Crise scolaire: le cri de cœur du Collectif des Associations musulmanes
Les responsables du Collectif des Associations musulmanes du Mali ont animé, ce mercredi 12 février 2020, un point de presse pour exprimer leurs vives préoccupations face la crise qui menace sérieusement l’année scolaire. Au cours de cette sortie médiatique, le porte-parole du Collectif, Mohamed KIMBIRI, a lancé un vibrant appel aux différents acteurs de l’école. De même, il exhorte tous les citoyens maliens de l’intérieur comme de l’extérieur, toutes les bonnes volontés à conjuguer les efforts et à utiliser tous les moyens en faveur d’une reprise des cours dans un bref délai.
e pressant appel a été lancé à la Maison de la presse, en présence du Coordinateur des chefs de quartiers du District, le doyen Bamoussa TOURE, des représentantes de l’UNAFEM, d’un Collectif des femmes veuves des garnisons militaires.
Pour Mohamed KIMBIRI, depuis un moment, l’école malienne connaît, de façon récurrente, des années scolaires et universitaires ponctuées de perturbations et de troubles. Pour le conférencier, cette situation préoccupante porte aujourd’hui tous les germes de la dégradation de la qualité de la ressource humaine la plus précieuse de toutes les ressources : notre jeunesse, l’avenir du pays.
C’est pourquoi, le Collectif des Associations musulmanes, par la voix de son porte-parole, a jugé nécessaire d’interpeller l’ensemble des acteurs et partenaires du système éducatif sur la situation de l’école.
De l’avis de M. KIMBIRI, la nation malienne tout entière mesure l’incomparable responsabilité qui s’attache à la plus noble mission d’enseignant et cela, à travers l’éducation, la formation, et la construction de l’être humain. Pour lui, la fonction d’enseignant est avant tout un sacerdoce, un métier si exigeant qu’aucune rémunération ne saurait en récompenser la juste valeur.
Selon lui, cette revendication relative à l’application de l’article 39 de la loi N°2018-007 du 16 janvier 2018 exprime une forte aspiration à de meilleures conditions de vie et de travail pour le personnel enseignant.
C’est pourquoi, le Collectif a décidé d’apporter son soutien indéfectible aux revendications des enseignants dans cette bataille. Ainsi, après l’échec des différentes négociations, a-t-il fait savoir, le Collectif a décidé de s’assumer en tant que société civile responsable, en interpellant le Gouvernement au respect strict des textes régissant l’école et à la concrétisation des engagements auxquels il a souscrit. «Il ne sied pas que le gouvernement prenne des engagements qu’il ne peut pas honorer», s’est-il insurgé.
Pour lui, la question n’est pas d’inviter les enseignants à renoncer à leurs revendications légitimes, mais d’écouter le cri de cœur des veuves des différents camps et garnisons du pays dont le seul espoir, après la perte de leurs époux sur le champ de l’honneur, repose aujourd’hui sur ces élèves orphelins.
«Chers enseignants, nous vous prions à cause de Dieu Tout Puissant, du cri de cœur de ces veuves et de ces orphelins, de suspendre cette grève pour mieux discuter dans un cadre plus global et cohérent, permettant d’assurer aux enseignants des différents ordres de véritable perspective de carrière», a-t-il supplié.
Pour le conférencier, il est temps, grand temps de nous retrouver autour de l’Ecole. Car, dit-il, nous sommes individuellement et collectivement responsables de la situation actuelle. Loin de pousser les syndicats à la compromission, il nous faut, selon Mohamed KIMBIRI, accepter des compromis utiles et nécessaires pour tracer des perspectives porteuses pour les filles et les fils de notre cher pays. «L’Ecole reste notre bien le plus précieux, aussi voudrions-nous en appeler à un sursaut collectif pour un nouveau départ de notre système éducatif», a-t-il préconisé.
«Qui aime bien châtie bien», dit-on souvent. Malgré son soutien indéfectible à leurs revendications, le Collectif n’a pas manqué de dénoncer certains comportements jugés anti pédagogiques et qui ternissent l’image de l’éducateur. Comme le refus d’évaluer, et la rétention de notes, entre autres préconisés par les syndicats d’enseignants pour monter la pression sur le Gouvernement.
De son côté, l’Imam Habib BERTHE a soutenu que la responsabilité première de l’éducation de nos enfants incombe au Gouvernement qui a pris des engagements dans ce sens. «Ils (gouvernants) vont répondre devant Dieu de cette responsabilité», a-t-il prêché.
Pour sa part, la porte-parole des veuves a supplié le personnel enseignant d’accepter de reprendre les cours. «Nous n’avons d’autre espoir pour l’avenir de nos enfants en dehors de l’école», a murmuré Mme Kadidia KANE, la gorge nouée.
Par Abdoulaye OUATTARA
Info-Matin