20 Janvier : Que de défis à relever pour l’armée malienne !
Comme à l’accoutumée, l’événement consacré au 60e anniversaire de l’Armée malienne s’est déroulée, le mercredi 20 janvier 2021. Ce, malgré que le pays est à feu et à sang dans ses Régions du Centre et du Nord où, à l’instar des populations civiles, les troupes maliennes, africaines et étrangères sont en train de tomber sous les balles des terroristes et des séparatistes. A cause de cette amertume circonstance, à Kati, il n’y a pas eu, comme d’habitude, d’imposants défilés militaires. Mais, juste un symbolique dépôt de gerbe de fleurs au pied du monument du soldat inconnu accompagné d’une remise d’un chèque de plus de 2,2 Milliards de francs CFA aux familles des militaires tombés sur le front puis la pause de la première pierre d’un Hôpital militaire d’importantes capacités d’accueil à Banankoroni marquant la journée. A la veille, sur les antennes de la Télévision nationale, le Président de la Transition, Bah N’Daw, s’est adressé à la Nation en général en exhortant singulièrement les forces armées et de sécurité à plus de sacrifice, de don du sang de soi et de preuve de patriotisme face aux innombrables défis majeurs auxquels le pays est durement confronté.
Il y a soixante ans, jour pour jour, depuis que l’Armée malienne a été portée sur les fonts baptismaux suite à l’évacuation des Bases militaires coloniales françaises du territoire malien à la demande du feu Président Modibo Kéïta et de son parti unique, l’US-RDA (Union Soudanaise du Rassemblement Démocratique Africain).
Circonstances obligent, le présent anniversaire, célébré dans un climat de sobriété sans précédent, a été placé sous le signe d’un appel pressant à l’engagement patriotique de tous les Maliens et de solidaire et hautement patriotique autour des FAMA ».
« A tout Seigneur tout honneur », comme le dit l’adage, le Président de la Transition, Bah N’Daw, a eu, cette année, l’honneur de lancer un appel pressant aux FAMA et au Peuple malien tout entier. Dans son adresse à la Nation radiodiffusé télévisé, il a placé cet anniversaire militaire de plus dans un contexte tout à fait particulier. Il y révéla que le cap pour sortir le pays de la crise multidimensionnelle qu’il traverse depuis 2012 est fixé le 25 septembre 2020, date de sa prise de fonctions à la tête de la Transition politique en cours. Dans son discours de circonstance, le Chef de l’Etat a réitéré l’engagement de son Gouvernement pour la paix et la sécurité pour tous ainsi que pour la modernisation et la professionnalisation des forces armées et de sécurité maliennes. Il insistera aussi et surtout sur la reconnaissance des plus hautes Autorités nationales et du consentement de l’écrasante majorité silencieuse du Peuple malien à la présence effective des troupes étrangères en général et de celles françaises de Barkhane en particulier sur le sol malien dans le cadre de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel.
En ses qualités de Commandant en Chef Suprême des forces armées et de sécurité nationales, le Président Bah N’Daw a procédé à un dépôt traditionnel de gerbes de fleurs au pied du monument du soldat inconnu pour rendre hommage aux martyrs et à tous les soldats étrangers maliens et étrangers tombés sur le front pour la paix et la Démocratie au Mali, principalement dans les Régions du Nord et du Centre du pays.
Cette année, l’événement a été fêté dans un climat de sobriété totale mais tout riche en couleurs et plein de signification. La cérémonie symbolique a réuni au camp Soundjata Kéïta de Kati juste une brochette d’Officiers supérieurs, Sous-officiers et Hommes de rang autour d’une Délégation des Autorités des différentes Institutions de la Transition en place. Après la traditionnelle revue des troupes en compagnie des Chefs de la hiérarchie militaire, un accent particulier a été mis sur la bravoure et l’engagement des soldats maliens et étrangers sur le front, dans les Régions du Nord et du Centre du pays.
Pour l’amélioration des conditions de vie et de travail de ses forces armées et de sécurité, le Chef de l’Etat rassurera que beaucoup de moyens vont être mobilisés et déployés sur le terrain. Il a déclaré que les dispositions sont déjà prises à cet effet par les Autorités compétentes de la Transition aux commandes du pays. Selon lui, les mesures qui en cours s’articulent sur neuf (9) chapitres essentiels.
Dans le cadre de la loi de programmation militaire, le Président Bah N’Daw soulignera qu’une nouvelle phase est en cours pour préserver les acquis. Et il promet que, sous la Transition, les troupes de l’Armée malienne, majoritairement rajeunie, seront toutes dotées d’équipements modernes et réarmées tant moralement que matériellement à travers le renforcement des capacités techniques et l’amélioration des conditions de vie et de travail des effectifs. Il a renouvelé sans ambages la sollicitation de son Gouvernement de l’appui des partenaires du Mali dont les troupes françaises de Barkhane.
Les préalables
Cependant, force est de constater que beaucoup reste à faire. Dans plusieurs domaines, la situation reste inchangée et le phénomène de corruption, de détournement des Biens et Budgets des vaillants soldats sous les balles des terroristes persiste dans tous les rouages de l’Etat et de l’Armée.
Concernant les bavures militaires et les actes de violation des Droits de l’Homme dans (surtout) les Régions du Centre, force est de reconnaître également que la situation reste préoccupante et la lutte demeure prioritaire dans tous les domaines. Or, pour qu’une Armée triomphe face à l’ennemi, il faut l’apport et la collaboration active et en toute confiance des populations locales. Donc, il est un devoir impératif de l’Etat de travailler dans ce sens. D’où, l’appel du Président de la Transition aux Forces armées et de sécurité nationale au respect strict des Droits humains par tous soldats et agents de sécurité en mission sur le front et auprès des populations civiles cohabités sur le terrain.
Dans ce cadre, le Gouvernement de la Transition doit œuvrer inlassablement à la restauration de la confiance et à la réconciliation entre populations locales et Armée nationale.
Situation des victimes sur le front prise en compte ?
Outre sa déclaration, le Président de la Transition a procédé à la remise officielle d’un chèque de 2,261 Milliards de francs CFA aux Représentants des 91 familles des militaires tombés sur le front dans les Régions du Nord et du Centre du pays.
Cette année, l’anniversaire des FAMA a servi d’occasion pour les Autorités compétentes d’effectuer la pause de la première du projet de construction d’un Hôpital militaire ultra moderne à Banankoroni, à environ une quinzaine de kilomètres de Senou-village. C’est un joyau architectural de 5+R sur une superficie de 15 hectares avec une piste d’atterrissage pour accueillir les militaires blessés, d’une capacité de 270 lits et un forage d’eau potable. C’est sous l’égide du Vice-président de la Transition, le Colonel Assimi Koïta, accompagné du Premier Ministre, Moctar Ouane, et de l’Ambassadeur de la Russie au Mali, SE Igor Gromyko
Le délai d’exécution des travaux de construction de cet Hôpital militaire ultramoderne qui sera ouvert aussi aux Populations civiles s’étend sur une durée de deux ans.
Au nombre de défis majeurs qu’a à relever la Transition, il y a les besoins de formation, d’équipement et d’amélioration effective des conditions de vie et de travail du soldat et de l’Agent de sécurité malien qui restent pressants et qui deviennent de plus en plus urgents. C’est dans cette optique que des thèmes comme ‘‘Défense, sécurité, Droits de l’Homme et Reforme des forces armées et de sécurité’’ revenaient souvent dans le message de Bah N’Daw à l’adresse de la Nation.
Aussi, il est question de faire taire les Activistes incitateurs à des hostilités à l’encontre des troupes françaises, des partenaires venus apporter appui militaire, technique, logistique, financier et diplomatique au Mali face à la montée en puissance des mouvements terroristes dans les Régions du Nord et du Centre. Cela est d’autant plus préoccupante que, dans la même journée du mardi 20 janvier, il a été déploré dans le Centre-ville de Bamako des scènes d’altercations entre Forces de maintien d’ordre et une poignée de militants et activistes de la Plaforme Yerewolo en manifestation anti Barkhanes non autorisée.
Pour toutes ces réalités et tant d’autres, l’anniversaire des FAMA s’est essentiellement limité, cette année, à des prières spéciales, à la méditation et au dépôt de gerbes de fleurs sur les tombes des martyrs au camp Soundjata Kéïta de Kati. Car, de 2012 à nos jours, les 2/3 de l’intégrité du territoire national sont aux mains des ennemis de la paix, les terroristes, et les mouvements sécessionnistes kidalois qui ne semblent pas encore, ayons le courage de le rappeler, avoir dit leur dernier mot.
Certes, la guerre n’est pas encore perdue ; mais, la Région de Kidal n’est pas toujours au Mali et que celles de Ménaka et Mopti principalement restent déstabilisées par l’ennemi commun de la paix et de la sécurité. Pour preuve, ces quatre dernières années (2017, 2018, 2019 et 2020) ont été très meurtrières et pour les populations locales et pour les forces armées et de sécurité nationales et étrangères sur le sol malien. A l’issue de l’année 2019, selon une source proche du Ministère de la Sécurité et de la Protection Civile, il a été déploré plus de 590 tués dans le Centre du pays dont 440 civils et 150 militaires maliens et étrangers.
Djankourou
Source: L’Aube