Célébration du « 18 août » : Choguel règle ses comptes politiques : « le Premier ministre n’a pas été pêché dans un caniveau »
Au CICB, ce samedi 17 août, les partisans du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga étaient mobilisés. Un meeting, disait-on, pour célébrer le quatrième anniversaire de l’avènement du « Mali Kura ».
Le 18 août 2020, il y a quatre ans, le régime IBK a chuté. Un meeting pour commémorer cette date. Mais aussi, une tribune pour le Premier ministre Choguel de régler ses comptes avec ses détracteurs.
« Certains avaient annoncé la chute du régime [transition] après trois mois », a rappelé le Premier ministre devant un public acquis à sa cause. C’était ce samedi, dans la salle des 1000 places du Centre International de Conférence de Bamako «Aujourd’hui, ces personnes sont au trou », a ajouté le Chef du gouvernement sur un ton triomphal. A l’endroit de ses détracteurs, Choguel ne s’arrête pas là. « Ils pensent que je suis un Premier ministre pêché dans le caniveau », lance-t-il. Et d’expliquer : le Président de la transition tire sa légitimité de ses frères d’armes, alors que lui tire sa légitimité du mouvement populaire M5-RFP.
« Ce que j’appelle, les « ignares triomphants » sont sortis, ce que j’appelle le « M5 défroqué », et ce que j’appelle les « agents doubles » car ils sont avec tous les régimes, se sont mis, à notre place, pour expliquer pourquoi ce meeting a été convoqué », a dénoncé Choguel, dans son discours qui a duré plus d’une heure
Le meeting, c’est d’abord pour commémorer la date du 18 août. La deuxième raison, c’est pour soutenir les FAMa qui « ont redonné confiance aux Maliens ». Enfin, le troisième objectif du meeting, a dit le premier ministre, c’est d’empêcher la banalisation de la date du 18 août, ce jour où le pouvoir IBK a chuté, et le couronnement du sacrifice ultime de certains jeunes pour plus de sécurité, de bonne gouvernance et une meilleure justice.
« Des militants… pas convaincus »
Ce samedi 17 août 2024, jour de pluie à Bamako. Malgré l’intempérie, la mobilisation a été un succès. C’est du moins, en ces termes, que se sont félicités les organisateurs du meeting. Pour certains observateurs, par contre, les enfants étaient nombreux dans la salle pour faire de la figuration et donner l’image d’une salle bien remplie. Quoi qu’il en soit, le Premier ministre après les 20 premières minutes a eu du mal à se faire entendre par le public à cause des vuvuzelas. Des « tentatives de sabotage », a dénoncé le conférencier à plusieurs reprises, s’efforçant d’élever la voix pour se faire entendre par des militants, apparemment plus occupés à faire du bruit qu’à écouter la ‘’messe’’.
La liberté d’expression, la création de l’AES, la montée en puissance de l’armée… Choguel a surfé sur plusieurs vagues et tiré sur plusieurs cordes sensibles au meeting. Mais pas celles de la réconciliation nationale. « Des faux amis de la transition sautillent en faisant le buzz », révèle-t-il, sans doute pour dénoncer l’emprisonnement de deux de ses proches dont l’un est toujours en détention. «Nous ne sommes pas de cette agence », dit-il, en rappelant la célèbre maxime d’Amadou Hampâté Ba : « Le pouvoir est comme de l’alcool. Après un premier verre, on est joyeux comme un agneau. Au second, c’est comme si on avait mangé du lion. On se sent si fort qu’on n’accepte plus d’être contesté. On veut tout imposer à tout le monde, comme le lion dans la savane. Au troisième verre, on est comme le cochon, on ne peut faire que des cochonneries… ».
« Nous ne voulons pas être des cochons qui gâchent tout après avoir bien travaillé », a commenté le Premier ministre dans son long discours et parfois décousu.
Mamadou TOGOLA/maliweb.net