Dr Choguel Kokalla Maïga à propos de sa visite au Qatar : «Nous avons fait en quelque sorte le marketing pour notre pays»

Le Premier ministre a regagné Bamako hier en provenance de Doha, au Qatar, où il a pris part à la 5è conférence des Nations unies sur les pays les moins avancés. Tirant le bilan de son séjour, Dr Choguel Kokalla Maïga s’est réjoui du fait que cette mission lui a permis de battre en brèche les discours qui tendent à accréditer l’idée que le Mali est isolé

«En quittant le Mali, nous avions la ferme détermination de prendre activement part à cette conférence. Nous avions aussi l’intention de faire passer des messages importants au nom de la République du Mali, au nom du président de la Transition que nous représentons ici. Je crois que ces messages sont passés. On a pu rencontrer parallèlement les autorités qataries, notamment le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères qui est devenu, à la fin du Sommet, Premier ministre. Nous avons échangé avec le ministre de l’Emploi, les hommes d’affaires qataris.

Je leur ai expliqué que le Qatar est un pays qui n’est pas géographiquement grand, mais qui a de grandes potentialités en matière d’information et d’investissement. Aujourd’hui, notre pays est à la croisée des chemins. En plus de la sécurité humaine au sens large du terme, nous avons besoin d’investissements pour donner du travail aux Maliens, pour créer les richesses. Et pour cela, nous avons le sol, deux grands fleuves africains, le soleil et surtout notre jeunesse et nos femmes qui sont décidés aujourd’hui à tirer le Mali pour l’amener à la tête des pelotons des Nations africaines. Le Mali a de gros besoins d’investissement et les capitaux manquent souvent. C’est donc un mariage de raison que nous voulons construire avec le Qatar, qui a les capitaux et a besoin d’investir.

Le secteur privé malien, qui a été très actif, jouera tout son rôle. Avec les hommes d’affaires, nous avons passé en revue tous les secteurs. La conclusion que nous avons trouvée, c’est de lever des experts qui vont discuter avec les Maliens pour identifier les secteurs précis où ils sont intéressés à investir. Nous tirerons les conclusions ensemble et nous ferons des choix qui intéresseraient les deux gouvernements et les deux peuples.

J’ai pu rencontrer aussi les diplomates africains (notre ministre et ses deux collègues de la Guinée et du Burkina Faso) pour dire à la face du monde notre détermination à aller aussi loin que les peuples le souhaitent. Parce que nous avons la chance d’avoir des dirigeants à la tête de nos trois États qui veulent tirer dans le même sens que leurs peuples.

Aujourd’hui, la marque du Mali se vend bien. Vous avez dû le constater, tout le monde veut discuter avec le Mali. Nous avons fait en quelque sorte le marketing pour notre pays. Également, nous avons mené deux activités extrêmement importantes qu’il faut bien comprendre en tant qu’évènements politiques majeurs et de grande portée internationale. Il s’agit des interviews accordées aux médias. La guerre communicationnelle est aujourd’hui l’une des plus importantes dans le monde. Je voudrais au passage féliciter les journalistes de l’ORTM, de l’Amap qui permettent aux Maliens de suivre exactement au jour le jour ce que nous faisons en leur nom.

Dans cette guerre informationnelle, avec l’entregent des diplomates maliens, nous avons fait passer les messages importants du Mali sur les chaînes Aljazeera arabe et Aljazeera anglais qui constituent un véritable point d’ancrage pour rayonner sur l’ensemble du monde. Parce que dans ces deux milieux (arabe et anglais), le message du Mali ne passe pas toujours.

C’est toujours confiné dans l’espace francophone. Et il s’est trouvé que ces deux grandes chaînes ont tenu à entendre et faire écouter au monde entier la version du gouvernement, du président, des officiels maliens… sur l’ordre des priorités qu’ils veulent imprimer aujourd’hui à notre Transition. Qui est la transition du peuple. Cet exercice, je crois, a atteint un objectif important. Le monde entier sait aujourd’hui qu’est-ce qui se passe au Mali.

C’est pour cette même raison que nous avons tenu à rencontrer des grands partenaires bilatéraux comme la Russie, la Türkiye avec lesquels nous avons eu des conversations extrêmement intéressantes. Et où j’ai saisi l’occasion pour transmettre le message fraternel et de coopération du président Assimi Goïta à ses homologues. Nos frères russes sont très pressés de voir notre président chez eux.

Au niveau des Nations unies, il y a souvent beaucoup de propagande, de narratifs qui ne sont pas réels. Mais j’ai constaté, avec beaucoup de bonheur, que le secrétaire général des Nations unies est très ouvert, très compréhensif par rapport à ce qui se passe au Mali. Surtout, il nous a indiqué sa volonté de travailler pour tous les pays membres de l’Onu. Nous avons échangé sur le statut (actuel et futur) de la Minusma. J’ai eu le temps de lui donner le narratif de ce qui se passe au Mali pour une comparaison lucide. J’ai cru comprendre que nous nous sommes bien compris.

J’ai aussi rencontré certains ambassadeurs africains, qui sont tous émerveillés aujourd’hui par le message malien, l’attitude des dirigeants et le comportement de notre président. Je leur ai expliqué que nous nous sommes chevillés aux trois principes que le président de la Transition a édictés. Nous ne cesserons jamais de les rappeler pour que ça soit comme une antienne : respecter la souveraineté du Mali, respecter ses choix stratégiques et défendre ses intérêts dans toutes les décisions prises.

Aujourd’hui à la tête du Mali, nous avons des hommes courageux qui osent dire exactement ce que leur peuple pense, faire ce que le peuple veut qu’ils fassent. Il y a bien sûr l’appréciation internationale mais elle doit venir en second plan. Je pense que toutes ces explications faites ont atteint leurs objectifs. Un compte rendu détaillé sera fait au chef de l’État pour qu’il donne les orientations nécessaires.

Je crois qu’aujourd’hui, le monde entier comprend exactement le contraire du narratif selon lequel le Mali est isolé. Vous avez notre ministre des Affaires étrangères qui a intervenu brillamment à Genève, notre ministre d’État qui a intervenu brillamment à Bakou et nous avions ici une très forte délégation du Mali qui a intervenu dans les débats pour que nos intérêts et notre message soient entendus. Cela indique clairement que contrairement au narratif spécieux que certains veulent diffuser dans le monde, le Mali n’a jamais été aussi ouvert.

Je dois rappeler aux uns et autres que nous avons besoin d’unité. Le monde regarde le Mali, l’Afrique regarde le Mali. Je voudrais demander à nos frères qui, pour diverses raisons, ne sont pas totalement d’accord avec nous de comprendre qu’on doit se donner la main pour aller dans le sens que souhaite le chef de l’État. Et de faire l’union sacrée autour de notre armée, des dirigeants pour sortir notre pays de cette grande impasse. Après, nous aurons le temps de faire les différents débats. Mais pour le moment, il faut la sécurité.

Nous voulons aussi que notre pays retrouve la stabilité institutionnelle. Les conditions sine qua non pour les investisseurs, ce sont la sécurité humaine et la stabilité institutionnelle. Nous travaillons dans ces deux directions. Les débats politiques doivent contribuer, d’une façon ou d’une autre, à atteindre ces deux objectifs. Parce que sans cela, aucune équipe arrivée au pouvoir ne pourra travailler tranquillement».

Propos recueillis

L’Essor

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