URD: la dérive autoritariste ?

Un processus amphigourique avec des phrases emberlificotées sur fond de choc des ambitions, voilà le cocktail explosif qui pourrait conduire tout droit à l’implosion tant redoutée par le président par intérim de l’URD Salikou SANOGO soupçonné de jouer les vierges effarouchées lors de la 10e Conférence nationale du Parti. Quand des responsables s’écharpent et échangent des coups, il n’y a plus à rêver des plaies et des bosses tant le spectacle est affligeant. Au-delà des vaines arguties, comment en est-on arrivé à plonger ce « parti mythique » dans un abîme de polémiques sans fin en raison de soupçons de dérives autoritaristes de son Président par intérim ?

La colère qui sourdait a éclaté au grand jour à l’occasion de la 10e Conférence nationale du Parti. Autant pour les plus optimistes que pour les plus pessimistes, le pronostic n’a pas été déjoué : les cadres, la fine fleur du Parti se crêper les chignons.
Alors que la polémique fait rage, le vice-président, président par intérim de l’URD est forcément sur la sellette pour être coupable, non seulement de bourdes à répétition, mais également de pratique autoritariste, selon plusieurs cadres du Parti. Selon les informations concordantes, avec l’épisode surréaliste de la motion, au terme du congrès, il a réussi à faire l’unanimité ou presque contre sa personne.
En effet, une frange importante du Parti, dans la motion à laquelle le président par intérim a fait opposition, donc qui n’a pas été lue dans la salle, pour justifier la tenue d’un congrès extraordinaire, soulève plusieurs griefs.
Lesdits griefs portent sur des dysfonctionnements : le non-respect de la fréquence des réunions tant du SE que du BEN ; les délais de convocation des BEN qui sont plus fréquemment d’un à 2 jours, ce qui réduit le nombre de participants et la qualité de la participation; la qualité de préparation des réunions et des décisions à analyser pour cause de clanisme au Secrétariat général.
À titre d’exemple, font savoir les partisans du congrès extraordinaire, sur la période du 20 août 2020 au 21 août 2021, c’est-à-dire sur une année, il s’est tenu seulement 4 réunions du BEN contre 12, les réunions étant mensuelles et 10 réunions du SE contre 52 réunions hebdomadaires statutaires soit moins de 20 % des performances attendues.
Ils notent également que malgré la fixation de la Conférence Nationale au 23 octobre 2021, les réunions du SE ou du BEN ont été expressément suspendues jusqu’au 12 octobre 2021 soit à seulement 10 jours de la tenue de la conférence.
Les griefs sont relatifs également à la tenue jugée chaotique des réunions, à l’absence de PV, de CR et de prises de décisions, la plupart des réunions se terminant, en queue de poisson.
L’on ne passe pas non plus sous silence les nombreuses violations présumées des textes du Parti : pour la tenue des réunions du SE et du BEN, non-respect des dispositions des articles 8, 9, 95, 97, 101 et 102 des Statuts et 45, 56, 57, 67 et 90 du Règlement Intérieur ; imposition de textes au BEN sans qu’ils soient préparés et adoptés par le SE et le BEN (Appel à candidatures, lettre explicative et mise en place d’une commission chargée d’élaborer des propositions de critères à l’investiture de l’URD pour les présidentielles ; refus de diffuser et de mettre en œuvre les rapports des 4 commissions techniques pourtant validés lors d’ateliers du BEN.
Pourtant, soulève-t-on, des solutions ont été préconisées pour le retour de la sérénité au sein du Parti, lesquelles n’auraient pas été prises en compte : la décision du BEN du 21 août qui a demandé la mise en place d’une commission technique pour statuer sur le processus de désignation de notre candidat aux présidentielles et trancher techniquement et nous indiquer la voix à suivre ; l’initiative de suspendre la pétition pour la conférence nationale extraordinaire; les médiations tous azimuts : des sages et présidents d’honneur du parti, du secrétariat politique, des présidents de fédérations qui ont finis par écrire, du groupe de Sikasso, du groupe dit des non-alignés, des vices présidents et des initiatives individuelles ; des lettres de demande d’éclaircissement des sections sur l’appel à candidatures qui ont toutes alerté sur le recul démocratique et la violation des textes.
C’est au regard de ces nombreux griefs et de la nécessité de passer d’un traitement symptomatique à un traitement plus en profondeur de la crise que traverse l’URD que de nombreux cadre ont préconisé un congrès extraordinaire qui était le clou de la motion à laquelle le vice-président Salikou SANOGO a fait opposition, sacrifiant au passage ses propres motions. Pour de nombreux congressistes, il y a bien là une dérive autoritariste qui ne peut prospérer.
Ils estimaient que les impératifs du moment devraient conduire à aller au-delà de la relecture des textes et du remembrement du Bureau, un congrès extraordinaire a été convoqué pour le 14 novembre avec Aldoul Wahab BERTHE comme mandataire pour organiser.
Plus cette situation persiste, plus grossit la menace de finir dans le maelstrom. Il urge donc de prendre à temps les bonnes décisions.

PAR BERTIN DAKOUO

Info-Matin

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *