Bilal Ag Achérif aux chefs d’Etat de la CEDEAO : «Il y a plus urgent que Kidal !»
Est-ce une fixation ou une véritable volonté de s’impliquer dans la résolution de la crise que notre pays traverse depuis bientôt une dizaine année ? Le président de la République du Niger ne manque aucune occasion pour se prononcer sur «le statut de Kidal» et «le danger que cette ville représente pour le Niger».
S’il est parvenu à«embarquer» son homologue du Mali et certains de la sous-région, dans cette campagne, dont il est le seul à connaître les raisons ; dans la capitale de l’Adrar des Ifoghas, chez les leaders et autres responsables de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), c’est un autre son de cloche. Ils pensent qu’il ya plus important.
«Il y a assez et suffisamment de choses tellement plus urgentes et plus importantes que Kidal». C’est ainsi qu’a entamé, Bilal Ag Achérif (CMA), la conversation que nous avons eue avec lui concernant la réunion extraordinaire des chefs d’Etat de la CEDEAO, tenue à Ouagadougou, le week-end dernier, sur la lutte contre le terrorisme.
Il faut rappeler que cette réunion, même si, officiellement, n’avait pas été conviée pour exclusivement parler de Kidal, le cas de la capitale de l’Adrar des Ifoghas y a été longuement abordé, surtout, sur insistance du président en exercice de la CEDEAO, le Nigérien Mahamadou Issoufou, dont on sait tout «l’amour» pour Kidal.
Sur la rencontre, elle-même, Bilal Ag Achérif et tous les autres responsables de la CMA et, même de la Plateforme avec lesquels nous avons échangé, affirment «ne pas avoir été informés de cette réunion de la CEDEAO sur le terrorisme». Nombreux sont, parmi eux, ceux qui pensent que c’était «un non-évènement» et qu’il y avait «autre chose à faire».
Bilal Ag Achérif, pour sa part, va plus loin. Il fait même des propositions concrètes qui, pour lui, permettront d’améliorer, considérablement, l’état dans lequel se trouve le Mali, en général, et sa partie septentrionale, en particulier. Il s’agit, dit-il, de la mise en œuvre rapide et diligente de l’Accord pour la paix et la réconciliation, la mise en place de l’armée reconstituée qui pourra efficacement «lutter contre le terrorisme à travers des actions et non des discours».
À titre de rappel, Bilal avait déjà réagi à des propos de Mahamadou Issoufou en ces termes : «Chacun doit faire la différence entre les cas politiques et les défis en matière de sécurité et de lutte contre le terrorisme auxquels nous sommes tous confrontés, au lieu de porter des accusations contre tout le monde, quiconque, et n’importe quel espace géographique ; ou des populations ou communautés. Sans cela, il n’y aura aucun résultat, quels que soient les efforts fournis par les uns et les autres. Nous sommes pour une coopération basée sur le respect de l’intérêt de tous».
Makan Koné
Nouvelle Libération