Au Mali, le dialogue des armes…
Dialoguer avec les jihadistes. L’Etat malien est disposé à le faire. Dioncounda Traoré, haut représentant du président malien pour le Centre, a révélé ce jeudi avoir mandaté des émissaires pour prendre langue avec Iyad Ag Ghali et Amadou Kouffa.
Le premier est chef du Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (GSIM), une sorte de branche saharo-sahélienne d’Al Qaida tandis que le deuxième est le dirigeant du Front de Libération du Macina, organisation jihadiste opérant dans le Centre du Mali et membre du GSIM.
L’ancien président par intérim du 12 avril 2012 au 4 septembre 2013 s’est dit prêt à envoyer à nouveau des messagers pour établir le contact avec ces deux figures du jihad au Mali.
Au moment où cette offre est faite à l’un des groupes jihadistes qui sévissent au Mali, les armes continuent de crépiter dans le centre du pays. Entre le 22 et le 26 janvier, une trentaine de soldats maliens ont été tués dans deux attaques sanglantes dont l’une est revendiquée par le GSIM.
Même s’il n’est pas encore revendiqué, l’assaut du camp de Sokolo, dans la région de Ségou qui a coûté la vie à au moins 19 gendarmes maliens, peut porter l’empreinte du GSIM. Qui clairement, par ces actions, semble vouloir donner la preuve qu’il est déterminé à continuer la lutte armée. La question est maintenant de savoir s’il le fait par conviction ou pour exister.
Ces derniers mois, l’ex EIGS ravit la vedette au GSIM. Ce groupe sorti des flancs d’Almourabitoune et intégré depuis mars 2019 dans la province de l’Etat islamique en Afrique de l’Ouest (PEIAO) donne du fil à retordre aux armées du Niger, du Mali et du Burkina Faso, dans le fuseau centre appelé aussi Liptako-Gourma. La dernière attaque revendiquée par la PEIAO dans la zone des trois frontières a visé le camp de Chinegodrar et a fait 89 morts dans les rangs de l’armée nigérienne, selon un bilan fourni par le gouvernement.
Au delà des forces armées locales, cette montée en puissance de l’ex-EIGS aurait eu des répercussions au sein du Front de Libération du Macina. Des frondeurs qui ne seraient pas justement d’accord avec les méthodes d’Amadou Kouffa ont décidé de rejoindre l’ex EIGS. Une mauvaise publicité pour le GSIM et le Front de Libération du Macina dans la galaxie jihadiste.
Pour un spécialiste des mouvements jihadistes de la région, les multiples attaques menées ces derniers temps par le GSIM sont le prolongement de la rivalité avec la PEIAO. Pour autant, l’espoir de voir les fils du dialogue noués entre Bamako et les chefs jihadistes maliens est-il enterré à jamais? Difficile de répondre à cette question. Mais une chose semble sûre : ce n’est pas demain la veille du silence des armes dans le centre du Mali.
SETAL