Mali : l’ancien commissaire islamique, Al Hassan Ag Abdoul Aziz comparaît bientôt à la CPI
Le début de l’audience de confirmation des charges dans l’affaire Le Procureur c. Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud est programmé le 8 juillet 2019, à 14h00 (heure de La Haye) devant la Chambre préliminaire I de la Cour pénale internationale (CPI).
Arrêté l’année dernière dans la région de Tombouctou, l’ancien commissaire islamique de Al Qaida au Maghreb islamique en 2012 à Tombouctou, Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ansary comparait le 8 juillet prochain à la Cour pénal internationale (CPI). L’audience de confirmation des charges sert aux juges à déterminer s’il y a des motifs substantiels de croire que le suspect a commis ces crimes. Si la Chambre préliminaire décide de confirmer les charges, en tout ou en partie, elle renverra l’affaire devant une Chambre de première instance, laquelle sera chargée de conduire la phase suivante de la procédure, à savoir le procès lui-même.
Crimes contre l’humanité
Al Hassan est suspecté de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis en 2012 et 2013 à Tombouctou. Le mandat d’arrêt à son encontre a été délivré le 27 mars 2018. Il a été transféré à la CPI le 31 mars 2018 et a fait sa première comparution devant la CPI le 4 avril 2018. Il est actuellement détenu par la CPI. Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud est accusé d’avoir participé à la destruction de mausolées dans la ville malienne et d’être responsable de viol et d’esclavage sexuel commis dans le contexte de mariages forcés. “Il aurait participé à la politique de mariages forcés dont des tombouctiennes ont été victimes, qui ont donné lieu à des viols répétés et à la réduction de femmes et de jeunes filles à l’état d’esclaves sexuelles”, a indiqué la CPI dans un communiqué.
Al Hassan, 40 ans et de nationalité malienne, aurait été membre d’Ansar Eddine et commissaire de la Police islamique à Tombouctou. “Les charges qui pèsent contre lui sont représentatives de la criminalité et des persécutions subies par la population”, a déclaré dans un communiqué Fatou Bensouda, procureur de la CPI.
Al hassan Ansary n’est pas le premier malien transféré à la CPI après l’occupation du nord par des groupes armés liés à Al Qaida. Lors d’un verdict historique, la CPI avait condamné en 2016 un premier terroriste islamiste malien, Ahmad Al Faqi Al Mahdi, à neuf ans de prison pour avoir également pris part à la démolition des mausolées protégés à Tombouctou en 2012.
La décision sans précédent de l’unique tribunal permanent jugeant des crimes de guerre au monde avait été perçue comme un avertissement : la destruction du patrimoine de l’humanité ne restera pas impunie.
Fondée entre le cinquième et le douzième siècle par les tribus touaregs, Tombouctou a été surnommée “la ville des 333 saints” pour le nombre de sages musulmans qui y sont enterrés. Sous ses intructions, les assaillants ont lancé des bulldozers et asséné des coups de pioche contre les sanctuaires vieux de plusieurs siècles.
Après la condamnation de Al Mahdi, premier terroriste à être assis sur le banc des accusés de la CPI, créé en 2002 pour juger les pires crimes perpétrés dans le monde, l’arrestation d’un terroriste malien marque une nouvelle étape.
“L’arrestation de M. Al Hassan et son transfèrement à la CPI envoient un message fort à tous ceux qui, où qu’ils se trouvent, commettent des crimes qui heurtent la conscience humaine”, a affirmé Fatou Bensouda. “J’espère qu’elle signifie au Mali notre détermination et notre résolution à agir comme il se doit et à faire tout ce que nous pouvons pour répondre aux souffrances indicibles infligées à la population malienne”, a-t-elle ajoutée.