Nouvelle demande de suspension des négociations: l’UNTM met en garde l’État
La reprise des négociations entre le gouvernement et la centrale historique, l’Union nationale des travailleurs du Mali, a été repoussée à une date ultérieure. À la demande de la partie gouvernementale, les négociations ont été suspendues avec l’UNTM, le vendredi dernier, pour aller à un conseil extraordinaire des ministres afin d’apporter des éléments de réponse aux différents points du préavis. Hier encore, les autorités ne disposaient aucune réponse pour contenter les travailleurs. Puisque la nouvelle demande de report est son émanation. Peut-on éviter une nouvelle grève ?
Le bras de fer entre les autorités de la transition et l’Union nationale des travailleurs du Mali semble encore de beaux jours devant lui. Et pour cause ? La reprise du dialogue attendue hier a été à nouveau repoussée. Après avoir observé une grève de 72 heures, du 18 au 20 novembre 2020, et une autre de 5 jours, du 14 au 18 décembre 2020, sur toute l’étendue du territoire national, aucune perspective heureuse ne se dégage entre les deux parties. Ce qui présage une nouvelle grève de la centrale historique avec ses conséquences désastreuses sur l’économie nationale. En tout cas, à l’UNTM, on n’exclut pas ce nouvel arrêt de travail si les négociations échouaient avec la partie gouvernementale.
« Tout dépend de ce qui va être comme avancée dans le dossier avec la partie gouvernementale. Si nos revendications ne sont pas satisfaites, on ira en grève encore, il n’y a pas de doute. Comme elles ne sont pas pressées, nous aussi nous attendons », nous a confié hier Moustapha Guittèye, secrétaire aux revendications de l’UNTM.
À la suite de cette nouvelle demande de suspension, l’UNTM a adressé, hier lundi 21 décembre, une lettre aux militants. La lettre signée du secrétaire général, Yacouba Katilé, remercie les militants de la ‘’mobilisation plus qu’impressionnante que vous avez consentie pour soutenir la deuxième grève de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) du 14 au 18 décembre 2020 qui a encore mis à nu les échecs de nos adversaires, de nos ennemis du monde gouvernemental du monde politique en passant par de simples citoyens inconditionnels des causes perdues pourvues que l’argent, les promesses creuses soient distillées, voulaient ternir notre juste combat’’.
Les allégations mensongères sur des dirigeants syndicaux, régionaux, nationaux, les supputations sur notre engagement patriotique, qui brille comme soleil, sont passées sur vous, comme l’eau sur le beau plumage d’un canard, déclare-t-il. Avant d’ajouter : « Merci de votre confiance, merci de votre détermination à soutenir l’égalité des citoyennes et des citoyens, des travailleuses et des travailleurs devant le droit, devant la loi, devant la justice, devant la quête du bien-être, du progrès, dans les conditions opérationnelles égales. Stupide est l’idée que partout dans le monde existent des inégalités, des injustices, car il s’agit là de valider tout simplement le défi des prescriptions de notre créateur, Allah le Tout-Puissant. Tout Omniscient. Tout Miséricordieux, qui nous invite à être justes, sincères, droits, honnêtes, véridiques et à combattre le mal,
Camarades-Travailleuses et Travailleurs ».
Si la fin de cinq (05) jours bien remplis de débrayages justes, ouvre, sur demande du gouvernement, et avec insistance, la voie au dialogue, Katilé estime pourtant qu’il ne s’agit pas là de l’abandon de l’esprit de combat, de confrontation. Le secrétaire général met ainsi en garde : « nous nous irions à ses discussions avec les autorités ayant à l’esprit deux choses :
• La durée limitée des négociations, qui ne sauraient s’éterniser même en l’absence d’un préavis ;
• La détermination à avoir des accords susceptibles de rectifier les décisions, les mesures inégalitaires qui nous renvoient au rang de citoyens inférieurs, de travailleurs inférieurs quand bien même on est détenteur de parchemins qui mettraient tout homme, sous tous les cieux, à l’exception du Mali, au haut de la pyramide des salaires, des primes et indemnités, de la considération de la nation ».
Yacoubat Katilé appelle enfin les militants à rester donc sur le qui-vive, ‘’car à tout moment, l’action subite, ravageuse des avantages et des signes de supériorité factice, peut être décidée’’.
Dans un préavis de grève en date du 23 novembre 2020 adressé au ministre du Travail et de la fonction publique, porte-parole du gouvernement, l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) exige du Gouvernement la satisfaction de plusieurs points, dont l’éradication des disparités dans les conditions des travailleurs par l’établissement de la justice sociale ; la fin du calvaire des compresses à travers le paiement de leurs droits ; l’octroi aux partants volontaires à la retraite sans acception du droit à pension ; l’octroi du bénéfice de la prolongation des âges de départ à la retraite selon les catégories A, B2, B1 et C ; le Recrutement de 8600 jeunes diplômés dans les fonctions publiques par an, pendant 5 ans ; la normalisation de la carrière administrative des recrutés divers de l’enseignement, des catégories D-E de la fonction publique de l’État, dont les perspectives d’avenir, passent par la relecture corrective du Décret n°051/P-RM du 10 février 2011 ainsi que l’intégration des contractuels payés sur fonds propres des hôpitaux; la libération des domaines fonciers de l’ORTM et de l’IER illégalement occupés ; la transposition dans le secteur privé des augmentations de salaire obtenues en 2014 et 2019; l’éradication des violations de la liberté syndicale dans les services publics para- publics et privés notamment, à l’INPS, à la CMSS, SOMISY SA à SYAMA et à l’ambassade du Mali aux USA…
Dans le cadre du dénouement de la crise, l’UNTM a reçu, ce 17 décembre 2020, à la Bourse du Travail, les présidents de plusieurs chambres et représentations dont : la Chambre d’Agriculture (APCAM), le Conseil malien des Chargeurs (CMC), la Chambre des mines du Mali CMM), l’Assemblée permanente des chambres de métiers du Mali (Apcm), le Conseil national du patronat malien (CNPM). Aux termes de la rencontre, l’UNTM a accédé à leur demande de revenir à la table de négociation.
Info-Matin