Diplomatie du football: la sélection palestinienne accueille l’Arabie saoudite
C’est une rencontre qui fait la fierté des dirigeants palestiniens. L’équipe nationale de football des Territoires reçoit ce mardi 15 octobre l’Arabie saoudite en match de qualification pour la Coupe du monde 2022 et la Coupe d’Asie 2023.
De notre correspondant à Jérusalem,
Ce match a une saveur particulière pour les Palestiniens, car c’est la première fois que la sélection saoudienne vient jouer dans les Territoires palestiniens. L’Association palestinienne de football a été admise à la Fifa, la Fédération internationale, en 1998, quatre ans après la création de l’Autorité palestinienne.
Mais pendant dix ans, l’équipe n’a pu disputer aucun de ses matches à domicile. La Fifa s’inquiétait des raisons de sécurité dans les Territoires et n’avait homologué aucun stade palestinien. Même lorsqu’elle recevait, l’équipe palestinienne devait jouer ses matches dans des pays tiers.
Diplomatie du football: la #Palestine affronte aujourd’hui l’Arabie Saoudite au stade d’Al-Ram, près de #Jérusalem et à quelques centaines de mètres du mur de séparation, pour les éliminatoires de la Coupe du Monde 2022. Pourquoi c’est un évènement? #السعوديه_فلسطين pic.twitter.com/nntbSdMKQk
— Marine Vlahovic (@MarineVlahovic) October 15, 2019
► Écouter sur RFI : La Palestine joue au football
En 2008, la Fifa a autorisé les Palestiniens à accueillir des matches internationaux en Cisjordanie, à Al Ram. Beaucoup d’équipes régionales refusaient toutefois de se rendre dans les Territoires palestiniens, car les frontières sont contrôlées par Israël et que cela nécessite de demander au pays l’autorisation d’entrer en Cisjordanie.
C’était le cas de la sélection saoudienne : Riyad n’a pas de relations diplomatiques avec l’État d’Israël. Cette fois-ci, les Saoudiens ont accepté l’invitation de la fédération palestinienne et cela fait la fierté des dirigeants de l’Autorité palestinienne, basée à Ramallah, en Cisjordanie.
D’énormes panneaux publicitaires sont visibles à #Ramallah et dans sa banlieue. Comme ici, près du checkpoint israélien de Bet El, à l’entrée du siège de l’Autorité Palestinienne pic.twitter.com/FIqo9FASz2
— Marine Vlahovic (@MarineVlahovic) October 15, 2019
À l’arrivée de l’équipe à Ramallah, dimanche, le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a déclaré aux joueurs du Royaume d’Arabie saoudite, qui abrite les lieux saints de l’islam : « Votre présence fait honneur à la Palestine. » Et il recevra l’équipe pour un dîner à l’issue du match ce mardi.
Ce n’est pas la première fois que la fédération palestinienne accueille un match international. Après l’autorisation de 2008, la première équipe à venir fut l’équipe de Jordanie. Le pays a signé un traité de paix avec Israël en 1994. Il y a eu aussi la Thaïlande par exemple, la Palestine faisant partie de la fédération asiatique.
Exemple: l’Arabie Saoudite n’entretient pas de relations diplomatiques avec Israël. Ses joueurs se déplacent pourtant dans un bus immatriculé en Israël. Par un tour de passe-passe, la plaque arrière a été recouverte d’un drapeau palestinien! pic.twitter.com/JUCeeeiL2r
— Marine Vlahovic (@MarineVlahovic) October 15, 2019
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D’autres pays arabes, qui n’ont pas de relations diplomatiques avec Israël, sont déjà venus aussi : l’Irak, les Émirats arabes unis, Bahreïn. Certains refusent, comme le Liban ou l’Égypte qui, elle, est pourtant le premier pays arabe à avoir reconnu Israël. Mais des équipes reçues, l’Arabie saoudite est la plus prestigieuse.
Les responsables palestiniens veulent aussi y voir un geste de soutien politique des autorités de Riyad. Mais côté israélien, certaines voix, elles, diminuent l’importance de ce match. Elles soulignent que d’autres équipes du Golfe sont déjà venues en Cisjordanie, comme mentionné ci-dessus.
Ce match fait aussi des mécontents parmi les Palestiniens. Certains y voient une forme de normalisation des liens entre l’Arabie saoudite et Israël. Particulièrement dans le contexte actuel : si les deux pays n’ont pas de relations officielles, les liens se sont renforcés ces dernières années, face à la crainte commune, l’Iran.
L’Arabie Saoudite a toujours refusé de jouer dans les Territoires Palestiniens occupés par #Israël, comme un bon nombre de pays arabes. Ce revirement un signe d’appaisement entre Ryad et l’Etat hébreu. Qui place la sélection saoudienne dans une position délicate.
— Marine Vlahovic (@MarineVlahovic) October 15, 2019
Le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), l’un des partis palestiniens, dénonce « la porte ouverte à la normalisation des liens avec l’entité sioniste », qualificatif désignant Israël. Elle appelle à boycotter le match. Le mouvement islamiste Hamas, au pouvoir à Gaza, estime pour sa part que « le seul gagnant de cette démarche est l’occupation israélienne ».
Mais pour les autorités de Ramallah, ce n’est pas une étape vers la normalisation. « La visite de l’équipe saoudienne n’est pas une entorse aux critères de boycott tant qu’il n’y a pas de contact durant le séjour avec l’État d’occupation », autre qualificatif désignant Israël, a déclaré la coordinatrice du comité pour le boycott d’Israël.