Le régime IBK acquiert une nouvelle légitimité

Contesté par la rue qui l’a contraint à surseoir à la révision constitutionnelle en 2017, discrédité et affaibli par la crise post-présidentielle de 2018, ayant failli dans ses missions régaliennes de rétablir la paix, la sécurité, la cohésion nationale et la stabilité, toutes les institutions constitutionnelles étant frappées de caducité à l’exception du seul président de la République, régulièrement secoué par les revendications catégorielles, le régime IBK avait besoin d’une nouvelle légitimité.

Il l’a obtenue avec le dialogue national inclusif dont les travaux ont pris fin, hier dimanche, après une semaine d’intenses débats. Les participants, venus de toutes les régions – y compris Kidal – et de l’ensemble des couches socioprofessionnelles ont, en effet, formulé quatre résolutions qui mettent le pouvoir en place en phase avec l’opinion majoritairement exprimée par les populations, le plus souvent sur fond de colère et de désaveu.

La première se rapporte à la mise en place d’une nouvelle Assemblée nationale au plus tard le 2 mai 2020, pour en finir avec les prorogations inconstitutionnelles largement décriées et décrédibilisantes pour la démocratie malienne.

La seconde à l’organisation d’un référendum constitutionnel pour lever certains écueils à la mise en œuvre de l’accord pour la paix, améliorer le processus électoral et approfondir la décentralisation. La troisième a trait  » au redéploiement immédiat sur l’ensemble du territoire national des forces de défense et de sécurité reconstituées « . Ce qui revient à dire que le gouvernement doit se donner tous les moyens surtout financiers pour réaliser l’opération démobilisation – désarmement-réinsertion (DDR) qui, plus de quatre années après la signature de l’Accord d’Alger, en est encore à ses balbutiements. Etant donné qu’il n’a pris en compte à ce jour qu’un petit millier sur les 30 000  » ex-combattants de la rébellion  » inscrits.

Enfin, la quatrième résolution est relative à la relecture de certaines dispositions dudit accord d’Alger selon, bien sûr, les mécanismes prévus par le document lui-même. Un sujet qui a fait monter d’un cran le thermomètre politique ces temps-ci. Il n’est pas douteux que le président IBK donnera sa caution à ces résolutions qui seront  » soumises à (sa) décision « .

Outre ces résolutions  » un chronogramme d’actions prioritaires  » que le gouvernement est tenu de réaliser a été adopté. Il prend en compte les préoccupations exprimées par rapport aux thématiques débattues :  » paix, sécurité et cohésion sociale « ; « politique et institutionnel »;  » gouvernance « ;  » social « ; « économie et finance  » ; « culture « ;  » jeunesse et sport « . Pour l’essentiel elles ne sont pas en contradiction avec le programme gouvernemental en cours d’exécution. On relèvera toutefois le dialogue préconisé avec Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa  » pour ramener la paix au Mali  » les deux hommes étant des cibles privilégiées pour nos alliés français et américains. Sans compter que la question est loin de faire l’unanimité au plan interne.

La réduction du train de vie de l’Etat ou celle de la taille du gouvernement sont des sujets sur lesquels le président IBK n’a pas semblé accorder une importance particulière en plus de six ans de gouvernance. Quant à l’application de la loi portant code des personnes et de la famille, n’est ce pas reveiller le chat qui dort ?.

Mais le plus difficile est peut-être à craindre des forces politiques et sociales qui ont boycotté le dialogue national inclusif. Elles ne devraient s’épargner ni les marches à répétition ni les grèves cycliques – leurs armes habituelles – pour faire échec à la mise en œuvre des résolutions et autres  » actions prioritaires  » annoncées.

Saouti HAIDARA

Source: l’Indépendant

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