A mi-parcours du retrait de la Minusma : L’Accord d’Alger déjà enterré

Le gouvernement de transition et les signataires autonomistes de l’Accord pour la paix sont entrés dans une phase irréversible d’hostilités depuis une semaine. Les vieux démons de la chaude belligérance, après une longue période de guerre froide, se sont réveillés dans la localité de Ber avec en toile de fond le contrôle de la position naguère occupée par la Minusma en plein processus de retrait. Le transfert du camp à l’armée malienne a donné lieu, en effet, à des affrontements d’une rare intensité dont le bilan demeure aussi flou que la qualité des belligérants auxquels les FAMa se sont heurtées en voulant prendre possession de ladite caserne.  Il s’agit, selon toute vraisemblance, d’un tandem JNIM – CMA, quoique ce soit l’organisation islamiste qui ait revendiqué de lourdes pertes infligées à l’armée régulière et ses alliés russes. Quant à la Coalition des Mouvements de l’Azawad, elle semble se résigner pour l’heure à la perte du camp âprement disputé aux FAMa et qu’elle continue de revendiquer auprès de substances de l’ONU en vertu du cessez-le-feu de 2014 consécutif au fameux épisode de la visite du PM Moussa Mara à Kidal. En tout cas, en attendant une reprise éventuelle des hostilités, un calme précaire semble régner dans la zone après trois jours de crépitement des armes et de terreur sur la ville de Tombouctou sur fond de menaces d’embargo sur la ville.

Après avoir longtemps hanté les esprits depuis la rupture du dialogue au sein du Comité de Suivi de l’Accord, le spectre du bellicisme devient davantage avec le rappel des troupes récemment opéré par la CMA avant de sonner la mobilisation générale. Le mouvement tire argument pour ce faire d’une attaque de l’un de ses postes par l’armée et ses supplétifs auxquels elle impute en même temps le déclenchement des hostilités par des tirs sur ses positions à Ber. La reprise de cette localité stratégique par l’armée malienne signe manifestement l’acte de mort définitive d’un Accord qui assurait la paix entre les différentes forces armées sans la stabilité pour les populations. En cause, un défaut d’application sur fond de méfiance d’une part et de dénonciation tacite de l’autre. Ainsi, les mouvements n’ont ainsi jamais consenti à désarmer en échange d’une intégration des rangs, tandis que les nouveaux pouvoirs maliens ont pris à leur compte les regrets des autorités signataires par des velléités de sa remise en cause. Face à cette équation, les garants du processus d’Alger se sont longtemps illustrés par un aveu d’impuissance que traduit le dysfonctionnement criant des instruments de son application. Après la lassitude de l’Algérie et son échec à renouer le fil du dialogue, c’était au tour de la Minusma, qui préside le Comité de Suivi de l’Accord, de désarmer en mettant fin à la mission onusienne sans la moindre alternative à un processus pourtant désigné dans tous les rapports de l’ONU comme l’unique solution à la crise malienne. C’est dans ce contexte d’incertitudes mêlées à l’indifférence internationale que les hostilités reprennent de plus belle entre les tenants de l’Azawad et une armée malienne qui s’estime désormais assez puissante pour ne plus négocier la souveraineté de l’Etat sur l’ensemble du territoire. Sauf que le front ainsi ouvert de la rébellion vient se greffer celui du terrorisme avec une lame de fond qui se dessine à l’horizon de la dégénérescence laissée par l’ONU.

A KEÏTA

 

Le Témoin

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