Après le Sommet du G5 Sahel à N’Djamena : la leçon à retenir

Après le 7èmeSommet ordinaire du G5 Sahel dont les travaux ont pris fin hier, 16 février 2021 à Ndjamena au Tchad, il convient de passer aux choses concrètes. Face au sentiment du président français, Emmanuel Macron, de réduire le nombre de ses militaires présents dans le Sahel, les pays membres du G5 doivent forcément trouver d’autres mesures endogènes et collectives pouvant protéger les populations et stabiliser les localités concernées.

Aujourd’hui, personne n’ignore que les terroristes débordent déjà la bande sahélienne. Ainsi, les menaces s’étendent sur tous les pays de l’est et de l’ouest. Au même moment, la France qui a déjà montré ses limites, se trouve dans la dynamique de réduire considérablement son effectif. Une chose qui laisse forcément croire que la solution à cette situation sécuritaire se trouve en grande partie en Afrique. De ce fait, il faut seulement la bonne volonté et l’union sacrée entre l’ensemble des pays du continent.

Quel que soit le niveau d’engagement, les seuls pays du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad) ne peuvent pas vaincre ces terroristes qui ont eu tout le temps de s’organiser et de s’implanter sur la bande en l’absence des forces armées des pays concernés. Il faut également une bonne collaboration ou même une implication totale des autres pays partageant, ne serait qu’une portion du Sahel. Il s’agit du Cameroun, de la Gambie, de la Guinée, du Nigéria et du Sénégal. Même ceux du Sahara, bien que n’étant pas sur la bande sahélienne, doivent aussi se mobiliser aux côtés de leurs voisins. Là, il faut citer l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Libye, l’Égypte et le Soudan. C’est pourquoi, il faut saluer la présence du vice-président du gouvernement de transition du Soudan, Riek Machar, aux travaux de ce 7ème  Sommet du G5 Sahel à Ndjamena.

Dès lors, on peut comprendre le nouveau président en exercice de l’organisation (G5-Sahel), le président tchadien, Idriss Déby Itno, qui n’a pas tardé à déclarer : « Sur le terrain, la situation sécuritaire reste toujours préoccupante. La menace terroriste étend ses ramifications au-delà du Bassin du Lac Tchad et sur l’ensemble de la région sahélo-saharienne. Elle n’épargne plus les régions environnantes. Les groupes armés terroristes affiliés à la mouvance internationale d’Al-Qaeda, de l’Etat islamique du Grand Sahara, de DAECH et autres, continuent de monter en puissance, à la faveur de la situation de guerre en Libye. C’est pourquoi, il est impératif que nous consolidions le dispositif sécuritaire afin de l’adapter à la dimension de la menace. »

Ce qu’il faut comprendre, c’est que la lutte contre le terrorisme n’est pas une affaire d’une seule personne ou d’un seul pays. La zone dite des trois frontières (le Mali, le Niger et le Burkina Faso), considérée comme le fief des terroristes dans le Sahel, échappe toujours aux différentes forces étrangères qui y sont présentes, ainsi qu’à celles des trois pays. Les autres pays d’Afrique devraient, en ce moment, augmenter le niveau d’alerte. A défaut de venir combattre dans le Sahel, ils devraient renforcer niveau de sécurité de leurs frontières pour éviter les mouvements de ces groupes armés terroristes. A ce niveau, la bonne collaboration de l’Algérie peut beaucoup faciliter cette lutte dans le Sahel.

Unir les moyens et les efforts pour vaincre ! 

Pour mettre à bout les terroristes, il faut forcément unir les moyens et renforcer ceux qui existent déjà. Mieux, le président tchadien, Idriss Déby Itno, annonce l’envoi de 1200 soldats supplémentaires dans la zone des trois frontières. Une bonne initiative qui doit aussi motiver les autres pays à manifester selon leurs moyens possibles afin de mobiliser les troupes pour une montée en puissance. Même si le président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, affirme que leur plaidoyer constant « se poursuivra pour la mobilisation des ressources et la montée en puissance de la force conjointe du G5 Sahel en coordination avec le secrétariat exécutif », il faut tout de même reconnaître que la lutte contre le terrorisme se gagne toujours à travers des actions concrètes, pas de demi-mesure.

Ces actions concrètes, ces mesures nécessaires, c’est au nouveau patron du G5-Sahel de les engager avec le soutien de l’ensemble des pays concernés. Il s’agit de Idriss Déby Itno qui a pris les règnes de l’organisation lors de ce 7èmeSommet ordinaire. D’ailleurs son pays, le Tchad, n’a jamais caché son engagement pour la réussite des missions du G5 depuis sa création en 2014. La preuve, dans son discours, il n’a pas hésité à rappeler : « Notre détermination et notre engagement à soutenir le G5 Sahel n’ont jamais fait de doute. Nous avons toujours œuvré à l’unisson quand il est question de prendre de grandes décisions pour la survie et la bonne marche de notre Institution. En matière de lutte contre le terrorisme, notre stratégie militaire gagnera en efficacité si la Force conjointe du G5 Sahel et les Forces armées des pays du Sahel montent en puissance. A cet égard, la Force conjointe reste le noyau central de notre dispositif sécuritaire. C’est pourquoi, j’invite tous les Etats membres, à nous atteler à l’autonomisation complète de la Force conjointe, en la dotant des moyens financiers et logistiques propres. »

Ainsi avant de passer le témoin à son homologue tchadien, le président mauritanien, Mohamed Ould El-Ghazaouani, qui présidait jusque-là le G5 Sahel, a tenu à lui rendre hommage en ces termes: « Je voudrais lui exprimer toute notre reconnaissance pour les efforts et sacrifices que le Tchad ne cesse de consentir en faveur de la paix et de la sécurité dans la région. Je citerai en particulier sa décision de déployer un deuxième bataillon au profit de la Force conjointe du G5 Sahel.»

Une fois de plus, au regard des réalités du terrain, le terrorisme dans le Sahel ne doit plus être seulement une affaire des cinq pays qui constituent le G5. Aujourd’hui, beaucoup d’études ont démontré que les groupes terroristes qui opèrent dans le grand Sahara coordonnent des frappent avec d’autres présents dans le Sahel et jusque dans le Gourma, où la situation se trouve d’ailleurs beaucoup plus critique actuellement avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui apparaît désormais comme la nouvelle menace avec bien évidemment le soutien de ses alliés, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) de Iyad Ag Ghali, ainsi que la katiba Macina de Amadou Koufa.

Ousmane BALLO

SourceZiré

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