La COFOP au premier ministre Moctar Ouane : « L’administration de la Transition marche d’une manière bancale… »
Dans une note adressée au premier ministre de la Transition, Moctar Ouane, la Coalition des forces patriotiques (COFOP) a dénoncé le manque de concertation des autorités transitoires sur les réformes politiques et institutionnelles en vue. Cette coalition estime d’ailleurs que la transition n’a pas pour mission de réviser la Constitution ou refonder l’État, mais de créer un organe unique et indépendant en charge des élections ; d’organiser les élections législatives avec un scrutin proportionnel mixte ; d’organiser les élections présidentielles.
La Coalition des forces patriotiques, elle, a donné sa position au premier ministre sur la question. Dans sa lettre en date du 15 mars, elle a rappelé à Moctar Ouane que « la mise en œuvre de toute réforme politique et/ou institutionnelle doit obéir aux respects des institutions légales en place ».
Les défis immédiats de la transition selon la COFOP
Si les autorités transitoires se fixent comme objectif la refondation totale de l’État du Mali, y compris la révision de la constitution de 1992, la COFOP estime qu’elles exagèrent. Pour cette coalition, seule la création d’un organe unique et indépendant en charge des élections en vertu des recommandations du Dialogue National Inclusif ; l’organisation des élections législatives avec un scrutin proportionnel mixte conformément aux recommandations du Dialogue National Inclusif ; l’organisation des élections présidentielles sont les défis que doit relever la Transition.
Les autorités transitoires, selon Dr Abdoulaye Amadou Sy, doivent travailler à appliquer le contenu de la charte de la Transition. Elles doivent, à ce titre, assurer l’ordre et la sécurité dans tout le pays ; lutter contre la pandémie de la Covid-19 ; rassurer les partenaires au chevet du Mali depuis 2013 ; soutenir les acteurs au développement, notamment dans les secteurs agricoles, industriels et socioculturels. Mais la COFOP estime que les autorités de la transition ne doivent pas réviser la constitution. « Au regard des dispositions de l’article 118 de la Constitution de 1992 et de l’article 02 de la Charte de la Transition, les autorités de la Transition ne peuvent procéder ni à la Refondation de l’État malien et encore moins à la révision de la constitution », a précisé la COFOP dans sa lettre au premier ministre Moctar Ouane. A en croire cette coalition de partis politiques et d’associations, seul un président de la République légitime et les députés ont ce pouvoir de refondation de l’État et de la révision constitutionnelle. « Il faut rappeler qu’aujourd’hui, au Mali, il n’y a ni président de la République ni député », indique la COFOP qui ajoute que le président de la Transition et les membres du CNT n’ont pas la légitimité de réviser la constitution.
Le manque de concertation des autorités transition dénoncé
Après avoir déploré que la feuille de route de la transition a été au-delà de ses prérogatives, la COFOP insiste la nécessité, pour les autorités transition, de concerter tous dans leur démarche. « Il reste bien entendu que toute action politique envisagée aujourd’hui par les autorités de la transition doit être menée dans une large concertation, notamment avec les acteurs politiques, la société civile, les syndicats, et les groupes armés », insiste la COFOP. Or, déplore la coalition, les autorités de la transition travaillent seules, sans concertation. « La Coalition des forces patriotiques (COFOP) constate avec peine que l’Administration de la Transition (Gouvernement et CNT) marche d’une manière bancale, car elle évolue sans la classe politique », dénoncé la COFOP dans sa lettre au premier ministre. Selon elle, ce manque de concertation, s’il n’est pas réparé, risque de conduire à des « dérives avec une violation flagrante de la constitution de 1992 et notamment en ces articles 3 ; 4 ; 5 et 6 ».
La COFOP favorable à la tenue d’une conférence nationale
Le M5-RFP demande, depuis des semaines, aux autorités de la transition d’organiser une conférence nationale souveraine afin de discuter de tous les problèmes du Mali et formuler des recommandations de sortie de crise. Cette position est partagée par la Coalition des forces patriotique (COFOP). « Nous suggérons à S. E Monsieur le premier ministre, chef du gouvernement, au cas où le temps qui nous est imparti est disponible, de procéder à l’organisation d’une conférence nationale souveraine qui mettra à plat tous les problèmes qui assaillent aujourd’hui le peuple malien de leur trouver des solutions justes et durables », a-t-on indiqué dans lettre à Moctar Ouane.
Il faut préciser que le gouvernement de la Transition prévoit, dans ses actions, la révision de la Constitution du 25 février 1992.
Boureima Guindo
Source: Le Pays