Cour d’Assises Spéciale sur l’affaire de l’avion présidentiel et des armements militaires

Déclarations cruciales et témoignages sous Haute tension :

Le procès sur l’acquisition controversée de l’avion présidentiel et des équipements militaires s’est poursuivi le 3 octobre 2024, après une interruption la veille. Devant un public nombreux, la Cour d’Assises spéciale de Bamako a examiné des preuves indispensables et entendu des témoignages sous haute tension, avec la participation du président de la cour, du ministère public, des conseillers du contentieux et des avocats des co-prévenus.

 

Dès l’ouverture de la séance, le président de la cour a appelé les co-prévenus, le Colonel-major Nouhoum Dabitao et le Général Moustapha Drabo, impliqués dans les commandes et la réception des équipements militaires pour le compte de l’État. Le Colonel Dabitao a présenté plusieurs procès-verbaux et bordereaux d’ordres d’entrée et d’affectation des matériels militaires, documents jugés essentiels pour la traçabilité des livraisons.

 

Lors de son interrogatoire, Dabitao a fait référence à un tableau synoptique fourni par le ministère de la Défense. Certaines informations, telles que l’absence de montant sur certains éléments comme le logo FAMa, ont suscité des interrogations de la part du parquet, surtout que Dabitao a produit des décrets de 2019 alors que les faits remontaient à 2013.

 

Analyse des montants et vérifications comptables

 

Le Général Moustapha Drabo a été entendu concernant les décaissements liés à la formation, la maintenance et le transport des équipements, avec des montants respectifs de 23, 539 et 101 millions de FCFA. La défense a rejeté les conclusions du contentieux de l’État, estimant que le tableau fourni par le Secrétariat général n’était pas une preuve suffisante pour attester la livraison effective de l’ensemble des équipements.

 

Réquisitions du Parquet et plaidoirie de la Défense

 

Le ministère public a réitéré sa demande de requalifier les faits en « coalition de fonctionnaires », une proposition déjà rejetée par la cour lors des précédentes audiences. La défense, de son côté, a critiqué l’argumentation du parquet, qualifiant le dossier de « vide » et a évoqué l’article 75 du Code pénal, mettant en avant la spécificité de l’affaire et le besoin de confidentialité.

 

Témoignages contradictoires et débat sur l’Avion Présidentiel

 

Le secrétaire général du ministère de la Défense, Sidiki Samaké, a témoigné sur la réception des équipements militaires, assurant que ceux-ci avaient bien été réceptionnés conformément aux protocoles. Sur l’avion présidentiel, il a défendu l’idée qu’il s’agissait d’un avion de commandement, indispensable pour la sécurité nationale, soutenu par le Général Drabo.

 

Cependant, des incohérences ont été notées lorsque Mme Koumba Diarra, ancienne membre de la commission de réception, a été interrogée. Deux tableaux de livraison présentaient des montants différents, soulevant des questions sur la comptabilité matière du ministère. Diarra, qui a participé à six réceptions, n’a pas su expliquer ces écarts. Elle a déclaré ne pas avoir connaissance de ces tableaux et qu’elle était membre de la commission de réception.

 

Enquête sur la double facturation et les frais de transport

 

La cour s’est également penchée sur une éventuelle double facturation et les frais de transport des équipements, d’un montant de 9 milliards de FCFA. M. Sow, directeur de la Direction des Finances et du Matériel (DFM), a indiqué que son service s’appuyait sur les certificats fournis par le Général Drabo, sans procéder à des contrôles plus poussés, ajoutant à l’opacité de l’affaire.

 

Cette session du 3 octobre a mis en lumière des tensions majeures concernant la transparence des procédures de réception des équipements militaires et la légitimité des documents présentés. Les incohérences notées dans les pièces comptables et les témoignages contradictoires laissent entrevoir une suite complexe pour ce procès où l’enjeu dépasse la simple vérification des comptes : il s’agit de juger de la responsabilité de hauts fonctionnaires face à des accusations graves de malversations et de détournements de fonds. La cour a suspendu la séance pour permettre une reprise sereine des débats, mais les zones d’ombre restent nombreuses, augurant des prochaines audiences aussi déterminantes que tendues.

 

La séance reprendra ,le vendredi 04 octobre 2024 à 09h.

 

Info360.info

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