« Quelle piste de sortie de crise ? » au Mali : L’ORTM donne la parole à d’éminents juristes !
Le débat politique de la télévision nationale de ce samedi 25 juillet 2020 intitulé « En toute franchise » s’est porté sur des questions relatives à la médiation de sortie de crise sous-régionale conduite par la CEDEAO, la décision d’abrogation de la cour constitutionnelle ainsi que l’appel au dialogue du président de la République
Ce débat basé sur la crise socio-politique qui sévit notre pays depuis plusieurs semaines a été très houleux entre les deux invités à savoir : Me Mohamed Ali Bathily, Avocat, ancien ministre et membre du comité stratégique du M5-RFP et Dr Fousseyni Doumbia, professeur en Droit constitutionnel, tous juristes.
Vu l’ampleur inquiétante qu’a pris cette crise, la CEDEAO a dépêché une mission de médiation pour aider le Mali à trouver une issue favorable à cette impasse.
Pour Me Bathily, la mission des chefs d’État de la CEDEAO est à saluer car elle est survenue dans un contexte où la crise malienne a pris de l’ampleur. « Les chefs d’État n’étaient pas venus avec des solutions faites. La mission s’est déplacée pour venir écouter les différentes parties. Donc pour nous, c’est une mission d’écoute et non de solution », a déclaré Me Bathily.
En abordant sur la question de la main tendue du président de la République, Me Bathily pense qu’au Mali, il n’y a jamais eu autant de dialogues qu’avec le régime actuel, mais pour lui jusque-là les lignes n’ont pas bougé. « On a tendu la main, elle a été acceptée, mais est-ce que son acceptation vaut l’effectivité du dialogue ? » se demande-t-il.
Selon Dr Doumbia, la médiation de la CEDEAO est arrivée dans notre pays parce que nous n’avons pas été en mesure de trouver de solutions à notre propre crise. « Il y avait des opportunités de médiation avec les différentes couches sociales et politiques du pays. La société civile avait entamé des médiations qui n’ont pas abouti », a déclaré Dr Doumbia.
Selon Dr Doumbia pour qu’un dialogue soit sincère, il faudrait que les parties s’inscrivent dans la même dynamique d’une sortie de crise. « Il y a dans cette crise l’inexistence de l’objet réel de la discussion, on ne peut pas dialoguer dans la division totale, les parties doivent connaitre l’objectif de leurs discussions pour pouvoir trouver ensemble une solution favorable à tous. », dit-il.
« En terme Juridictionnelle, le président a le droit de remembrer la cour constitutionnelle, mais abroger son décret de nomination est une violation flagrante de la constitution », martèle Me Bathily.
En abordant dans le même sens, Dr Doumbia pense que, quand on est confronté à une crise, il est extrêmement difficile de respecter l’État de droit. « Il est difficile d’endosser la violation de la constitution à la responsabilité du président de la République, c’est vraiment injuste car il y a un gardien juridictionnel de la constitution qui est la cour constitutionnelle. C’est elle qui doit veiller sur la bonne marche de la constitution », a-t-il entonné.
Ibrahim Djitteye, stagiaire
Source: Le Pays