Dossier/Ramadan : Le cri du cœur de chefs de famille
Le ramadan a débuté hier sur toute l’étendue du territoire. Pendant un mois, les musulmans majeurs et en bonne santé vont s’abstenir de manger et de boire toute la journée. A la rupture, des mets et boissons seront le menu dans de nombreuses familles. Mais, cette année, les chefs de ménage sont inquiets.
Au Mali, la plupart des chefs de famille sont des ouvriers et des gens qui vivent de petits commerces. Depuis un bon moment, il n’est un secret pour personne que le pays traverse une crise énergétique inédite. Sur le coup, plusieurs secteurs peinent à marcher. Avec l’arrivée du ramadan, les chefs de famille sont inquiets.
“Sans mentir, je ne sais pas comment faire. Le ramadan est un mois de dépense. Les gens passent beaucoup de temps sans manger. Toute la journée. A la rupture, ils veulent compenser le temps d’abstinence par la bonne nourriture et en quantité. Mais avec ce que l’on traverse comme crise d’énergie, le marché est lent. On travaille peu et on gagne peu. On ne sait pas du tout quoi faire”, confie un promoteur de pressing.
Parmi les secteurs les plus touchés, il y a les tailleurs et les soudeurs. Un jeune soudeur, chef de famille et père de deux enfants, se dit un peu confiant. “Heureusement, pour moi, il n’y a que moi et ma femme qui observons le ramadan à la maison. Mes enfants sont encore petits. Ils ne jeûnent pas. Nous allons modérer nos plats et ça va passer s’il plait à Dieu”, dit-il.
Quant à S. N., un jeune tailleur, “la galère est de double peine”, soupire-t-il. “Nous, on peut faire deux jours ici sans coudre un seul complet. On passe la journée à attendre l’électricité et souvent c’est une fois, rentré à la maison, qu’elle revient. Et le lendemain, elle est absente. On ne travaille pas, donc on ne gagne pas”, martèle-t-il. Il ajoute : “Et les clients nous crient dessus à leur tour. Vraiment, ce n’est pas facile”.
L’ambiance est morose dans la ville. De chaque côté, les gens crient. Les vendeurs de marchandises crient à la lenteur des ventes. Les consommateurs déplorent la pauvreté et la cherté des marchandises. “Cette année, je ne pense pas s’il y aura une fête de ramadan. Pas comme à l’accoutumée. Les gens n’ont pas d’argent”, regrette le jeune tailleur qui a requis l’anonymat.
Koureichy Cissé
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Ramadan :
Les tenues sexy au placard
Le mois béni du ramadan est une période importante pour les fidèles musulmans. Mais aussi un mois pendant lequel le changement de look s’opère pour les filles et les femmes musulmanes.
Le jeûne est l’un des piliers de l’islam. C’est un mois de partage, de solidarité, de retraite spirituelle. Un mois pendant lequel chacun souhaite bénéficier de ses bienfaits et se comporte selon les prescriptions musulmanes. C’est aussi l’occasion, pour les filles et les femmes, de troquer leurs habits sexys (jupe, bas, collant, jean, bustiers, etc.) en un mot des tenues près du corps contre les wax, les abayas, jilbeb, ensemble khimar.
Pendant le mois de ramadan, elles bannissent les perruques et se font de belles tresses avec leurs cheveux naturels, car, selon les imams, la mèche ne rime pas avec les conditions des ablutions.
En ce mois de retraite spirituelle et d’abandon des mauvaises habitudes, il est rare de voir une fille sortir sans foulard sur la tête. Nous sommes aux premiers jours du ramadan et les looks ont complètement changé dans la circulation. Toutes sont habillées décemment et les nudités sont cachées ce qui fait sentir l’effet ramadan. Qui a dit que “l’habit ne fait pas le moine” ?
Chaka Dramé, dans la vingtaine, ne s’emballe pour ce changement passager : “Je ne pense qu’elles doivent se conformer aux prescriptions islamique en ce mois uniquement. Ce changement prouve qu’elles sont conscientes que leurs tenues ne sont pas conformes à l’islam. Alors pourquoi le changer pendant le ramadan, pour quel but ? Pendant ce mois, les filles bamakoises sentent la pudeur, le voile leur va. Malheureusement après ce mois elles deviennent insaisissables en retombant dans leur vie d’antan. Le ramadan c’est un mois mais l’islam c’est toute la vie, pourvu que leur changement vestimentaire soit durable”.
Si les tenues sexys se font remplacer alors les mèches brésiliennes le seront également. Dernier week-end avant le ramadan, Hawa Sangafé, est en train de défaire sa longue tresse de mèches pour la remplacer par des nattes. Selon elle, le ramadan est un mois pendant lequel les mèches ne sont pas bien vues.
“Je ne suis pas la seule donc je fournis l’effort et côté vestimentaire ramadan ou pas je m’habille en tenue traditionnelle. Je n’ai jamais eu le béguin pour les pantalons ou jupes modernes. Certes ce n’est pas bien de changer pour le regard des autres, mais je souhaiterai un jour me voiler”.
Salimata affectueusement appelée Salsa ne se sent pas concernée par ce changement. Voilée depuis toujours, elle se soucie plus du bon comportement à adopter que du nouveau look des autres filles.
Au même moment beaucoup ont également mis en pause leur relation hors mariage (copinage) qui, selon eux, risque de les faire dévier. Nonobstant cela, ils reçoivent leur sounankari, chose que les imams qualifient de haram.
Même les pseudonymes Hawiska, Chouchou, Mimi… sur les réseaux sociaux sont remplacés par Adja Alima, Malmatou Hawa, Malmatou Ami. Pourtant le changement ne se sent pas autant chez les hommes si n’est que les rangs dans les mosquées se rallongent par leur présence. Et aucun n’ose faire des injures.
Oumou Fofana
Mali Tribune