Coronavirus en France: l’épidémie toujours très active, le Charles de Gaulle touché
L’allègement progressif du confinement est promis à partir du 11 mai mais les incertitudes économiques, sociales comme médicales restent très nombreuses sur l’épidémie de coronavirus qui a fait plus de 17.000 morts en France et sévit jusqu’au porte-avions Charles de Gaulle dont plus d’un tiers des marins ont été testés positifs.
Près de 670 marins, sur les 1.767 que compte le porte-avions, ont été testés positifs au Covid-19 depuis son retour anticipé en France dimanche. Un bilan temporaire, encore amené à gonfler car “30% de ces tests n’ont pas encore livré leurs résultats” et “la campagne de tests est encore en cours”, selon le ministère des Armées.
L’origine de la contamination n’est pas encore connue et des questions se posent sur la gestion de la crise à bord. Une enquête de commandement a été ordonnée “afin de tirer tous les enseignements”.
Face aux risques de transmission de la maladie dans ses entrepôts, Amazon, sommé par la justice de limiter ses livraisons aux seuls produits essentiels sous peine d’amende, a de son côté annoncé la fermeture de ses sites français à partir de ce jeudi à la mi-journée.
Objectif: nettoyer les entrepôts et évaluer les risques face au Covid-19 pendant cette période de fermeture, alors que la justice a considéré que le géant américain n’avait pas assez pris en compte la santé et la sécurité de ses salariés et lui ordonnait de limiter ses livraisons aux produits alimentaires, d’hygiène et médicaux.
Les inquiétudes sur la santé des travailleurs sont au coeur des préoccupations des Français, avec une reprise de l’activité prévue le 11 mai, date de l’allègement du confinement annoncée par le président Macron. A ce moment-là, “on ne va pas passer du noir au blanc, on va passer du noir au gris foncé”, a prévenu mercredi le président du Conseil scientifique du gouvernement devant la mission d’information de l’Assemblée sur le Covid-19.
“Il s’agit d’un continuum, il n’y aura pas un avant et un après. Il faut faire extrêmement attention à ça, sinon le virus peut repartir”, a mis en garde le Pr Jean-François Delfraissy.
– Baisse des hospitalisations –
Des petites lueurs d’espoir apparaissent toutefois dans la crise du coronavirus, avec pour la première fois depuis le début de l’épidémie une baisse du nombre d’hospitalisations, avec 513 personnes de moins en 24 h.
Le milieu médical reste cependant prudent sur l’évolution de l’épidémie qui a fait 17.167 morts dans le pays depuis début mars, 10.643 à l’hôpital et 6.524 dans les Ehpad et autres établissements médico-sociaux (où sont désormais recensés près de 40% des morts), sans compter les décès à domicile.
Les chiffres dans les hôpitaux témoignent du “début d’un reflux. C’est le fruit du confinement (…), le virus a moins circulé et on a moins de nouveaux cas”, a souligné jeudi l’infectiologue Odile Launay (du centre de vaccinologie de Cochin) sur CNews.
Mais difficile d’évaluer la dynamique de l’épidémie: “On sait que la grippe et d’autres épidémies hivernales disparaissent avec l’été. Mais on n’est pas du tout sûr de ça avec le coronavirus”.
A partir du 11 mai, près de 18 millions de personnes à risque devront rester confinées, selon le Pr Delfraissy devant la commission des lois du Sénat. Pour le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, il faudra conserver “dans les semaines et les mois qui viennent ces mesures barrières, ces gestes assez peu naturels de distanciation physique et sociale, pour protéger en permanence les personnes les plus vulnérables”.
Et selon le Pr Delfraissy, le déconfinement devra être reporté si des conditions indispensables – un nombre suffisant de tests de dépistage et un système de traçage des contacts des nouveaux cas identifiés – ne sont pas réunies.
– Effondrement des créations d’entreprises –
Cette éventuelle reprise d’activité d’ici moins de quatre semaines apporte son lot de polémiques, comme celle liée à l’annonce de la réouverture des crèches et établissements scolaires, à l’exception de l’enseignement supérieur.
Les critiques sont d’autant plus virulentes que bars, restaurants et salles de cinéma resteront fermés. En outre, l’économie ne doit plus compter sur les festivals d’été, dont beaucoup ont d’ores et déjà renoncé comme les Vieilles Charrues.
Très attendu sur son “plan complet de sortie” du confinement, le gouvernement table désormais sur une récession encore plus grave que prévu, avec avec une chute de 8% du Produit intérieur brut (PIB) en 2020. Et les créations d’entreprises se sont effondrées de 25,5% au mois de mars, a rapporté jeudi l’Insee.
Le plan d’urgence destiné à soutenir entreprises et salariés s’élève désormais à 110 milliards d’euros.
Le chômage partiel concerne maintenant 8,7 millions de salariés, a indiqué la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, “plus d’un salarié sur trois”, pour un coût à ce stade de 24 milliards d’euros.
Le gouvernement a également annoncé mercredi des primes pour les soignants et des aides pour les ménages les plus défavorisés.
burs-may/alu/swi