Aujourd’hui l’économie : La longue marche des femmes au travail

 

202 années… plus de deux siècles ! C’est le temps qu’il faudra attendre, au rythme où vont les choses, pour que les hommes et les femmes atteignent la parité économique. Autrement dit, une participation égale au monde professionnel dans des conditions égales…notamment pour le salaire ! Mais aussi dans l’accès au financement par exemple. C’est le dernier rapport du « Forum économique mondial » sur l’écart entre les hommes et les femmes dans le monde qui le dit.

Comme chaque année depuis 2006, les données de plus de 140 pays ont été passées au crible en matière de « survie », d’accès à l’éducation, à la santé, à la politique et donc aussi de représentation des femmes dans le monde économique. Avec la représentation en politique, c’est ce qui met le plus de temps à se construire.

Concernant le travail, la situation s’est un tout petit peu améliorée par rapport à 2017. L’écart des revenus entre hommes et femmes s’est légèrement comblé. Et il y a plus de femmes à des postes de direction et dans les professions libérales.

Mais il y a aussi des reculs

Il y a moins de femmes cette année sur le marché du travail. Parce que -c’est une évidence dans de nombreux pays- se charger des enfants mais aussi de parents vieux ou malades continue d’être une tâche affectée aux femmes. Elles y passent deux fois plus de temps que les hommes.

Une activité par définition non rémunérée et qui a un impact sur le temps passé au travail et sur le salaire, surtout quand le pays n’offre pas la garde d’enfants ou les congés.

Le rapport pointe aussi la transformation du monde du travail.

Dans les entreprises, il y a un recours croissant à l’automatisation des tâches… des tâches occupées le plus souvent par des femmes.

Et puis, il y a l’essor de la STIM dans l’économie. STIM pour « Science, Technologie, Ingénierie, Mathématiques », secteurs d’activités où les femmes sont sous-représentées.

Est-ce ce que ça veut dire que les femmes sont exclues du monde économique de demain ?

En tout cas, le peu de place qui leur est accordée, dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA) par exemple, inquiète. Elles ne représentent que 22% des effectifs de l’IA. Et elles sont bien souvent exclues des postes à responsabilité. Plutôt qu’ingénieure ou responsable informatique, elles seront dans la gestion, l’analyse des données, chercheuses, enseignantes… mais pas cheffe. Cela ne concourt pas à leur visibilité ni à leur progression sociale et salariale !!

Or, c’est un problème parce que l’IA est en train de définir le travail de demain. Si les femmes sont marginalisées aujourd’hui dans ce secteur, elles finiront par l’être dans le monde du travail en général. Pour les auteurs du rapport, il faut à tout prix investir dans la formation pour empêcher la marginalisation qui se dessine.

Est-ce qu’il y a des leviers efficaces pour améliorer la place des femmes dans la sphère économique ?

Plusieurs études ont montré que plus de diversité dans l’entreprise améliorait ses performances. Mais aussi la santé économique des Etats. Pour le FMI, si la parité économique devait se réaliser par exemple aux Etats-Unis, le pays produirait 5% de richesses en plus…

Cette parité, elle existe en Colombie, aux Philippines et au Laos par exemple. Mais surtout dans les pays du nord de l’Europe, comme l’Islande, premier pays au classement depuis dix ans. Là-bas, on a mis un coup d’accélérateur en janvier dernier en inscrivant dans la loi l’obligation pour les entreprises de garantir un salaire égal entre hommes et femmes (à poste égal bien sûr) sous peine d’une amende. C’est le premier pays à le faire !

La France, une des économies les plus inégalitaires du G20, vient de présenter un outil d’évaluation inspiré du Danemark. Il impose aux entreprises d’afficher leurs efforts en terme de parité.

Sans quoi, elles seront sanctionnées financièrement.

Au Danemark, cela s’est avéré efficace. La transparence imposée en 2006 aurait permis de réduire l’écart des salaires hommes-femmes de 6%. Reste à savoir si les entreprises françaises joueront le jeu ou si elles attendront deux siècles.

Dans le classement, l’Afrique apparaît à travers la chute de deux places du Rwanda, bon 6ème quand même, mais qui a fait moins bien cette année pour la place des femmes au travail. L’Afrique du nord et le Moyen-Orient sont toujours les régions où l’ont fait le moins d’efforts pour intégrer les femmes à la sphère économique.

Source : RFI

 

 

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