Libération d’otages: quel sort pour la sœur Gloria ?
Les récentes libérations d’otages dans notre payas soulèvent l’espoir de voir de nouveaux otages libérés. Plusieurs Maliens et six Occidentaux sont toujours aux mains des djihadistes au Sahel. Parmi eux, la religieuse colombienne Gloria Cecilia ARGOTI, connue sous le nom de « sœur Gloria », qui selon certaines sources dignes de foi a partagé quelques moments de captivité avec les ex otages arrivés à Bamako le jeudi dernier.
Enlevée le 7 février 2017 à Karangasso, dans la région de Sikasso, la religieuse colombienne était dans les mains des mêmes ravisseurs que les ex-otages Sophie PETRONIN, Soumaïla CISSE et des Italiens. En septembre 2018, elle apparaissait même dans deux vidéos, dont une aux côtés de la Franco-Suisse Sophie PETRONIN, libérée jeudi soir. Ce qui a suscité une indignation chez tous les Maliens, en général, et la communauté chrétienne, en particulier.
Le Cardinal Jean ZERBO, s’est montré déçu en voyant les autres ex-otages sans la sœur gloria. « Tous ces humanitaires viennent pour soulager le peuple malien. Ils mettent leur vie en danger pour le Mali. C’est honteux de vouloir faire de la vie humain un fonds de commerce. La vie de l’homme ne doit en aucun cas être un échange pécuniaire », a-t-il dit, la gorge serrée par la désolation. Malgré tout, le Cardinal promet de continuer la prière pour la religieuse dont la vie est entre les mains des djihadistes à qui il a lancé un appel, pour la énième fois, à libérer la sœur Gloria.
Quant à l’évêque de Mopti, Monseigneur Jean-Baptiste TIAMA, à la tête du diocèse de Sikasso au moment du rapt de la sœur Gloria, la libération de Sophie Pétronin ravive l’espoir d’obtenir des informations sur le sort de la religieuse. « Si on arrivait à prendre contact avec les otages libérés, de savoir s’ils ont des nouvelles de Gloria puisqu’à un moment les vidéos qui étaient parues montraient la sœur Gloria au service de Sophie PETRONIN. Depuis, plus rien, les djihadistes ne disent rien. Les détenteurs ne font rien sentir. Nous on ne sait pas trop quoi penser. Et nous espérons toujours », a-t-il espéré au micro du journaliste de RFI. La sœur Gloria est-elle toujours en vie ? Ses ravisseurs sont-ils les mêmes que ceux de Sophie PETRONIN ? Et surtout, s’interroge l’archevêque de Mopti, les recherches sur le terrain se poursuivent-elles ? Aucune communication officielle sur le sujet, de la part des autorités de Bamako.
Rappelons qu’un mois après l’enlèvement de la religieuse, la police colombienne avait envoyé deux agents de l’unité anti-enlèvement pour tenter de retrouver sa trace, sans succès. La dernière preuve de vie de la sœur Gloria remonte à une vidéo diffusée en septembre 2018 aux côtés de Sophie PETRONIN, à qui elle a notamment prodigué des soins. Avant cela, elle était apparue dans une autre vidéo dans laquelle elle sollicitait l’intervention du pape, en janvier 2018. Ladite vidéo dure moins de 5 minutes avec un commentaire en anglais, sous-titré en arabe. On aperçoit dans les images, 8 otages de nationalités différentes qui ont été capturés par des groupes islamistes armés regroupés au sein du groupe de soutien à l’islam. Dans cette vidéo, la sœur Gloria apparait et se présente en donnant son nom, son origine et son âge. Elle félicite le Pape, expliquant qu’elle est au courant de sa visite au Chili et en Amérique latine. Elle ajoute que le 7 février prochain, elle bouclera une année de captivité et demande au Pape de l’aider à retrouver sa liberté. Gloria de s’adresser au Pape François en lui disant : « Faites même l’impossible jusqu’à ce que je sois libérée ».
En tout état de cause, ces libérations ciblées ont indigné les différentes confessions religieuses et corporations professionnelles du Mali, dont les leurs sont entre les mains des djihadistes. La preuve, les quatre syndicats de l’administration publique réunis au sein d’une ‘’Plateforme’’ projettent une marche pacifique, ce jeudi 15 octobre 2020, pour manifester leur mécontentement contre la démarche discriminatoire de l’État malien vis-à-vis de ses fils retenus par les terroristes qui écument le nord et le centre de notre pays. Ils dénonceront ainsi le silence du gouvernement par rapport à l’enlèvement des travailleurs de l’administration publique et demander, sans délai, l’implication pleine des autorités nationales pour leur libération rapide.
PAR CHRISTELLE KONE
Source : RFI