Choguel Kokalla Maiga sur les violences policières: ‘‘on a atteint le point de non-retour’’
En réaction aux violences policières contre les manifestants au Monument de l’indépendance, le Dr Choguel Kokala MAÏGA, président du CS/M5-RFP, a accordé une interview à la Plateforme « Djoliba FM » sur Facebook ce mercredi 12 août 2020. Dans cet entretien, il a dénoncé cette intervention qui prouve que le régime n’est pas dans une logique de dialogue. Toutefois, a-t-il indiqué, le combat que le M5 mène a atteint un point de non-retour et que tout ce qui se fait actuellement en ce qui concerne la CEDEAO, la Cour constitutionnelle ; l’Assemblée nationale, le Gouvernement, n’engage pas le M5-RFP.
Voici ce qu’il a dit :
« Je salue et félicité l’ensemble des militants et sympathisants du M5-RFP, notamment sa jeunesse. Les Maliens sont sortis de Kayes à Kidal ainsi qu’à la diaspora pour manifester leur colère. Pour montrer au monde entier qu’ils rejettent ce régime. Je les félicite pour cette mobilisation du 11 août 2020. Il n’y a jamais eu un rassemblement pareil dans l’histoire du Mali. On l’a dit, et on l’a fait. Les jeunes ont fait preuve d’engagement.
Nous sommes restés sur place, l’autorité morale a fait passer son message, l’imam Mahmoud DICKO. Après ça, nous lui avons donné la permission de rentrer à la maison, compte tenu de son âge. Mais tous les responsables du M5-RFP sont restés sur place jusqu’à minuit. Vers 1 heure du matin, les jeunes nous ont demandé de rentrer à la maison, à l’exception des jeunes leaders membres du comité stratégique, notamment Kader MAIGA, Hamadoun DOUNGA, et les autres collègues.
J’ai lancé un appel à l’ensemble des Bamakois, et j’ai demandé aux jeunes de le faire sur les réseaux sociaux, pour qu’ils se joignent à nous cette nuit. J’ai demandé aux autres, tous ceux qui devraient aller travailler dans l’administration publique de nous rejoindre après la prière de l’aube ce mercredi 12 août 2020 pour montrer au monde entier que les Maliens rejettent ce régime.
Je sais que les jeunes ont passé la nuit jusqu’au petit matin où les gens ont commencé à les apporter le petit déjeuner. On avait même loué des tribunes (bâche) pour y passer la journée.
Mais, comme vous le savez, le régime a complètement paniqué ces derniers temps, étant convaincu qu’il ne va pas rester à la tête de ce pays. C’est ainsi qu’ils ont envoyé les forces de l’ordre vers 8 heures munies de gaz lacrymogène et de camion à eau pour disperser nos jeunes. Ils ont frappé certains. Je félicite les jeunes qui ont très bien réagi, car ils sont quittés les lieux sans violences, sans mettre le feu ou poser des barricades sur la route. On peut faire partir ce régime sans violence. Je salue et félicite les jeunes pour ce comportement responsable. Le comité stratégique fera une réunion d’évaluation ce mercredi 12 août 2020 pour remercier les populations, surtout les jeunes pour la réussite de cette mobilisation. Nous les rassurons que cette lutte va continuer. Mais avant, nous allons nous réunir pour nous pencher sur les nouvelles stratégies à engager. Les jeunes seront aussi à cette rencontre pour nous donner leur point de vue. On ne va plus reculer. Si les responsables du M5-RFP reculent, les Maliens vont les accuser de trahison. Car ce combat, c’est pour sauver le Mali, faire en sorte que la gouvernance devienne vertueuse. C’est pour que le Mali puisse recouvrer sa souveraineté, sa dignité, son honneur.
Tout ce qui se passe maintenant : CEDEAO, Cour constitutionnelle ; Assemblée nationale, gouvernement ne nous concerne pas. Ce qui concerne les Maliens, aujourd’hui, c’est le départ de ce régime. C’est les jeunes qui font 80 % de ce combat. On ne fait que donner les stratégies. Mais hier, nous avons eu la preuve que la jeunesse malienne est prête à franchir une nouvelle étape. On avait dit que les gens n’ont pas le courage de passer la nuit dehors, mais on l’a fait. Cela nous a montré qu’on a atteint le point de non-retour. Donc, je salue les jeunes et l’ensemble des Maliens pour cette mobilisation. Un nouvel appel sera lancé dans les prochains jours. La prochaine fois, nous allons paralyser le pays.
Par Abdoulaye OUATTARA
Info-Matin