Deux députées démocrates américaines refoulées d’Israël
Les élues démocrates Rashida Tlaib et Ilhan Omar sont interdites d’entrée en Israël. Leur emploi du temps stipulait leur intention de se rendre exclusivement dans les Territoires palestiniens. La décision israélienne a visiblement été influencée par un appel du président américain et elle pourrait avoir des conséquences sur les relations entre Israël et le parti démocrate américain.
C’est le ministère israélien de l’Intérieur qui a officiellement indiqué que les deux parlementaires américaines ne pourront pas entrer en Israël. Une décision qui fait suite à plusieurs jours de débats sur cette visite des deux élues de la Chambre des représentants Ilhan Omar et Rashida Tlaib, rappelle notre correspondant à Jérusalem,Michel Paul.
Farouches critiques de Donald Trump au Congrès, connues pour leur positions pro-palestiniennes, en faveur du boycott d’Israël, les deux élues devaient se rendre en Israël ce dimanche 18 août pour une tournée dans les Territoires palestiniens.
La diplomatie israélienne avait recommandé d’autoriser la visite. La volte-face fait suite un appel lancé par le président américain Donald Trump. Nous sommes ouverts aux critiques, a souligné le Premier ministre Benyamin Netanyahu, mais pas au boycott.
« Il y a une chose que la loi ne nous permet pas de faire. Nous ne sommes pas prêts à recevoir dans notre pays des gens qui appellent à boycotter Israël, qui œuvrent en fait à délégitimer l’État juif », a déclaré le chef du gouvernement israélien.
Jusqu’à présent une vingtaine de militants du mouvement de boycott BDS ont été interdits d’entrée en Israël. Mais c’est la première fois qu’il s’agit de membres du Congrès américain.
« Que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, sous la pression de Donald Trump, refuse l’entrée [en Israël et dans les Territoires palestiniens] de deux représentantes de l’Etat américain, représente un affront », a rétorqué Ilhan Omar.
De son côté, le lobby pro-israélien Aipac, d’ordinaire proche de l’administration Trump, s’est distancié de cette décision : « Tout membre du Congrès devrait être en mesure de se rendre chez notre allié démocratique Israël pour le découvrir en personne. »
Cette décision, estime la majorité des commentateurs, aura des répercussions sur les relations entre Israël et les démocrates américains. Mais elle ne peut que jouer en faveur de Netanyahu dans le cadre de la campagne électorale pour les législatives du mois prochain.
« Comportement indigne d’un président »
Interrogé cette nuit sur son intervention contre Ilhan Omar et Rachida Tlaib, Donald Trump assume. « Si c’était une autre époque, ou d’autres personnes, elles auraient été condamnées pour leurs propos, a soutenu le président américain. Elles ont dit les pires choses que j’ai jamais entendues sur Israël. Comment Israël pourrait les accueillir ? »
Un peu plus tôt, le président américain appelait Benjamin Netanyahu à agir ajoutant que ce serait « un signe de faiblesse d’accepter la venue des deux élues démocrates ».
Côté démocrate, Nancy Pelosi a dit regretter la position d’Israël. La présidente de la Chambre des Représentants a aussi critiqué le rôle joué par Donald Trump, parlant d’un « comportement indigne de la part d’un président ».
Des critiques se sont fait également entendre chez certains élus républicains et même au sein des organisations et lobbys pro-israéliens, qui y voient une erreur, rapporte notre correspondante à New York, Loubna Anaki.
Pour certains commentateurs, Donald Trump vient là de franchir une nouvelle ligne rouge. Aucun président américain n’avait encore poussé un pays allié à agir contre les membres de son propre Congrès.