La nébuleuse des avions militaires cloués au sol : Entre montée en puissance de l’armée et chute drastique de ses moyens

La grande propagande tant ressassée sur les performances de l’armée malienne – vraisemblablement pour bien vendre la Loi d’orientation et de programmation militaire à l’opinion – est en passe d’atteindre ses limites. Après avoir longtemps résisté aux révoltantes proportions de pertes sur le front anti-djihadiste, elle s’est finalement heurtée à la nébuleuse commande d’arsenal aérien.

Ce qui était naguère encore brandi comme une fierté – voire une gloriole de la nouvelle armée promise par IBK – s’est révélé un mirage bien plus impudique que les peccadilles pour lesquelles l’ancien président de la République, ATT, avait frôlé une flétrissante accusation de haute trahison. Il s’agit des hélicoptères de combat acquis à coups de plusieurs dizaines de milliards et exposés à la veille de la dernière présidentielle comme l’avancée la plus accomplie de la LOPM (Loi d’orientation et de programmation militaire), loi en vertu de laquelle 400 milliards francs CFA sont annuellement alloués pendant cinq (5) ans a la reconstruction de la défense nationale. Coup de théâtre : les appréhensions et réserves émises sur la moralité douteuse des commandes publiques y afférentes viennent de se sont confirmées avec cette sortie inattendue du plus grand précurseur de la LOPM, le président de la Commission Défense, lequel s’est exprimé sur la question avec un impressionnant sang-froid, lors d’une certaine rencontre entre officiels maliens et élus français d’origine malienne. En clair, Karim Keïta a révélé et même implicitement admis la grande désillusion des hélicoptères de combat en ces termes : «C’est une histoire incroyable…Quand on a reçu ces super-Puma (…), au début ils marchaient, mais nous nous sommes rendus compte qu’il devrait y avoir un défaut de maintenance depuis l’achat. Je ne sais pas si nous avons été foulés ou si l’audit (l’expertise en prélude à l’acquisition des hélicos s’entend, ndlr) n’a pas été bien mené».
En admettant ainsi l’énorme gâchis et le dégât financier infligés au trésor public, l’illustre député ne fait qu’emboîter le pas au Chef suprême des Armées, son père, lequel avouait déjà dans les colonnes de Jeune Afrique que les précieux joyaux étaient cloués au sol faute de maintenance. Mais tous deux, ils s’inclinent ainsi devant une évidence longtemps susurrée dans les rangs des FAMAs où des indiscrétions se faisaient échos en son temps de la vétusté desdits appareils en les décrivant comme incomplets, inadaptés aux besoins stratégiques de l’armée ainsi qu’aux équipements qui en font des forces de frappe. Ces préjugés seront au demeurant justifiés par l’amer avant-goût servi l’an dernier dans la foulée des parades aériennes commémoratives du 20 janvier à Kati.
Au demeurant, les hautes autorités, selon toute vraisemblance, n’ignoraient guère que l’utilité des appareils volants ne pouvait dépasser l’usage logistique et se seraient même évertuées à redresser le tir en sollicitant sans succès des crédits supplémentaires pour l’achat d’équipements additifs. Aucune tentative, en revanche, de situer les responsabilités dans l’achat de l’arsenal présenté comme une redoutable force de frappe et qui s’est révélé un épouvantail juste apte à assurer le transport d’éléments en détresse sur le théâtre. Investi d’une mission de contrôle de l’action gouvernementale, le président de la Commission Défense de l’hémicycle s’est contenté d’une superficielle allusion à une possible supercherie autour des précieuses commandes, acquises sans expertise à la hauteur des enjeux. De quoi intriguer ceux qui savent qu’en la matière les autorités maliennes ne sont pas novices et que l’avion présidentiel a été acquis au prix de centaines de millions décaissés au profit d’experts étrangers.
Quoi qu’il en soit, l’épisode intervient en contre-temps des incessantes références aux avions militaires pour convaincre d’une montée en puissance à l’évidence virtuelle de l’armée. Car l’opinion ne s’est jamais aussi mal accommodée des errements dispendieux longtemps tolérés au nom de l’attachement à son armée, en se consolant notamment des achats de son rééquipement en dépit des énormes pertes constamment essuyées sur terrain..

A KEÏTA

Le Témoin

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