Issa Kaou N’DJIM, leader du M5-RFP: ‘‘il faut que militaires et civils se mettent ensemble pour sauver le pays’’

Après la démission d’IBK, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’avenir le M5-RFP, ce mouvement hétéroclite qui est à l’origine des mouvements qui ont entrainé la chute du régime. Dans une interview publiée sur la plateforme Kewalé ce 20 août 2020, le coordinateur général de la CMAS, Issa Kaou N’DJIM, a levé un coin de voile sur cette question. Selon lui, l’objectif commun de toutes les organisations qui ont adhéré au M5-RFP était le départ du président IBK. Une fois cet objectif atteint, plus question d’ouvrir un autre front et chacun est libre de vaquer à ses affaires. Toutefois, il s’est dit convaincu que la chute d’IBK n’était qu’une étape dans le combat pour la préservation de notre pays, de la démocratie et de l’unité nationale. « C’est le plus dur qui commence maintenant. Il faut que militaires et civils se mettent ensemble pour sauver le pays. », a-t-il conseillé.

« Le président IBK a chuté. Personnellement, je n’ai pas apprécié la manière ; même si j’avais juré au nom d’Allah qu’il va démissionner. J’ai trouvé que la manière n’était pas très élégante. J’aurais souhaité que cette démission soit volontaire.
La vérité, c’est que le M5-RFP est une organisation hétérogène composée de partis politiques, de syndicats, d’Associations, de Mouvements et même d’engagement volontaire. Mais, nous étions tous d’accord que le problème du Mali, c’est IBK. Maintenant qu’il a chuté, il va falloir qu’on redistribue les cartes.
Ce qui est clair pour moi, en tant que coordinateur général de la CMAS, c’est d’accompagner le processus de sortie de crise pour qu’on puisse avoir une feuille de route pour la transition, qu’on puisse organiser des élections générales. Ma conviction personnelle, c’est aussi que les acteurs de la transition ne puissent pas prétendre à des postes électifs lors des prochaines élections.
Un autre défi sera de trouver une personnalité consensuelle pour diriger la transition. Il faut aussi savoir quelle est la position de la communauté internationale par rapport à la crise ?
Je ne suis pas d’accord qu’on qualifie les militaires de putschistes. S’il y a un putschiste, c’est bien IBK qui nous a mis dans cette situation.
Il s’agit pour nous, en tant que peuple malien, de se donner la main pour sortir le pays de cette crise. Et cela, sans partie pris, sans guerre de positionnement. Dans cette situation, il faut qu’il y ait un arbitre, mais si l’arbitre est dans le jeu, ça poser un problème. Et aujourd’hui, l’armée doit jouer le rôle d’arbitre. Elle doit mettre tout le monde d’accord pour une sortie de crise. Parce que, on ne peut accepter ni le chaos, ni le désordre. Il fait que l’armée joue ce rôle d’arbitre. On ne va pas permettre que certains fassent de la surenchère. Je suis conscient que les militaires sont, eux-mêmes, conscients des enjeux. C’est des gens qui sont avertis, ils connaissent les problèmes du pays.
Je l’ai toujours, même avant sa chute, que le M5 n’est pas fort, mais c’est IBK qui est faible. Vous avez tous été témoins de la manière dont il a été arrêté. Parce que la force réside dans votre capacité à résoudre les problèmes et à avancer. IBK ne résout pas une crise, il l’entretient. Il a trainé les pieds jusqu’à ce que le monde entier s’implique. Mais entre nous Maliens, ça été géré en 24 heures. Aujourd’hui, je pense qu’il s’agit de mettre en place cette structure transitoire et à avancer rapidement. Sinon, ce qui était fondamental pour le M5-RFP, c’est le départ d’IBK.
L’idéal serait qu’on puisse rester ensemble pour continuer le combat. Dans le cas contraire, chacun va vaquer à ses affaires. On ne va prendre personne en otage. Il va falloir qu’on rassemble le peuple pour défendre le pays contre ceux qui veulent nous distraire.
Il y a beaucoup de rumeurs sur les organisations sous régionales et régionales. Mais l’essentiel est que nous les Maliens restent ensemble. Autant, nous nous avons besoin de la CEDEAO, autant elle a aussi besoin de nous. Il faut que nous les Maliens, nous sachons ce que nous voulons. Nous voulons préserver notre pays, notre dignité. Donc, nous sommes avec notre peuple. Et nous allons nous mettre ensemble pour un objectif clair : c’est la préservation de la démocratie sur la base de l’unité nationale et l’intégrité du territoire. Et l’armée ne peut pas rester en marge de cela. Notre armée, elle, est républicaine, elle est patriotique et nous la soutenons clairement sur la base de ce principe. Il faut que les Maliens de l’intérieur et de l’extérieur du pays comprennent que le plus difficile, c’est maintenant, à savoir, comment sauver le pays. Il faut que militaires et civils se mettent ensemble pour sauver le pays. C’est ça notre vision des choses et on n’est plus prêt à ouvrir un autre front ».

Par Abdoulaye OUATTARA

Info-Matin

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