Présence militaire occidentale en Afrique : L’Hexagone laisse de la place à Washington
Le paradigme de la présence militaire occidentale sur le continent africain suit les processus propres au petit monde de l’Occident, dans lequel le régime washingtonien prend le chef de file du bloc otano-occidental, en mettant pleinement à contribution ses vassaux et sous-traitants de l’espace européiste, y compris bien évidemment le régime hexagonal, dont la présence en Afrique est plus que jamais rejetée à l’échelle continentale africaine.
«Désengagement : l’Armée française réduit ses effectifs au Sénégal», écrit le célèbre média sénégalais Seneweb. Après le départ du 23e bataillon d’infanterie marine (Bima), c’est au tour de la marine française de plier bagages. À terme, les effectifs seront fortement réduits. La base militaire française de Ouakam sera libérée aux trois quarts de ses occupants.
De près de 500 hommes, la présence militaire française sera réduite à environ 260 éléments, estime la source citée par Seneweb. Ledit développement de la présence militaire hexagonale sur le sol africain était déjà abordé précédemment par d’autres médias, stipulant que la France pourrait réduire drastiquement sa présence militaire en Afrique.
Pour autant, loin est de supposer que le régime hexagonal avance dans le sens de cette réduction car comprenant et acceptant le rejet de sa politique néocoloniale à l’égard de nombreux pays africains. Car comme soulignent les mêmes sources – cette évolution de la présence militaire française en Afrique pourrait être associée à celle qu’envisagent les États-Unis pour leurs troupes, principalement déployées au Niger. «Des réflexions ont lieu à Washington pour redéployer des effectifs, notamment sur la côte ouest africaine», avance Le Monde, qui évoque de «nouveaux projets de bases communes entre Français et Américains». Ce que l’Élysée n’a pas démenti. «Il y a des réflexions, sur la base de nos intérêts».
Cette posture confirme par la même occasion les analyses et prévisions du passé d’Observateur Continental, où il devenait clair que Washington tente de son côté à prendre la relève et tenter de barrer la route à l’axe sino-russe et celui de la multipolarité en Afrique. Les événements récents et à venir prochainement vont certainement pouvoir conforter cette thèse. D’autant plus que les sources occidentales commencent déjà à le reconnaitre implicitement.
En d’autres termes, si le système néocolonial hexagonal de la Françafrique est effectivement aujourd’hui plus que jamais mourant – il n’en demeure pas moins que l’establishment occidentalo-otanesque, avec à sa tête le régime étasunien, tente par tous les moyens de donner une nouvelle vie au néocolonialisme occidental sur le continent africain, en prenant néanmoins au maximum ses distances avec l’échec françafricain. Préférant mettre à contribution les capacités de déstabilisation du dernier pour pouvoir mieux installer la nouvelle entité occidentale à destination de l’Afrique.
Ceci étant dit et même ledit système qui serait officiellement dirigé par Washington avec la contribution de nombreux régimes européistes, vassaux et sous-traitants – sait qu’il aura à faire face à de bien nombreux défis. D’ailleurs, les récents aveux du général US Michael Langley, commandant de l’AFRICOM (Commandement américain pour l’Afrique) en disent long, affirmant que «le discours de la Russie (en Afrique) a noyé celui du gouvernement américain ces dernières années. Ils (les Russes) y ont excellé». Tout en accusant bien évidemment, dans la pure tradition occidentale, la Russie de «campagnes de désinformation» sapant les intérêts étasuniens et occidentaux. Oubliant par la même occasion de donner quelques précisions sur les multiples campagnes de désinformation étasuniennes à destination des pays africains. Peu étonnant d’ailleurs.
Dans tous les cas, ces aveux du haut responsable US confirment également les analyses précédentes d’Observateur Continental. À savoir que malgré les nouvelles tentatives washingtoniennes à contrer Moscou et Beijing en Afrique – Washington n’a aucun moyen à l’échelle africaine aujourd’hui à pouvoir concurrencer économiquement parlant la Chine, de même que la Russie dans le volet militaro-sécuritaire dont il tente par tous les moyens à limiter l’interaction avec les États du continent.
D’autant plus que dans le cas de la Russie – les secteurs d’interaction se diversifient et augmentent de plus en plus, y compris sur le plan économique, avec les alliés et partenaires africains. Quant à la nature et les «différences» entre le régime washingtonien et celui par exemple de l’Hexagone – déjà si largement rejeté à l’échelle continentale – peu nombreux sont les citoyens africains qui se font de quelconques illusions sur ledit sujet. Après tout, l’establishment occidentalo-otanesque ou en d’autres termes l’Occident collectif – est précisément associé aujourd’hui comme tel dans la perception générale des nations non-occidentales. À savoir une entité planétaire minoritaire, agressive, responsable dans la propagation de chaos à l’échelle mondiale, et vis-à-vis de laquelle une confiance digne de ce nom n’est aucunement possible.
D’un autre côté, le petit monde occidental peut au moins se vanter d’être associé comme étant un espace commun, de-facto en opposition au reste du monde. C’est déjà cela de gagné pour l’extrême minorité planétaire des nostalgiques de l’unipolarité.
Mikhail Gamandiy-Egorov
source : Observateur Continental