Justice : Les magistrats dénoncent « l’immixtion intolérable » du gouvernement
Les magistrats, à travers leurs syndicats (SAM et Sylima) dénoncent « l’immixtion » du gouvernement dans « le traitement des dossiers judiciaire », dont la convocation de l’influent leader religieux, l’imam Mahmoud Dicko, le mardi dernier.
Convoqué, le 03 mars dernier, par le procureur de la République près le Tribunal de grande instance de la Commune V, pour des propos tenus lors de son dernier meeting, l’Imam Mahmoud n’aura pas le temps de s’y rendre, car des milliers de ses partisans sont descendus dans la rue pour refuser qu’il se présente devant le procureur.
« Le SAM et le SYLIMA, tout en attirant gravement l’attention des maliennes et des maliens sur l’état actuel de fragilité extrême de notre République et de nos Institutions, font observer que ce regrettable dysfonctionnement de l’appareil judiciaire est dû d’une part à l’incivisme de quelques citoyens et, de l’autre, à l’immixtion intolérable du Gouvernement de la République dans les affaires judiciaires alors même qu’il se devait tout simplement de réunir les conditions requises pour que force ne reste qu’à la Loi et à elle seule», ont déclaré dans un communiqué le syndicat autonome de la magistrature et le syndicat libre de la magistrature. (Sam et Sylima)
Les magistrats dénoncent notamment l’intervention d’un ministre de la République : « à la suite du discours prononcé le 29 février 2020 par Mahmoud DICKO lors d’un meeting politique, le Procureur de la République près le Tribunal de Grande Instance de la Commune V du district de Bamako a ouvert une enquête préliminaire à l’effet de savoir l’exactitude et la connotation réelle des propos tenus à l’occasion.
Dans le cadre de cette enquête, le Procureur de la République a invité, sur convocation, l’intéressé à se présenter à son Parquet le 03 mars 2020. Une foule nombreuse a bloqué l’accès du Cabinet du Procureur de la République au dignitaire religieux qui, en bon citoyen, avait voulu déférer à ladite convocation. Dans la foulée, un ministre de la République se serait rendu au domicile du Sieur DICKO et lui aurait présenté les excuses du Gouvernement tout en lui notifiant l’annulation de la convocation judiciaire».
Pour les magistrats le gouvernement a failli. Car, il se devait tout simplement de « réunir les conditions requises » pour que force ne reste qu’à la Loi et à elle seule. Prenant à témoin le peuple, les syndicalistes dénoncent une «posture antirépublicaine du gouvernement» qui conduit inéluctablement notre nation à une issue « inconnue et malheureuse ». Aussi, le SAM et le Sylima invitent les Maliens au respect des institutions et des Lois de la République et engagent les magistrats à la plus grande vigilance en vue de la consolidation de l’indépendance de la magistrature».
Mémé Sanogo
Source: L’Aube