Référendum constitutionnel du 18 juin 2023 : Ces leçons à ne pas négliger

Même si l’objectif du oui a été atteint lors du scrutin référendaire du dimanche dernier, il sied de tirer des leçons de ce rendez-vous électoral afin d’améliorer les décisives joutes électorales de l’année prochaine, censées marquer la fin de la transition en cours.

Si du côté des autorités de la Transition, la consultation référendaire « s’est globalement bien déroulée, avec seulement quelques incidents mineurs », du côté de la société civile observatrice majeure du processus, de nombreuses entraves et dysfonctionnements sont à signaler. Et ces insuffisances doivent pousser à prendre des mesures vigoureuses en vue d’améliorer les prochains scrutins, dans le cadre du retour à l’ordre constitutionnel normal.

En effet, à l’issue du scrutin, la Mission d’observation des élections au Mali (MODELE Mali), la plateforme d’organisations non-étatiques impliquées dans l’observation du processus électoral, a relevé plusieurs types d’incidents et de dysfonctionnements. Il s’agit surtout de la non-tenue du scrutin dans certaines parties du territoire national: C’est le cas dans la région de Kidal; la perturbation du vote dans la commune de Bodio (Bandiagara), à cause d’une attaque terroriste.  S’y ajoute que le matériel électoral a été brûlé dans le village de Chikata, commune de Dianguirdé, (cercle de Diéma) par des individus armés non identifiés ; le non fonctionnement pour cause d’insécurité de plusieurs bureaux de vote (23 BV sur 38) dans le cercle de Youwarou, (25 BV sur 34) à Ouenkoro, (37 BV sur 47) à Segué.

Cette mission d’observation électorale signale aussi « la délocalisation des bureaux de vote des communes de Baye, Sokoura, Ouenkoro, Segué à Bankass ville, pour raison d’insécurité ; l’absence de vote dans les communes Diankabou, Bamba, Kassa, Dinangourou (Koro) ; l’enlèvement des urnes dans trois villages dans la commune de Fallou, cercle de Nara. Sans compter le cas des bureaux de vote de N’dola et Tièmaba dans la commune de Niono, cercle de Niono, fermés après le démarrage du vote pour cause de menaces terroristes ; des cas de présidents des bureaux de vote enlevés par des hommes armés dans la commune de Kala Siguida , cercle de Niono ; des urnes enlevées par des hommes armés dans trois villages dans la commune de Fallou cercle de Nara à Kolomina, Digue et Sébougou, etc.

Toutes ces insuffisances semblent avoir entaché d’une façon déplorable le scrutin référendaire du 18 juin, censé être une fête de la démocratie et une étape décisive du retour au fonctionnement institutionnel normal du pays, après les coups de forces politico-militaires d’août 2020 et de mai 2021. Et cela appelle à un examen de conscience de la part des autorités de la Transition, afin d’ajuster le mécanisme d’organisation et d’administration du territoire pour des élections plus paisibles l’année prochaine.

En effet, les scrutins décisifs du début de l’année prochaine ont des enjeux plus disputables et nul n’acceptera qu’ils soient émaillés d’autant d’incidents. Car, l’élection du président de la République et celle des députés et sénateurs feront sûrement l’objet de toutes les ambitions et des convoitises les plus partisanes. C’est pourquoi il urge, dès à présent, de tout mettre en œuvre pour le retour de l’Etat dans les coins les plus reculés du vaste territoire national, afin d’éviter que des dysfonctionnements et autres perturbations ne viennent altérer la transparence des opérations de vote et semer des germes de contestations des résultats. Ce qui est sûr, c’est que  la MODELE-Mali continue sa veille et son observation électorale citoyenne et. Devrait, en principe, faire une déclaration préliminaire dans les prochaines heures pour formuler de « fortes recommandations » en vue d’améliorer le processus électoral. Car, comme le rappelle si bien Dr Ibrahima Sangho de la MODELE-Mali, le Mali doit tout faire pour éviter des obstacles au droit de vote et améliorer la sécurité des électeurs et des agents électoraux. Cela, souligne-t-il, va de la crédibilité du processus de retour à la normalité constitutionnelle.

Bruno D SEGBEDJI

Mali Horizon

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