L’armée malienne accusée d’exactions à Sofara
Selon diverses sources locales contactées par RFI, l’armée malienne aurait procédé à des arrestations arbitraires et à des exécutions extra-judiciaires dans la localité de Sofara, cercle de Djenné, dans la région de Mopti. L’armée malienne dément, tandis que des vidéos au contenu particulièrement violent circulent sur les réseaux sociaux.
Sur une vidéo, un homme présenté comme un imam subit l’interrogatoire d’un soldat malien qui lui tord les membres, pour le forcer à reconnaître son appartenance à un groupe terroriste. Sur une autre, des cadavres présentant d’atroces marques de sévices sont découverts dans des broussailles.
Selon différentes sources locales et concordantes contactées par RFI, et requérant l’anonymat, l’armée malienne aurait interpellé près d’une centaine de personnes, majoritairement peules, à partir du 3 septembre dernier et pendant environ une semaine, notamment le jour de la foire hebdomadaire de Sofara. Une dizaine aurait été relâchée.
Pour les autres, les craintes les plus vives sont exprimées : au moins trois corps ont déjà été retrouvés, dont un formellement identifié, à proximité du camp militaire de Sofara. Mais les sources interrogées évoquent en fait plusieurs dizaines de cadavres, retrouvés par des agriculteurs. Selon certaines sources, ce sont des soldats maliens eux-mêmes qui auraient indiqué les emplacements.
Ces derniers mois, la localité de Sofara a accueilli un grand nombre de déplacés internes ayant fui les combats entre jihadistes et groupes d’auto-défense dans le cercle de Djenné.
Sollicitée par RFI, l’armée malienne reconnait l’authenticité de la vidéo montrant les sévices subis par l’imam -« des sanctions disciplinaires ont été prises »-, mais ne reconnaît pas la centaine d’arrestation et encore moins les assassinats. « Vingt-deux personnes ont été arrêtées et sont actuellement à la gendarmerie de Sévaré pour fins d’enquête », assure la direction de la communication de l’armée malienne, « pour le reste tout est faux. On cherche à porter atteinte à la crédibilité des Fama. »
RFI