Usage élevé des drogues injectables: une menace réelle pour la santé publique !

Le Mali, à l’instar des pays de la communauté internationale, célèbre la Journée internationale de lutte contre l’abus et le trafic des drogues, ce 26 juin 2020. Les résultats de différentes études et des données programmatiques au Mali font ressortir une proportion élevée de l’usage de certains types de drogues injectables, entrainant un risque sanitaire et sécuritaire élevé pour les usagers.

Cette édition, dont le thème est : « Une meilleure connaissance pour de meilleurs soins », intervient dans un contexte marqué par la crise de COVID-19 qui secoue le monde entier. Toute chose qui oblige les autorités nationales à adapter le format des activités consacrées à l’événement au strict respect des mesures barrières.
Dans son message consacré à la Journée, le secrétaire général du ministère de Sécurité et de la protection civile réaffirme la détermination des autorités du Mali à lutter contre le trafic illicite des drogues et leur volonté à œuvrer pour la prise en charge sanitaire des toxicodépendants.
L’Office Central des Stupéfiants, l’organe de coordination de la lutte au Mali, élabore chaque année un rapport descriptif sur l’ampleur de la consommation et du trafic de drogues afin de permettre aux pouvoirs publics d’apporter des mesures appropriées pour faire face aux conséquences sanitaires, sécuritaires, économiques et sociales du phénomène, a-t-il soutenu.
Pour la célébration de la journée, l’ONUDC a choisi, cette année 2020, le thème : « Une meilleure connaissance pour de meilleurs soins ».
Cette approche traduit, soutient-il, l’impérieuse nécessité de disposer d’une meilleure connaissance du phénomène, c’est-à-dire connaitre les produits, les circuits de transit, les usages, et les usagers.
Pour y arriver, la disponibilité des données basées sur des évidences scientifiques s’avère nécessaire, dit-il.
« Dans cette perspective, j’invite les partenaires et les acteurs intervenants à mettre beaucoup plus l’accent sur la recherche épidémiologique et bio comportemental des usagers », s’est-il adressé.
La meilleure connaissance du phénomène nous permettra ainsi, de diminuer la stigmatisation des usagers de drogues, de maîtriser les circuits du transite, de mieux prévenir ou de traiter des troubles liés à la consommation des drogues, est-il convaincu.
Il a salué les initiatives de certaines Organisations Non Gouvernementales (ARCAD/SIDA, ORFED, PLAN MALI) dont les efforts ont permis de rendre disponibles des données parcellaires sur la cartographie des usagers de drogues et les modes de consommation.
Selon les résultats des différentes études et des données programmatiques au Mali sur la consommation de certains types de drogues notamment injectables, il ressort que près de 77 % des usagers de ces drogues réutilisent leurs seringues et 60 % se partagent des seringues usagées avec une séroprévalence de 3 % de l’hépatite C et 15 % de l’hépatite B, 5,1 % de VIH et de nombreuses séquelles suite à l’injection.
« L’usage de drogues par voie intraveineuse constitue incontestablement une pratique à haut risque pour l’usager et une menace réelle pour la santé publique. Il peut contribuer à la dégradation de l’état de santé et à la désocialisation de ceux qui s’y livrent, et mettre leur vie en danger », a-t-il déploré. De nombreuses familles, a-t-il, fait remarquer, sont confrontées à cette problématique sans aucun recours médical ou social possible.
C’est pourquoi il sied d’adapter notre législation en matière des drogues aux standards régionaux et sous-régionaux et de renforcer la capacité de nos structures de soins à offrir des soins de qualités aux usagers de drogues et à prévenir efficacement des troubles liés à l’usage des drogues.
Plus que jamais, la prise en charge intégrée de l’addiction, à travers la création des centres spécialisés avec possibilité de dispensation des traitements de substitution aux opiacés (TSO), devient une nécessité pour faire face aux conséquences sanitaires et sociales de la consommation des drogues et lutter contre la comorbidité.

Par Sidi DAO

Info-Matin

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