Comité de suivi de l’Accord : Coup d’accélérateur au désarmement
Les parties signataires du document se sont retrouvées hier, par visioconférence, et l’une des particularités de la session a été la participation des femmes. Une présence saluée par le Premier ministre, Dr Boubou Cissé qui a pris part à l’ouverture de la rencontre
Le chef du gouvernement a participé à l’ouverture, hier au siège de la Minusma, par visioconférence, de la 40è session du Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation, issu du processus d’Alger (CSA).
Présidée par le premier responsable du CSA, l’ambassadeur d’Algérie au Mali, Boualèm Chébihi, la rencontre a enregistré la présence des membres du gouvernement, notamment le ministre de la Cohésion sociale, de la Paix et de la Réconciliation nationale, Lassine Bouaré, des membres de la Médiation internationale, ainsi que des représentants des mouvements signataires de l’Accord.
Le fait majeur de cette session a été la participation des femmes issues des différentes parties signataires de l’Accord. Ainsi, l’honneur est revenu à la ministre déléguée auprès du Premier ministre, ministre de l’Économie et des Finances, chargée du Budget, Mme Barry Aoua Sylla de représenter le gouvernement.
La participation des femmes à la rencontre a été saluée par le ministre de la Cohésion sociale, de la Paix et de la Réconciliation nationale qui dira que c’est une valeur ajoutée et également la solution à une problématique soulevée depuis un certain temps. D’après Lassine Bouaré, un espace dans lequel les femmes n’ont pas leurs représentantes, peut être considéré comme incomplet.
Le ministre Bouaré a, en outre, évoqué l’opérationnalisation de la dimension économique de l’Accord, annonçant que le Fonds de développement durable qui est un instrument financier prévu par l’Accord, est aujourd’hui doté à hauteur de 40 milliards de Fcfa. Il a ajouté que certains bailleurs de fonds ont déjà fait des annonces de contribution, notamment la France avec 2 millions d’euros (environ 1,3 milliard de Fcfa). Selon le ministre de la Cohésion sociale, de la Paix et de la Réconciliation nationale, ce fonds a déjà reçu des propositions de projets émanant des collectivités territoriales et également des services techniques. Ces projets sont en train d’être instruits pour être réalisés et rattachés à la mise en œuvre de l’Accord, a-t-il-indiqué. Concernant le DDR (Désarmement, Démobilisation et Réinsertion), le ministre Bouaré dira qu’il a été décidé de reprendre le désarmement des éléments armés des différents mouvements et accélérer ce processus tel que cela est prévu dans l’Accord.
PROJET D’UN MALI FUTUR- Auparavant, le Premier ministre avait indiqué qu’au-delà de la dimension sécuritaire, somme toute importante, l’Accord est un véritable programme de réformes de divers ordres et un vaste chantier de développement. Concrètement, expliquera le chef du gouvernement, l’Accord constitue le projet d’un Mali futur et réconcilié avec lui-même, en paix et stable. Pour le Dr Boubou Cissé, la mise en œuvre de l’Accord n’a pas été un chemin tranquille et ne le sera pas, compte tenu, d’une part de la complexité et de la profondeur des changements qu’elle induit et d’autre part, de l’environnement qui n’a pas été du tout favorable. Le Premier ministre faisait, ainsi allusion à la recrudescence du terrorisme, à la crise financière et actuellement celle sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19.
Tout en admettant qu’il y a eu des retards dans la mise en œuvre de l’Accord, le chef du gouvernement dira que la rationalisation du dispositif institutionnel de mise en œuvre est une nécessité. «Nous devons y réfléchir et y apporter des solutions», a-t-il-insisté, avant d’ajouter que les futurs plans d’actions ou feuilles de route de l’Accord seront budgétisés pour plus de célérité dans leur mise en œuvre.
«Nous chercherons à améliorer le pilotage politique pour plus de célérité dans les arbitrages qui paraîtront nécessaires et mobilisé davantage autour de l’Accord pour une grande préoccupation sociale». Mais tout cela nécessite l’appui et l’accompagnement des membres de la Médiation internationale, particulièrement ceux du Conseil de sécurité. À ce propos, Dr Boubou Cissé a souhaité le renouvellement du mandat de la Minusma, eu égard à l’importance que la mission onusienne représente pour la stabilité de notre pays. Et de solliciter davantage d’appuis financiers pour la réalisation des projets structurants, sans lesquels les dividendes de l’Accord ne seront pas au rendez-vous.
Le chef du gouvernement s’est félicité du projet concernant la route Bourem-Kidal, dont le financement est aujourd’hui totalement acquis. Mais, a-t-il poursuivi, «il faut plus pour donner un sens à la stratégie spécifique de développement des régions du Nord. Celle-ci a besoin de soutien financier massif et urgent, surtout après la création de la zone de développement et la mise en place du fonds de développement durable».
Par ailleurs, Dr Boubou Cissé a invité les parties signataires du document à se ressaisir et à taire leurs différences. «La paix a beaucoup d’ennemis, l’Accord a des détracteurs. Unissons nos efforts pour que les résultats soient les meilleurs ambassadeurs de l’Accord», a exhorté Boubou Cissé en assurant que le gouvernement est disposé à faire tout ce qui est de son pouvoir pour la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation.
Bembablin DOUMBIA
Source: Essor