Mobilisation populaire anti-sanctions CEDEAO : Quels premiers enseignements pour la survie du Mali ?
La marée humaine sortie à la Place de l’indépendance, le vendredi dernier est plus l’expression d’un ras-le-bol des populations contre la domination impopulaire des dirigeants ouest-africains trop attachés à la France néocolonialiste et manipulatrice, qu’un soutien inconditionnel des autorités de transition malienne.
Nombre de décideurs maliens peuvent interpréter la mobilisation gigantesque du vendredi 14 janvier au Boulevard de l’indépendance, comme un blanc-seing total à leur gestion du pays. Certes, mais certains éléments d’appréciation doivent être pris en compte.
En effet, la plupart des Maliens et les soutiens extérieurs du peuple estiment que la proposition de cinq ans comme durée de la Transition ne se justifie pas. L’une des priorités vitales devant inciter à prolonger cette transition est la situation sécuritaire du pays. Et certains besoins de réformes peuvent être laissés à la charge de futures autorités élues du pays.
Malgré cet élément d’appréciation, ce qui est choquant dans la situation du Mali, c’est cette hardiesse à sanctionner un peuple déjà meurtri par une organisation sous-régionale, la CEDEAO. Ce qui veut dire que les manifestants du vendredi dernier ont tous voulu protester contre cette méthode méprisante de domination et de menaces à l’encontre du peuple malien, suffisamment en difficulté face à la menace terroriste. Surtout que des indices confirment clairement que la main visible de la France est fortement impliquée dans ces sanctions prises contre le peuple malien. La ministre française des Armées n’a-t-elle pas affirmé qu’avec l’option du Mali de se faire appuyer par des partenaires russes, Paris fera feu de tout bois pour se venger ? Discours tenu par Emmanuel macron, Jean-Yves Le Drian et d’autres responsables de l’Etat français, qui n’hésitent pas à applaudir à deux mains les sanctions injustes des dirigeants ouest-africains.
Cette situation a touché la fibre patriotique des peuples, au-delà du peuple malien et, de par le monde entier, des sympathies se sont exprimées en faveur des populations maliennes. Ce qui a fait que même au sein des pays de la CEDEAO, de nombreuses populations ne cessent d’apporter leur soutien au peuple malien et à ses dirigeants afin d’œuvrer pour la voix des faibles soit enfin entendue par les forts et les puissants de ce monde injuste et de domination.
Ce message doit à présent être entendu par les dirigeants de la CEDEAO et surtout de la France, qui doivent ajouter de l’eau à leur vin. Comment cela peut-il en être autrement avec des autorités maliennes, désormais soudées au peuple, qui viennent de tenir un conseil extraordinaire de défense nationale. Cette réunion de crise s’est consacrée à « valider un plan de riposte du gouvernement aux sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA tout en restant ouvert au dialogue ». Il sied donc que l’Etat malien et son voisin algérien, qui se propose en médiateur, de prendre mesures urgentes pour explorer cette voie du dialogue, après avoir clairement affiché ses intentions de résistance. Le plus tôt sera le mieux, dans la mesure où l’on ne peut sous-estimer les effets des sanctions injustes prises contre le brave peuple du Mali.
Boubou SIDIBE/maliweb.net