5ème édition de la semaine des Victimes : Des acquis obtenus, mais de fortes attentes demeurent
La seconde journée de la cinquième édition de la semaine des victimes, organisée par la Coalition Malienne des Défenseurs des Droits Humains (COMADDH), s’est déroulée à la Maison de la presse de Bamako. Le panel retenu pour la circonstance a porté sur «le droit à la vérité des victimes: acquis et atteintes des victimes ». Les victimes des différentes crises, notamment celles de 2012 ont massivement pris part à cet espace de partage et d’échange pour défendre encore leurs causes. Pour ainsi aborder le sujet qu’est le droit à la vérité, la COMADDH a fait appel à des sommités, notamment Me Fatoumata Dembélé Djourthé (modératrice), et comme conférenciers, le commissaire représentant de la CVJR (Commission, Vérité, Justice, Réconciliation), Mohamed Sidy Mohamed, et Mme Haïdara Aminata Maïga, présidente du Conseil national des victimes (CNV).
De 1960 à nos jours, dit Mohamed Sidy Mohamed, il y a eu plusieurs violations graves des droits de l’Homme au Nord, au Centre et au Sud du Mali. Pour réparer ces violations, dit-il, la CVJR a été créée par l’Etat malien qui a reçu plus 19200 dépositions à ce jour. Comme acquis, depuis sa création en faveur des victimes, souligne Mohamed Sidy Mohamed, l’on note la création de la CVJR elle-même, d’abord pour les victimes. Ensuite, dit-il, l’ouverture des antennes régionales CVJR pour la prise des dépositions ; la mise en place d’équipes d’enquêtes par la CVJR ; les audiences publiques qui ont permis aux victimes de s’exprimer sans contrainte pour que leurs maux soient connus par le monde ; l’accompagnement psychologique des victimes ; la politique de réparation engagée par la CVJR en faveur des victimes, etc. Et Mme Haïdara d’ajouter aux acquis, la condamnation de l’auteur de la destruction des monuments et mausolées de Tombouctou, le renforcement du cadre juridique de la réparation avec l’adoption de la loi n°2012-025 du 12 juillet 2012 portant indemnisation des victimes de la rébellion du 17 janvier 2012 et du mouvement insurrectionnel du 22 mars 2012 et son décret d’application, le judicieux travail des organisations des victimes.
Comme attentes, a ajouté le commissaire Mohamed Sidy Mohamed, il faut citer la reconnaissance publique des violations faites par l’Etat malien ; l’intégration du récit de la victime à la mémoire nationale (bibliothèque, musée, monument); la réparation (matérielle, morale, symbolique, financière) des victimes ; la prise en charge des victimes dans les besoins urgents ; la cohésion nationale, le vivre ensemble, la réconciliation nationale sans les quelles rien ne sera gagné. Comme attentes du côté des victimes, Mme Haïdara a fait savoir le couronnement du processus de la CVJR avec des recommandations fortes ; la mobilisation des victimes autour de leurs préoccupations; la poursuite du renforcement des capacités des victimes à travers des actions intenses de communication.
Hadama B. Fofana
Source: Lerepublicainmali