Loubna-Feirouze El mahmoudi Zaïr : « Le conseil que je peux donner à la femme africaine comme à d’autres femmes, prenez votre place dans la société, vous la méritez »

Femme engagée sous plusieurs fronts, Loubna-Feirouze El mahmoudi Zaïr est d’origine marocaine née en France et réside depuis plusieurs années. N’ayant pas oubliée ses origines africaines, cette jeune dame lutte pour le développement économique de son continent. Pour elle, la diaspora doit y apporter sa contribution.

Dans une interview accordée au site www.afriqueeconomie.net, Loubna-Feirouze El mahmoudi Zaïr nous parle de ses actions menées pour atteindre sa vision pour son continent dont elle a à cœur de voir prendre sa place dans le concert des Nations. Invitant également les Femmes africaines à jouer leur partition, elle exhorte les Médias et les Organisations du monde à promouvoir le potentiel des femmes et des filles car l’avenir de l’Afrique est féminin.

A.E : Présentez-vous à nos lecteurs

Je me nomme Loubna-Feirouze El mahmoudi Zaïr, je suis née à Toulouse dans le Sud de la France et y réside. Française d’origine marocaine de Fès, je suis mariée et j’ai trois enfants. De formation Administration, Communication d’Entreprises et de Marketing, j’ai fait une carrière essentiellement orientée dans le domaine des marques françaises de cosmétiques de luxe. Après une réorientation d’études en Management et en Relations Internationales, aujourd’hui, Consultante en Affaires Internationales, j’accompagne, conseille et établis de la mise en relation entre Entreprises, Investisseurs, Agences d’Affaires Internationales, Associations et Médias principalement sur le continent Africain. Au service des citoyennes et citoyens français en tant qu’élue depuis six années, un mandat municipal, Présidente de la Commission Coopération Internationale dans une ville de 40.000 habitants Colomiers, de formation études politiques à Sciences Po. En parallèle, je me suis investie bénévolement dans la vie associative depuis très jeune, un monde passionnément humain, être d’utilité sociale, culturelle et écologie est essentiel pour moi, je reçois beaucoup plus que je ne donne et puis je rends à la vie ce qu’elle m’a donné.

A.E : Pouvez-vous nous expliquer ce qui a motivé le désir de lancer ce Projet ?

Tout au long de mon parcours et des rencontres enrichissantes et inspirantes à travers le monde, j’ai construit un réseau de confiance qui partage la même vision par des valeurs que nous portons. J’ai donc décidé d’utiliser ce réseau afin qu’il soit porteur de sens à nos engagements et nos responsabilités, il était temps de se réunir en structure commune vu l’évolution du monde, ses problématiques et ses injustices par le biais de différentes et nombreuses initiatives. Je me suis rendu compte que nous pouvions avoir un impact et servir de modèles pour d’autres femmes voire de jeunes femmes en rendant plus visible nos parcours. Women In Leadership est née et joue aujourd’hui un rôle dans la réalisation de l’autonomisation et de la participation des femmes dans la vie économique, politique, sociale et culturelle. Grâce à son dispositif et ses outils, des Femmes ont acquis des compétences dans tous domaines d’action. Women In Leadership a développé un Programme de formations spécialement conçu et adapté aux besoins demandés et aux études faites sur le terrain. Dans un environnement virtuel ou en classe, les participantes repartent avec des perspectives nouvelles, des connaissances, d’expertises, afin de prendre des décisions individuelles et collectives au sein de leur communauté, organisation et entreprise. Cette organisation n’est pas réservée uniquement qu’aux femmes, les hommes sont présents et actifs, cette mixité est essentielle pour un bon fonctionnement, c’est une force complémentaire. Le monde se construit avec des femmes et des hommes de toutes cultures et de toutes générations.

A.E : Quels ont été les obstacles au cours de votre parcours ?

Durant mon parcours professionnel et politique, j’ai reçu et je reçois encore des remarques en tant que femme, mère, sur mes origines et sur ma confession. Même si la situation s’améliore depuis quelques années, il y a encore du chemin à parcourir. Et puis, je devais toujours faire plus, vu mon profil, je n’avais pas le choix, j’avoue j’ai eu quelques périodes difficiles mais cela fut un excellent exercice, si c’était à refaire je le referai dans les mêmes conditions.

A.E : Quels sont vos Projets à moyens et court termes ?

Une année très chargée se prépare, déplacements sur le continent africain et dans bien d’autres pays sont prévus en territoires urbains et ruraux pour la création de réseaux de femmes entrepreneurs afin de développer leurs activités et améliorer l’accès aux opportunités économiques ainsi que pour la création de structure d’accompagnement afin de favoriser l’accès à la formation professionnelle et promouvoir les femmes dans la technologie. Rencontres avec des Organisations et des Associations afin d’échanger et partager nos connaissances, nos expertises et nos réseaux. Également, je participe au sein du Comité de pilotage pour l’évènement PARIS CITY LIFE 2019 sous le thème « Quelles mobilités demain ? » l’évènement Women For Future Afrique femmes sera inséré et consacré à la mobilité et initiatives des femmes en Afrique prévu du 26 au 27 novembre2019, organisé par le journal de La Tribune journal économique Français qui est très attaché à la verticale Afrique-Méditerranée-Europe. Cet évènement mettra en lumière les femmes qui agissent dès aujourd’hui et dont les actions ont un impact environnemental et sociétal reconnus. Participation au comité d’organisateurs de Monsieur Francois-Xavier VALIENTE,  Président du C.O.T.O. pour l’évènement Tour d’Occitanie Occitanie Tour qui est un Projet d’épreuve cycliste féminine internationale UCI, destiné à participer au développement du cyclisme féminin et du sport féminin en général. Le projet a vocation à permettre de franchir une nouvelle étape dans le parcours qui mène à l’égalité femmes/hommes.

 

A.E : Que pensez-vous de la place de la Femme africaine dans la société ?

La place de la femme africaine est essentielle dans la société. Elle est devenue incontournable, une force sur le plan économique, politique et social. De plus en plus autonome, elle est présente dans tous les domaines notamment dans l’Agriculture, l’Éducation, le Digital, la Technologie et les Affaires. L’Africaine par nécessité ou par choix pour certaines exerce une activité génératrice de revenus et crée son propre emploi. Rappelons que le continent africain est le premier continent de l’entrepreneuriat féminin, 24 % des femmes africaines créent leurs Entreprises, ailleurs pour exemple l’Amérique latine est à 17 %, en Amérique du Nord 12 %, en Europe et en Asie centrale 8 %. La femme africaine contribue donc à la production nationale et cette participation à l’activité économique gagne de plus en plus du terrain. En ce qui concerne la politique, la femme africaine est très impliquée, rappelons que six États africains figurent parmi les 20 du monde ayant le plus de femmes au Parlement, le Rwanda arrive en première position, avec 61 % de femmes députées contre une moyenne mondiale de 24 %. Le lien mère-enfant est une tâche fondamentale pour la femme africaine. Elle informe et transmet à ses enfants, aux futurs acteurs et décideurs du monde, c’est un rôle d’éducatrice, un rôle de grandes responsabilités dont elle assume. Aujourd’hui, les médias et les organisations du monde doivent mettre en lumière ces femmes africaines, elles doivent être beaucoup plus visibles. Pourquoi cette absence d’informations dans les médias ? Pourquoi toujours les mêmes clichés de la femme africaine qui ne reflètent pas la réalité actuelle. C’est très important, des femmes du monde doivent découvrir ces profils de femmes africaines et s’inspireront de leurs parcours.

A.E : Quels sont pour vous, les défis que le continent africain doit réaliser ?

L’Afrique est devenue incontournable et va jouer un rôle important au sein du monde. L’Afrique a les populations les plus jeunes au monde et sera le continent le plus dynamique sur le plan démographique du monde. Il devrait compter 2,5 milliards d’habitants d’ici 2050. Rappelons que la croissance démographique s’accompagne d’opportunités et de défis. L’Afrique n’est pas prête à accueillir une telle densité d’habitants, cela nécessite de grands changements d’Infrastructures, de Ressources d’Énergies modernes, de Gestion des eaux usées, de Traitement des déchets, et d’un nouveau modèle de transport. L’urbanisation durable doit être adaptée et non se limiter à l’expansion. Aujourd’hui le continent africain a recours à des technologies avancées respectueuses de l’environnement. Il a l’opportunité de construire des villes intelligentes, dynamiques et interconnectées sans exclure les populations isolées tout en améliorant leur bien-être. L’Afrique se trouve donc à un tournant décisif, les actions d’aujourd’hui auront un impact positif ou négatif, les décideurs et acteurs doivent tenir compte des besoins essentiels des africains et veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte. Aujourd’hui encore les intérêts des peuples africains sont oubliés et cette situation perdure. Il est donc impératif de former une nouvelle génération de dirigeants expérimentés, dynamiques et efficaces qui mènera ce continent vers le développement durable inclusif et équitable. La qualité de la gouvernance est essentielle pour garantir le bon fonctionnement des institutions. Nous constatons que les programmes de développement du leadership élaborés dans les pays Occidentaux ne peuvent pas être traités de la même manière en Afrique. Le continent africain doit inventer son propre modèle dans la révolution numérique. En effet les Nouvelles Technologies ont des effets positifs économiquement, socialement et politiquement dans le développement africain. Il faut donc offrir un environnement propice à l’innovation. Un autre défi à désamorcer pour les africains, c’est la propriété qui est essentielle à la liberté. Sans cette liberté de propriété les africains sont impuissants économiquement et politiquement. Afin de libérer le potentiel Africain, les Partenaires mondiaux doivent accepter des résultats mutuellement bénéfiques. Relever ce défi sera crucial pour les opportunités internes et externes. Cela favorisera enfin l’autonomie économique du continent. L’africain deviendra alors un participant actif et cela aura un impact positif sur la société, et rendra l’Afrique plus productive et plus compétitive à l’échelle mondiale. Enfin, il faut promouvoir le potentiel des femmes et des filles car l’avenir de l’Afrique est féminin. Les femmes africaines sont et seront une des forces majeures du développement économique de l’Afrique.

A.E : Un conseil à l’endroit de toutes ses Femmes sur le continent africain

Le conseil que je peux donner à la femme africaine comme à d’autres femmes, prenez votre place dans la société, vous la méritez. Soyez solidaire entre femmes, c’est très important la solidarité. Entourez-vous de personnes compétentes, allez chercher la force de chacun n’ayez pas honte de demander de l’aide cela vous permettra d’éviter de faire des erreurs et vous devez miser sur les réseaux féminins pour éviter l’isolement.

A.E : Quelle est la place de la diaspora pour le développement du continent africain ?

La diaspora joue un rôle très important dans le développement du continent africain, elle contribue de manière positive et rapide. Il est temps de s’en rendre compte ! Bien évidemment, les Gouvernements du monde connaissent parfaitement la situation, mais en ce qui concerne la diaspora, il y a un manque d’informations. La diaspora participe financièrement au développement, ses transferts financiers ont atteint, des sommes supérieures au montant de l’aide publique au développement. Cette situation démontre que la diaspora participe davantage que les pays développés qui décident et accordent à l’Afrique une aide financière, rappelons sous forme d’emprunts. La diaspora est donc la première source extérieure de financement du développement Africain. Les transferts financiers de la diaspora contribuent à améliorer les conditions de vie des populations du continent africain. En effet aujourd’hui, nous observons une émergence d’une classe moyenne qui ont d’autres besoins, c’est pour cela que les transferts financiers investissent le monde de l’entreprenariat, de l’immobilier et des marchés capitaux mais l’impact sur le développement tarde vu le manque de structures financières et des coûts élevés de transferts financiers auprès des établissements américains notamment de Western Union et Moneygram. Des solutions sont en cours à l’instar du développement des services mobiles bancaires africains. La double appartenance culturelle de la diaspora favorise et facilite les transferts de connaissances et d’expertises acquises, renforcée par l’apparition de Nouvelles Technologies. Il faut souligner que cette collaboration/coopération sur place et à distance travaille pour un objectif gagnant-gagnant. Pour fortifier cette collaboration /coopération, les Gouvernements africains doivent créer et garantir des liens forts, solides et mettre en place des environnements porteurs pour la diaspora. L’un des rôles essentiels aujourd’hui de la diaspora c’est sa contribution dans l’Éducation et la Formation Professionnelle.

A.E : Votre mot de fin

« Seul on va plus vite, Ensemble on va plus loin ». Merci au site www.afriqueeconomie.net qui me donne l’opportunité de m’exprimer d’avantage sur l’apport de la diaspora dans le développement du continent africain et aussi de la question de la Femme africaine dans cet apport pour le continent africain.

 Interview réalisée par Nadège Koffi

Source: afriqueeconomie.net

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