Insécurité dans le nord : les populations ne peuvent pas collaborer sans protection

La situation sécuritaire actuelle dans le nord et le centre du Mali indique qu’il n y a pas d’État dans ces deux (02) zones du Mali. Aujourd’hui, tout indique que les populations sont totalement abandonnées à leur triste sort. Ce qui se passe actuellement dans le secteur d’Ansongo dépasse tout entendement humain. Tout ce qui se passe n’est rien d’autre que du banditisme organisé par des étrangers sur notre territoire avec la complicité de certains bandits locaux.

Des ressortissants d’Ansongo reconnaissent qu’il est impossible d’aller au-delà de 5 km de la ville sans être attaqué. Tout le secteur d’Ansongo, de Ménaka et jusqu’aux frontières algéro-nigériennes est devenu  une zone de no man’s land où pullulent des bandits de toutes nationalités: Arabes, Touaregs, Peulhs du Niger, du Tchad, du Burkina Faso, etc. en complicité avec certains groupes locaux  de toutes les communautés.

Il y a sauf djihad à Ansongo. Les groupes armés qui opèrent dans cette zone ne sont rien que des voleurs en bandes organisées. Les faits sont là: la semaine passée, c’est le chef de village de Seina à 7 km d’Ansongo qui a eu le malheur de connaître la visite de ces bandits. Ils sont arrivés la nuit chez lui pour lui réclamer de l’argent.

Ils se sont divisés en deux (02) groupes: un premier groupe chez le chef du village et l’autre est resté derrière pour couvrir le premier groupe. Ils demandent au chef de village d’amener une somme de 150 000 FCFA. Il les a dit qu’il n’a pas d’argent à leur donner. Il a été frappé devant les membres de sa famille avec fracture au niveau de son genou et de sa main, un de ses doigts a été fracturé. Sa maison a été  fouillée de fond en comble. L’épouse du chef de village qui est membre d’une association des femmes a été dépouillée d’une somme de 100 000 FCFA.

En se retirant de chez lui, les bandits ont enlevé dans un enclos des  moutons au nombre de 5 ou 7 têtes. Peut-on parler de djihadisme ici ? Les événements de Seina se sont déroulés à moins de 800 m du check point de l’armée malienne. Seul celui qui ne veut pas entendre peut dire qu’il n’a pas entendu les bruits des armes à feu. «Qui est plus sourd que celui qui ne veut pas entendre», dit le proverbe.

Si le gouvernement et les responsables des forces armées du Mali ne changent pas de stratégies de lutte face aux groupes armés, un jour viendra où ils seront nus. Tantôt, on nous dit que l’armée malienne monte en puissance, tantôt ce sont des nouvelles alarmantes qu’on entend. Un jour arrivera, où ils ne pourront donner aucune explication qui pourra convaincre les populations locales.

Trop c’est trop et chaque chose a une fin. Tout ce qui se passe n’est rien d’autre que du banditisme organisé par des étrangers sur notre territoire avec la complicité de certains bandits locaux. L’exemple du chef bandit d’Ansongo, Oubbel  qui a été appréhendé et libéré par la force Barkhane est là. Aujourd’hui, les bandits se promènent jusque dans les villages pour percevoir la zakat sur les animaux. Il y a aussi une taxe qu’ils exigent des populations pour que leurs animaux puissent partir dans les pâturages.

L’autre jour, les émissaires des bandits sont arrivés jusque dans les villages de Ha et Tondibi dans la commune de Taboye (cercle de Bourem) pour demander ces taxes. À Tondibi, les émissaires demandent au village une somme de un million de franc pour que leurs animaux puissent paître sans risque d’enlèvement dans les zones de pâturage.

n fait, cette idée vient des Touaregs de Bourem et d’autres bandits au sein de toutes les communautés qui sont affiliés à ces bandits qui sont généralement parmi ceux qui sont liés à la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et à l’État islamique dans le Grand Sahara (EIGS). Mais, ce que Iyad Ag Ghaly,  Amadou Kouffa  et Abdoul Hakim al Sahraoui doivent savoir, ce que leur lutte pour la justice d’Allah est souillée par des groupes voleurs à mains armées.

Au gouvernement, aux forces nationales et internationales, les populations ne peuvent pas collaborer si elles ne sont pas protégées. La vérité aussi est d’aller chercher les bandits. Chaque fois, ce sont les bandits qui viennent nous attaquer. Les populations aussi doivent résister. Il n’y a qu’un choix: la vie ou la mort. Il faut qu’on vive et pour vivre, il faut résister.

Le gouvernement doit aussi empêcher la provocation. Il faut que les Maliens apprennent à se comporter bien. Le Festival de Ségou qui vient de fermer ses portes n’est rien d’autre qu’une provocation de plus. Surtout dans une zone d’insécurité généralisée. Il faut se poser aussi la question: est-ce-que les forces armées du Mali et Barkhane cherchent réellement Iyad Ag Ghaly et Amadou Kouffa ? Toute une problématique !

Il faut se poser aussi certaines questions : Que font les représentants du chef de l’État dans ces régions du Nord ? Il s’agit des gouverneurs de région. Ou bien, ils sont comme Icharach de Kidal dont parle Fahd Ag Almahmoud par cette citation: «Icharach ne gouverne même pas le bâtiment qu’il habite».

Les Maliens doivent savoir que dans le nord du Mali, les populations sont prises en otages.

Il y a des déficits qu’il faut combler. Nous ne cesserons de dire au gouvernement et aux forces armées du Mali que leur rôle régalien est d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. Ils sont élus et nommés pour ça.

Le cas du Mali est vraiment inquiétant. Cela me rappelle la France pendant  la Deuxième Guerre mondiale, où tous les messages radio qui parviennent sont défavorables à l’armée française. Quand il n y a pas de justice, l’État n’existe pas.

Brin COULIBALY

SourceL’Inter de Bamako

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