paix issu du processus d’Alger doit prendre en compte « de nouveaux acteurs apparus dans la crise », « des groupes et milices armés », précise-t-il, pour garantir le caractère unitaire et la stabilité de notre Etat.
B . Daou
Le Républicain