Sortie de la crise sociopolitique : Dissoudre l’Assemblée Nationale, la solution ?
Selon plusieurs analystes, la dissolution de l’Assemblée Nationale, ajoutée aux mesures déjà annoncées, devraient calmer les ardeurs des contestataires du M5-RFP et permettre au pays de retrouver sa stabilité.
Si le prix à payer pour retrouver la sérénité d’avant le 5 juin 2020 (première sortie de contestation du pouvoir) est de sacrifier les députés actuels en dissolvant l’Assemblée Nationale, pourquoi ne pas le faire ? Telle est la question qui brûle désormais toutes les lèvres dans les salons feutrés de Bamako et de l’intérieur du pays.
En effet, plus d’un observateur souligne que la plupart des leaders du M5-RFP ont des ambitions légitimes de peser dans la gouvernance du pays. Même si certains d’entre le nient. Nul n’ignore que Dr Choguel K. Maïga du MPR, Me Mountaga Tall du CNID, Cheick Oumar Sissoko de EMK, Konimba Sidibé du MODEC, Moussa Sinko Coulibaly de la LDC, Oumar Mariko de SADI, Me Mohamed Ali Bathily, Nouhoum Sarr du FAD, Issa Kaou N’Djim de la CMAS ne cracheraient pas aujourd’hui sur des sièges de députés pour eux-mêmes ou des cadres de leur parti ou mouvement. Ce d’autant que les dernières élections législatives les ont quasiment laminés avec des résultats ridicules…
Au même moment, le RPM, l’ADEMA et d’autres partis s’en sont bien sortis avec plusieurs élus du peuple. Et, de toute évidence, comme aime à le dire Moussa Mara, celui qui est bien élu sera réélu si l’élection venait à être annulée pour lui faire perdre indûment son mandat.
Si donc les partis représentés à l’Assemblée Nationale s’estiment bénéficier de la confiance de leurs électeurs, ils ne doivent pas craindre la dissolution de l’Hémicycle qui les renverrait devant ces mêmes électeurs pour des questions de transparence. C’est pourquoi l’on se demande pourquoi IBK se refuse à dissoudre l’institution, alors que mêmes ses amis politiques le lui demandent avec insistance pour aider à une sortie de crise.
Dans une récente lettre ouverte, des intellectuels maliens comme Me Mamadou Ismail Konate, ancien ministre, avocat, écrivain ; Modibo Dicko, Ingénieur thermo-énergéticien, ancien fonctionnaire international OMS/Genève et Yachim Maïga, Ingénieur, consultant en communications stratégique, auteur du livre : Mali, Pouvoir de la démocratie chiffonnée, appellent IBK à se surpasser… « Vous ne pouvez ignorer que près des trois quart du territoire national ne sont pas toujours accessibles en raison de ce que ces espaces sont soumis au joug des islamistes et des djihadistes. Ces terroristes ne sont qu’à une encablure de Bamako ! Einstein ne disait-il pas qu’« Il n’existe que deux choses infinies, l’univers et la bêtise humaine… mais pour l’univers, je n’ai pas de certitude absolue. ». Et ces intellectuels d’ajouter ; « Ne donnez pas raison à Einstein. Sachez mettre votre pays au-dessus de votre personne, sinon vous sacrifierez le premier ! Monsieur le Président, sauvez ce qui peut l’être encore pendant qu’il est temps
Faites l’histoire en acceptant de vous sacrifier pour le Mali. « Le Mali d’abord », n’est-ce pas votre slogan de campagne de la ~présidentielle de 2013 ? » ; Et Me Mamadou Ismaïl Konaté et ses amis de proposer : la dissolution de l’assemblée nationale, l’abrogation du Décret de nomination du Premier ministre, la nomination d’un nouveau Premier Ministre et des membres du gouvernement, le tout, de manière consensuelle avec le M5 RFP ; la mise en place préalable d’une Commission chargée de l’audit des comptes et politiques publics ; l’ouverture d’enquêtes judiciaires à l’encontre de toutes personnes impliquées ou susceptibles d’être impliquées dans le détournement de deniers et de crédits publics.
Toutes ces propositions ne sont pas au dessus des capacités du chef de l’Etat, qui a désormais les clés de la solution à cette crise sociopolitique qui n’a que trop duré.
Bruno D SEGBEDJI
Source: Mali-Horizon