Douane : une recette de 50,06 milliards CFA en juillet

La direction générale des Douanes a réalisé, en juillet dernier, une recette de 50,062 milliards CFA, dont 12,08 milliards CFA pour le Bureau des Produits Pétroliers (BPP). Une performance pour trois raisons principales.

D’abord, au regard de la baisse générale des importations, qu’elles soient solides ou liquides. Intitulé « Analyse comparative des recettes des principales structures douanières 2018-2017 – Période : janvier à juillet », un rapport interne de la Douane, dont le canard déchaîné s’est procuré copie, explique par le menu les raisons objectives à l’origine de la baisse générale des recettes douanières au cours de l’année écoulée.
« Les recettes cumulées de janvier à juillet 2018 sont en baisse de 19,23 % par rapport à 2017 », relève, d’entrée de jeu, le rapport.
Elles sont estimées, selon ce rapport, à 314,6 milliards CFA en 2018, contre 326 milliards CFA en 2017. Alors que les prévisions de recettes, de janvier à juillet 2018, étaient estimées à 373,8 milliards CFA. Soit un taux de réalisation de 84,17 %.

Baisse générale des importations

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, pour qu’il y ait recettes douanières, il faut qu’il y ait, au préalable, importations de marchandises. Et quand les importations baissent, les recettes douanières, elles aussi, baissent. Logiquement.
Selon ce rapport interne de la direction générale des Douanes, les importations de marchandises ont connu une baisse globale à partir de mai 2018. Baisse qui s’est accentuée au fil du temps.
« Du 1er janvier au 31 juillet 2018, les importations globales de marchandises sont de 1,4 milliard CFA de marchandises, contre 1,5 milliard CFA pour la même période en 2017 ». Soit un gap de plus de 100 millions CFA, précise-t-il.
Selon ces chiffres, la baisse des importations, entre 2018 et 2017, et à la même période, est estimée à 7,88 %.
Entamée, en mai 2018, la baisse des importations s’est accentuée au fur et à mesure. Si en mai, elle était de -5,67 %, en juin elle est passée à -12,48 %. Elle a franchi la barre de 42,49 % à partir de juillet 2018. Avant de se poursuivre, de plus belle, en 2019. Avec, à la clé, les résultats que l’on sait.
A titre de comparaison, en juin dernier, les recettes douanières étaient estimées à 45,5 milliards CFA. Pour les mêmes raisons.
La baisse des importations s’est poursuivie jusqu’en décembre 2018, date à laquelle l’inspecteur général Mahamet Doucara a succédé à l’inspecteur principal Aly Coulibaly à la tête des Douanes du Mali.
De sources concordantes, la tendance s’est même aggravée au cours du premier semestre 2019.

Fermeture de plusieurs bureaux des Douanes au Nord et dans la région de Mopti

Vient, ensuite, la fermeture de plusieurs bureaux des Douanes au Nord et dans la région de Mopti, du fait de l’insécurité. Les attaques des bureaux des Douanes, par de présumés hommes armés, ont coûté la vie à plusieurs agents des Douanes. Certains bureaux ont été pillés. Ou soufflés par des bombes artisanales.
Face à l’ampleur des dégâts, et les horreurs qui s’en sont suivies, le gouvernement a décidé de fermer ces bureaux, en attendant le retour de la sécurité dans ces zones.
Mais les pertes engendrées par cette décision sont estimées –  selon des statistiques non encore confirmées – près de 10 milliards CFA par mois. A cause, notamment, des marchandises de toutes sortes, qui inondent notre pays, tant du côté du Niger que du côté de l’Algérie. Sans payer les droits et taxes dus.

Augmentation des exonérations

Enfin, dernière raison de la baisse générale des recettes douanières : l’augmentation des exonérations.
Elle est due, selon le rapport, aux « régularisations des volumes exonérés consommés ».
S’y ajoutent les pertes financières enregistrées à cause de la fiscalité pétrolière.
« De janvier 2018 à août 2018, la fiscalité pétrolière au Mali a perdu 37,14 FCFA/ litre pour le super. Et 30,52 FCFA/ litre pour le gasoil, en variant, respectivement, de 253,58 FCFA/ litre à 216,44 FCFA/litre de prélèvement fiscal pour le super et de 164,23FCFA/litre 133,71 FCFA/ litre pour gasoil », précise le rapport sur l’analyse comparative des recettes des principales structures douanières.
Conséquences : les recettes cumulées, de janvier à juillet 2018, sont en baisse de 19,23 % par rapport à celles de 2017, pour la même période. Soit, 314,6 milliards CFA en 2018, contre 326 milliards CFA en 2017.
Et le rapport de la Douane de conclure : « A la date du 31 juillet 2018, les recettes réalisées couvrent les prévisions de la période à hauteur de 84,17 %. Sur la même période, seul le mois de mars a dépassé les prévisions mensuelles ».
En d’autres termes, durant l’année 2018, seul le mois de mars a dépassé ses prévisions de recettes. Tous les autres mois se sont, selon ce rapport, révélés déficitaires.

L’exploit

Au regard de tous ces facteurs, réaliser une recette de 50 milliards CFA, en 30 jours – voire moins, si l’on tient compte des week-ends chômés – relève d’un exploit. Surtout, quant on sait que ces 50 milliards CFA sont réalisés, essentiellement, dans quatre régions épargnées par la crise : Sikasso, Ségou, Kayes, Koulikoro et le District de Bamako.
C’est, peut-être, pour cette raison que, lors de sa dernière mission effectuée, courant juin à Bamako, la délégation du FMI aurait – selon de sources bien informées – demandé aux autorités maliennes de revoir les objectifs de recettes de la Douane à la baisse. Ils sont estimés à 641 milliards CFA en 2019.
Comme on le voit, la baisse des recettes douanières est due à la baisse des importations, à la fermeture des bureaux des Douanes dans les régions affectées par la crise et à l’augmentation des exonérations, qui privent la direction générale des Douanes de centaines de millions CFA de recettes par mois.

 

Oumar Babi 

Source: Canard Déchainé

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