Coopération militaire : Le Gouvernement du Mali désormais exigeant avec les forces partenaires
Les Hautes autorités de la Transition semblent désormais décider à faire asseoir le respect et la considération que le Mali mérite de la part de ses partenaires sur tous les plans de coopération, précisément celui concernant la défense et la sécurité de son territoire. Dans leurs sorties récentes, le Président de la Transition, colonel Assimi Goïta, et le Chef du Gouvernement, Dr. Choguel Kokalla Maïga, parlent le même langage concernant la collaboration entre nos forces de défense et les forces partenaires. Le duo Assimi-Choguel entend travailler pour faire respecter notre pays par tous ses partenaires intervenant dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
La dernière action qui s’est déroulée dans le sens du respect de notre pays est sans doute le communiqué du Gouvernement en date du lundi 24 janvier 2022. Dans ledit communiqué, le Gouvernement de la République du Mali a dit constater avec étonnement, le déploiement sur son territoire d’un contingent de forces spéciales danoises au sein de la Force Takuba sans son consentement et sans considération du Protocole additionnel applicable aux partenaires d’opération européens devant intervenir au Mali, dans le cadre de la Force « Takuba ».
Le Gouvernement, tout en exprimant sa gratitude et ses remerciements à tous ses partenaires intervenant dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, les a rappelés la nécessité de l’obtention préalable de l’accord des autorités maliennes avant tout déploiement au Mali.
Au-delà de ce communiqué du Gouvernement, il est utile de rappeler que lors de son adresse à la nation à l’occasion de la fête de l’armée, le 20 janvier 2022, le Président de la Transition, Colonel Assimi Goïta avait saisi l’occasion pour saluer à juste titre, le dynamisme de la politique de coopération militaire entre le Mali et d’autres pays. Le Chef Suprême des Armées a noté que cette coopération a contribué à l’amélioration des capacités opérationnelles des forces armées maliennes. Parlant des fruits de cette coopération, le Président de la Transition a cité notamment l’obtention de plusieurs bourses de formation au profit de nos forces, des appuis importants en termes d’acquisition d’équipements, de construction et de rénovation d’infrastructures militaires. Dans son adresse à la nation, le Chef suprême des Armées avait laissé entendre que « par une analyse objective du contexte actuel et en tenant compte des intérêts vitaux de notre pays, nous avons demandé la relecture de certains accords de coopération militaire. Dans le même temps, de nouveaux accords ont été signés, toujours avec comme objectif essentiel, la sécurisation des Maliens et de leurs biens. »
De son coté, le Premier ministre sur le plateau télévisé de la chaîne nationale avait déclaré que « le premier élément de légitimation d’un pouvoir politique, pour ceux qui connaissent l’histoire de la constitution des Etats, c’est la capacité de l’Etat à assurer la sécurité des citoyens. Un Etat qui ne peut pas assurer la sécurité des personnes et de leurs biens ne peut pas être légitime. »
Parlant de l’accord de défense qui lie le Mali à la France, Dr. Choguel Kokalla Maïga a affirmé que « ces accords militaires, nous voulons les relire et cela fait partie des raisons pour lesquelles la France dresse le monde entier contre nous. » D’ailleurs, le chef du Gouvernement croit fermement que ces accords ne pourraient en aucun cas empêcher notre pays de chercher d’autres partenaires. « Il faut seulement que les dirigeants français se disent que les époques ont changé, que les interlocuteurs à la tête du Mali ont changé, que le Mali n’est pas comme certains pays. Il ne faut pas qu’ils se trompent d’époque, d’interlocuteurs et de pays. Pour le reste, la France et le Mali, ce sont de vieux amis : il peut y avoir des scènes de ménage, mais pas de divorce », a déclaré le Premier ministre.
Par ailleurs, le chef de l’Exécutif a bien clarifié en ces termes : « Nous sommes dans des relations de coopération avec l’Etat russe, comme avec d’autres Etats. Je remercie de façon particulière la Russie et la Chine, deux amis qui ont toujours été aux cotés du Mali depuis son indépendance. Tous les moyens que l’Etat malien a obtenus au moment de l’indépendance pour assurer sa souveraineté, son indépendance économique, militaire, diplomatique, il les avait acquis, entre autres, dans le cadre de la coopération chinoise et russe ».
Affichant toute sa fierté quant à la montée en puissance de notre outil de défense, le Premier ministre a détaillé que « notre armée est en train de recruter, de se former, de se réorganiser, de faire la guerre. » « Il faut qu’on lui donne les moyens de libérer notre pays » a-t-il dit.
En bon Malien, Dr. Choguel Kokalla Maïga a eu une pensée pieuse à l’endroit des forces partenaires qui œuvrent pour la stabilité du Mali. « Nous ne sommes pas un peuple d’ingrats ; les Français qui sont morts chez nous, nous n’allons jamais les oublier, pas plus que les Africains (ces Sénégalais, Togolais, Guinéens, Ivoiriens, Burkinabés, Nigériens) qui sont morts, de même que ces militaires qui ne viennent même pas du continent africain. Notre peuple ne peut pas les oublier. Ce que nous demandons simplement, c’est qu’on nous respecte, qu’on ne porte pas atteinte à notre dignité, qu’on ne nous insulte pas, qu’on ne nous empêche pas d’assumer la souveraineté de notre Etat », a indiqué le Chef de l’administration malienne.
Source : Le Républicain