80 jours sans justice au Mali : Le président IBK accusé de silence coupable
Les magistrats du Mali ont entamé depuis bientôt trois mois une grève devenue illimitée par la suite, à la demande des deux syndicats de la magistrature que sont le SAM et le SYLIMA. En cause, les principales revendications suivantes : revaloriser la fonction de magistrats en alignant le salaire du magistrat malien à celui de leurs collègues la sous-région, la sécurisation du corps par le renforcement des effectifs d’agents de sécurité au niveau des tribunaux et l’octroi de garde rapprochée aux magistrats. Faute de résultats des pourparlers de sortie de crise, le Premier ministre a eu recours à la réquisition des magistrats en pleine grève. Une mesure draconienne qui intervient dans la foulée d’informations persistantes sur une vague de mutations en vue dans le but de disperser les plus intransigeants.
Les deux syndicats se sont réunis en Assemblée Générale Extraordinaire conjointe, le 10 octobre 2018, pour apporter une réponse au décret du 9 octobre 2018 du Gouvernement tendant à réquisitionner leurs militants. Le conclave s’est conclu sur sept points à travers lesquels les magistrats requis sont invités à refuser de se soumettre au décret du Gouvernement qu’ils jugent illégal et engage les deux syndicats à saisir l’Organisation Internationale du Travail (OIT) aux fins d’annulation du décret gouvernemental et d’affirmation de leur liberté syndicale et du droit de grève. Les magistrats réclament en outre la récusation de leur collègue Président de la Cour Suprême, Nouhoum Tapily, pour forfaiture et violation de son serment et envisagent pour ce faire une saisine des instances juridictionnelles nationales et internationales.
Ce n’est pas tout. Elle exige dans la même veine la démission du PM Soumeylou Boubèye Maiga, du ministre de la Justice Tiénan Coulibaly et de Madame DIARRA Racky TALLA, ministre de la Fonction Publique, pour haute trahison et pour complot contre la sûreté de l’Etat conformément aux dispositions de l’article 95 de la Constitution du Mali du 25 février 1992.
En attendant que le Président du Conseil Supérieur de la Magistrature et garant de l’indépendance de la magistrature sorte de son silence coupable, des innocents sont injustement retenus et des coupables relaxés. C’est la déduction qu’on peut faire de l’intention du gouvernement de remplacer les magistrats requis par des agents de police. Et dire qu’on peut en faire l’économie tous ces désagréments si IBK sortait de son silence pour désamorcer la tension.
80 jours sans justice Mali président IBK accusé silence coupable
Amidou Keita
Source: Le Témoin