Pour Dr. Fousseynou Ouattara, collectif pour la refondation du Mali : Pour son émergence économique, le Mali doit retrouver sa souveraineté dans l’exploitation de ses richesses minières
Vice-président de la «Commission Défense et sécurité» du Conseil national de transition (CNT) et président/fondateur du Collectif pour la refondation du Mali (COREMA), Dr Fousseynou Ouattara a été l’invité de la radio «Maliba FM» (99.5 MHZ) le 23 mai 2023. Comme d’habitude, il a décortiqué (en bamanankan) sans langue de bois l’actualité nationale. Spéculation foncière, choix des élus locaux, refondation de l’Etat à travers notamment la révision constitution, rapport de l’ONU sur Moura, renouvellement du mandat de la Minusma et surtout l’épineuse question de l’exploitation judicieuse de nos richesses ont été les questions abordées. C’est à ce dernier aspect que nous nous sommes intéressés dans notre synthèse de l’entretien accordé à nos confrères de «Maliba FM»
«Retirez à la France le fer mauritanien, le pétrole gabonais, l’uranium nigérien, le cacao ivoirien, le coton burkinabé, le bois congolais et camerounais, l’or malien et les diamants centrafricains et vous aurez un pays du tiers-monde avec un taux de chômage élevé et beaucoup de pauvreté élevé. La France n’est rien sans l’Afrique» ! Cette déclaration attribuée au président russe Vladimir Poutine met surtout en évidence la mainmise des puissances occidentales, notamment de la France, sur nos richesses minières. Et cela avec la complicité d’une certaine élite malienne comme l’a expliqué l’économiste et l’expert en marché international, Dr Fousseynou Sanogo, qui était l’invité de la radio de proximité «Maliba FM» (99.5 MHZ).
«Notre combat, à travers le Corema, est de permettre à notre pays de retrouver sa souveraineté dans tous les domaines, notamment dans l’exploitation de nos richesses minières», a confié à nos confrères le président-fondateur du Corema. «Si le Mali avait réellement la mainmise sur l’exploitation des richesses comme l’or et que les ressources générées étaient bien gérées, nous n’en serions peut-être pas là aujourd’hui. Et nous parvenons à reprendre le contrôle réel de leur exploitation, le Mali aura peu à envier aux pays comme les Emirats Arabes Unis (EAU), le Qatar… Et c’est cela l’une des batailles que le Corema mène depuis sa création», a ajouté le PDG de R&T AFRICA/R&T Africa Academy of Management and Economics Odessa).
«Les jeunes officiers qui sont au pouvoir présentement jouissent de notre confiance parce qu’ils ont compris qu’il est temps que nous ayons la mainmise sur l’exploitation de nos richesses… Quand on a réellement l’amour de la patrie, on a même pas besoin de se parler pour aller dans la même direction», a poursuivi Dr Ouattara. «Au Corema, notre conviction est que si nous parvenons à judicieusement exploiter nos richesses minières, même si cela ne profite pas à notre génération, nos enfants et petit-enfants vont bénéficier des retombées et pourront rêver de vivre dans un futur proche dans un pays qui a peu envier aux Emirats arabes unies ou au Qatar», a insisté l’économiste.
S’inspirer du Qatar pour mieux exploiter nos richesses et judicieusement utiliser les recettes
A son avis, «ces monarchies du Golfe ne sont pas devenues si riches par miracle. Elles ont juste refusé que d’autres viennent exploiter leurs ressources et se contenter de ce que ceux-ci leur reversent». Pour Dr Fousseynou Ouattara, nous accusons aujourd’hui un retard dans le développement parce que nous avons laissé à d’autres les soins d’exploiter nos richesses comme l’or et pour nous verser ce qui leur conviennent. Il revenait à notre pays de créer les conditions de leur exploitation à notre compte pour générer des fonds propres
«Ceux qui ont trahi ce pays vous diront toujours que l’exploitation de l’or demande de gros moyens dont notre pays ne dispose pas. Les sociétés d’exploitation ne font pourtant que profiter des données prises pour mobiliser les investissements au niveau des bourses, à travers des offres initiales publiques, ou des fonds d’investissement et venir exploiter notre or. Il suffisait de penser à lever des fonds sur les marchés monétaires pour réunir les moyens d’exploiter nos richesses dans des conditions plus profitables que maintenant», a défendu le vice-président de la commission «Défense-Sécurité» du CNT sur le plateau de «Maliba FM».
«Il y a une société que je ne voudrais pas nommer. De 2001 à 2011, elle a réalisé des revenus de plus de 1,2 milliards de dollars sur ses investissements, soit un bénéfice d’environ 411 millions de dollars en dix ans. Quand les Maliens ont commencé à se révolter en disant que l’or ne brille pas pour tous, cet investisseur a cédé la majorité de ses actions à une autre société à hauteur de 6,1 milliards de dollars», a dénoncé l’économiste.
Pour lui, «ceux qui ficellent tous ses dossiers (conventions minières) connaissent toutes ses réalités. Mais, ils ont juste privilégié leurs commissions et rétrocommissions aux intérêts du pays». Et de rappeler, la «Canadienne B2Gold (mine d’or de Fekola) dispose dans le monde de trois mines d’or à haute rentabilité et qui sont basées au Mali, en Namibie et aux Philippines. Quand on observe leurs revenus entre 2021 et 2022 à la Bourse de Toronto (Canada), la mine de Fekola rapporte plus que les deux autres mines réunies avec plus de 1 milliard de dollars canadiens de revenus».
Raison de plus pour changer la donner en dotant le pays d’une ambitieuse politique minière qui accorde la priorité aux nationaux la priorité dans l’exploitation de l’or au Mali.
Moussa Bolly
Le Témoin