L’école malade: faut-il organiser un test d’aptitude national pour les enseignants ?

L’école malienne est malade, même très malade. Nous devons profiter de ces temps de fermeture pour réfléchir à comment sortir l’école du trou où elle est tombée et où on la maintient de façon volontaire pour que le pays reste dans l’ignorance et qu’une classe continue à dominer.

Personne n’ignore l’état de l’école malienne, aucune autorité n’ignore la situation de l’éducation au Mali. Une seule question me vient à l’esprit : pourquoi on ne fait rien pour régler les problèmes de l’école pourtant connus ? À qui profite cette décrépitude de l’école malienne ? Pourquoi les autorités religieuses, la société civile, les leaders d’opinion s’asseyent et regardent l’école malienne dans son état actuel ? Sommes-nous condamnés à laisser comme ça le pays se détruire ? Qui va gérer le Mali dans les années à venir ? On sait déjà que les meilleurs boulots sont entre les mains d’étrangers au Mali. Allons-nous nous asseoir pour regarder notre pays tomber entre les mains d’étrangers ? Voici des questions qui me taraudent l’esprit. Voici quelques propositions et pistes de réflexion que je propose.
1. Dépolitiser les postes administratifs scolaires : les nominations aux postes de Directeur d’Académie, de Directeur de CAP, de conseillers pédagogiques, de Directeurs nationaux sont tous politiquement contrôlées. Les nominations à ces postes techniques doivent être faites selon le mérite et non l’appartenance à tel ou tel parti politique.
2. Moraliser la gestion des ressources financières des structures de l’éducation nationale où la corruption a atteint des sommets inimaginables. Les fausses formations, séminaires inutiles, les missions forcées bouffent inutilement les sous qui devaient permettre d’équiper dignement les écoles en matériel didactique et en équipement pour les étudiants.
3. Il faudra prendre toutes les dispositions pour que les bourses des étudiants leur soient payées à temps et sans passer par des marches et des perturbations de cours. Tout dépend des mesures de planification prise.
4. Il faudra dissoudre l’AEEM. Cette association qui a œuvré dans le temps pour la cause estudiantine est aujourd’hui un frein à une école malienne de qualité. Elle est devenue un refuge pour des étudiants qui n’ont pas les études comme objectif.
5. Pour la qualité de l’enseignement, il faut organiser un test d’aptitude national des enseignants. Ceux qui passeront au test seront maintenus, ceux qui auront 9 ou 10 sur 20 pourront être formés et referont le test au bout de 02 ans. Tous ceux qui feront moins de 07 devront être libérés.
6. Il faudra réformer les écoles de formation de maitre et en faire des instituts universitaires ou la condition d’accès doit être le baccalauréat. Il est impensable que dans les conditions actuelles que le DEF soit le niveau pour recruter les futurs enseignants.
7. Il faudra redistribuer les enseignants sur le territoire national. Il apparaît que Bamako affiche des effectifs pléthoriques d’enseignants alors que l’intérieur du pays manque cruellement d’enseignants.
8. Il faudra créer l’imprimerie universitaire et lui confier la mission de produire les manuels scolaires et universitaires pour les écoles.
9. Les programmes d’enseignement scolaire doivent être revus et s’appuyer sur le fonds culturel local. Nous avons encore des programmes d’enseignement coloniaux et complètement éloignés de la réalité du terroir villageois.
10. Reformuler les offres de formation et les accorder aux besoins du Mali. Il ne s’agit pas de former pour former, mais de former pour que les élèves et étudiants puissent devenir des entrepreneurs locaux : former des agriculteurs au lieu de former des agronomes, des éleveurs au lieu des vétérinaires, etc. Les exemples ne manquent pas.
11. redonner toute son autorité aux enseignants. L’administration scolaire politiquement nommée est devenue un écran mou qui a sapé complètement l’autorité des enseignants. Aucun enseignant ne peut sanctionner un élève. La sanction est décidée à des niveaux techniques trop éloignés de la classe. L’enseignant et le conseil des maitres ou des professeurs doivent pouvoir décider de sanctions et les appliquer.

Bougouzié Jacques Dembele

Info-Matin

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