Coup d’Etat contre IBK: par qui ? pourquoi ? comment ?
Après 7 ans de règne, le régime du Président Ibrahim Boubacar KEITA a été renversé, le mardi 18 août, à la suite d’une mutinerie qui a commencé à la garnison militaire de Kati. Sous la pression des militaires, IBK décide de démissionner de toutes ses fonctions tout en dissolvant le gouvernement et l’Assemblée nationale. Alors, les auteurs du coup de force décident de créer le Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) et lancent un appel à toutes les forces vives de la nation pour la mise en place d’une transition qui aura la responsabilité de tenir les élections. Avant très tôt dans la journée, c’était la panique à Bamako et Kati où l’administration publique, les boutiques, les banques ont été sommées de fermer. Le film de la journée.
Vers 8 h : mutinerie au camp Soundiata de Kati. Des armureries sont ouvertes et chaque militaire s’est muni d’une arme. Tout serait parti de l’émission d’une note sur le statut des hommes de rang et des sous-officiers pour devenir officiers, la note impose la détention des diplôme BA1 et BA 2. Les hommes de rang et les sous-officiers sont mécontents de la situation. Ce qui dénote de cette quasi-mutinerie et le limogeage du Colonel-major Ibrahim Nomoko. Les forces armées loyalistes mettent en débandade les mutins.
8h 30 : des informations contradictoires font état de l’arrestation de plusieurs personnalités politiques et militaires par des hommes armés parmi lesquelles, le ministre des Finances Abdoulaye DAFFE et le Président de l’Assemblée nationale. Selon plusieurs militaires, ce ne sont pas des arrestations, mais des opérations qui s’inscrivent dans le cadre de leur protection en vue de les mettre à l’abri. Ces mêmes sources militaires mettent terme à toute velléité de coup d’État.
9h00 : la Cité administrative est interdite d’accès. Les forces armées prennent position devant le bâtiment.
10 h : les services publics, les institutions de la République, les banques et institutions financières, plusieurs stations-service ferment à Bamako.
10h : des responsables de la mutinerie entrent en négociation avec la hiérarchie de la Garde républicaine qui refusait de suivre les mutins. Après plusieurs heures de discussions, cette unité accepte de les rejoindre.
Vers 12h00 : des messages vocaux ont fait le tour des réseaux sociaux affirmant que les responsables de la mutinerie de Kati sont arrêtés. Ces mêmes informations soutiennent que la situation serait sous contrôle et que le gouvernement allait faire une déclaration.
12h 30 : alors que la panique s’empare la ville de Bamako, un mouvement spontané à l’appel des jeunes du Mouvement du 5 juin rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) a lieu au monument de l’indépendance de Bamako pour réaffirmer le départ du Président Ibrahim Boubacar KEITA, mais aussi affirmer le soutien aux mutins.
Dans l’après-midi
Vers 13 h : Arrestation des généraux Ibrahima Dahirou DEMBELE, ministre de la Défense et M’Bemba Moussa KEITA, ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection civile et plusieurs autres hauts gradés de l’armée par les militaires.
13h00 : la situation évolue à Bamako. Les mutins qui avaient été mis en déroute dans la matinée par les FORSAT ont reçu des renforts en milieu de journée. En clair, toutes les autres unités de l’Armée, de la Gendarmerie, de la Garde républicaine, de la Police, de la Protection civile, des Surveillants de prison ont rallié les mutins. C’est ensemble qu’ils ont décidé de déposer le Président IBK et de mettre fin à son régime.
13h : les jeunes ont été rejoints par des leaders du M5 dont Oumar MARIKO qui a lancé des messages d’encouragement aux militaires. Selon lui, ils vont les soutenir jusqu’au bout. Il a aussi demandé aux jeunes du M5 RFP de rester sereins, mobilisés jusqu’au départ du président Ibrahim Boubacar KEITA.
13h 30 : une colonne de jeunes en colère, frustrés s’est dirigée vers l’immeuble du ministre de la Justice, garde de sceaux Kassoum TAPO situé à moins d’un kilomètre du Monument de l’indépendance. Après avoir réussi à y rentrer, ils ont pillé, saccagé les bureaux et emporté des biens de grande valeur. Ils ont tout mis à sac.
14h : la présidente des femmes du Mouvement du 5 juin Rassemblement des forces patriotiques rassemblement pour le Mali (M5-RFP) au monument de l’indépendance s’est indignée de la scène de pillage dans l’immeuble de Kassoum TAPO. « Nous sommes venus dire que le combat ne sera pas abandonné. Il a été élu démocratiquement. Donc, nous voulons qu’il nous rende démocratiquement sa démission comme il est prévu par les textes. Nous ne sommes pas partisans du régime IBK, mais nous ne sommes pour aucun pillage», a déclaré Mme DIAWARA Zeneybou SIDIBE.
14h00 : une foule de plus en plus dense se dirige vers la résidence du chef de l’État Ibrahim Boubacar KEITA à Sébénikoro, en commune IV du district de Bamako. Les militaires protègent le bâtiment. Des manifestants tenaient des propos hostiles à IBK lui demandant de démissionner.
14h 00 : le Premier ministre se rend à Sébéninkoro pour échanger avec le Président avant de faire un communiqué pour appeler les mutins au calme et au dialogue. Le Gouvernement, à travers le cabinet du Premier ministre, publie un communiqué dans lequel il s’inquiète de la situation des deux camps militaires de la ville de Bamako, prône le dialogue et demande aux militaires de « faire taire les armes». Pendant ce temps, plusieurs leaders de l’opposition se réunissent dans leur QG, dans des lieux secrets ou par téléconférence pour dégager une stratégie.
15h30 : une parade militaire dans certaines rues de Bamako et de Kati est organisée annonçant la fin du régime. Au Monument de l’indépendance, des populations en liesse saluent les militaires pour leur courage et bravoure pour le pays.
16 h : un convoi militaire se rend au domicile privé du Président IBK à Sébénicoro où il était avec son Premier ministre, Boubou Cissé. Après quelques minutes les militaires escortent manu militari IBK et Boubou CISSE sous les acclamations de Bamakois sortis nombreux pour fraterniser avec les nouveaux héros. Le convoi, composé de plusieurs 4×4 et escorté par les forces de sécurité, traverse la ville de Bamako.
16h : la maison de Karim KEITA sise à quelques mètres du domicile d’IBK est saccagée, pillée par des manifestants.
16h00-18 h : les manifestants, bras en l’air et scandant des propos hostiles au Président occupent le Monument de l’Indépendance. D’autres se sont postés devant la résidence du Président et devant le Camp Soundiata KEITA à Kati.
18h : IBK et Boubou CISSE entre les mains des mutins arrivent dans la garnison de Kati où ils s’entretiennent pendant de très longues minutes avec les auteurs du coup de force autour du départ négocié du chef de l’État après 7 ans de règne et gouvernance très décriée.
20h : l’ORTM annonce la lecture imminente d’une déclaration des mutins très attendue par le peuple. Cette intervention n’interviendra que très tard dans la nuit.
Vers minuit : le Président Ibrahim Boubacar KEITA depuis Kati fait une déclaration qui sera diffusée à la télévision nationale. Dans son bref discours de 5 minutes, IBK décide de démissionner de toutes ses fonctions. « Le long de ces longues années, la chaleur de son affection, vous dire ma décision de quitter mes fonctions, toutes mes fonctions à partir de ce moment, et avec toutes les conséquences de droit, la dissolution de l’Assemblée nationale et celle du gouvernement », a déclaré IBK.
3h : Le porte-parole des mutins Colonel Major Ismaël WAGUE entouré de certains de ses complices du coup de force s’adresse à la nation. Dans un discours de 7 minutes, il déclare la création du Comité national pour le salut du peuple (CNSP). Les premières décisions du CNSP ont été de fermer toutes les frontières terrestres et aériennes jusqu’à nouvel ordre. De même, ils instaurent de 21h à 5 heures un couvre-feu. Dans leur déclaration, ils lancent un appel à toutes les forces vives de la nation pour la mise en place d’une transition politique civile.
Le CNSP chez l’Imam Dicko
Les officiers responsables du renversement du régime d’IBK se rendent chez l’Imam Mahmoud DICKO, autorité morale du M5-RFP, dans le cadre d’une prise de contact et un échange de points de vue sur l’évolution de la situation sociopolitique du pays. Si rien n’a filtré de la rencontre, l’objet de ladite rencontre devrait légitimement porter sur les raisons de l’acte posé par les militaires, solliciter l’accompagnement du Guide éclairé, esquisser les perspectives de sortie de crise.
Le CNSP rencontre
les forces vives
Selon différentes sources, les responsables du Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) multiplient les démarches depuis leur installation dans le sens de la réalisation de leur appel lancé dans leur première déclaration dans la nuit de mardi à mercredi : ‘’la société civile et les mouvements sociaux politiques sont invités à nous rejoindre pour, ensemble, créer les meilleures conditions d’une transition politique civile conduisant à des élections nationales crédibles pour l’exercice démocratique à travers une feuille de route qui jettera les bases d’un Mali nouveau’’. C’est dans cette dynamique que le CNSP a rencontré hier mercredi les forces vives de la Nation.
Rassemblés par Sikou BAH
Info-Matin