Financement de la recherche : Enfin une bouffée d’oxygène !

La mise en place du Fonds compétitif pour la recherche et l’innovation technologique (FCRIT) a été unanimement saluée par les chercheurs. L’argent a permis de financer des protocoles de recherche solides

 

La recherche se définit comme l’ensemble des travaux scientifiques qui tendent à la découverte des connaissances. Elle peut être aussi assimilée à des travaux faits pour étudier une question. Mais son financement représente un vrai casse-tête dans les pays en développement du fait des moyens limités. Si l’opinion publique ne perçoit pas forcément toute son utilité, les autorités en sont conscientes et tentent d’y faire face. C’est dans ce esprit que notre pays a mis en place au niveau de l’enseignement supérieur le Fonds compétitif pour la recherche et l’innovation technologique (FCRIT) pour financer les solides protocoles de recherche prioritairement pour la santé, l’agriculture et les sciences sociales et humaines.

Le Fonds, qui a été lancé le 8 avril 2017 au Centre national de lutte contre la maladie (CNAM) d’alors, a été bâti sur les cendres du Compte d’affectation spéciale (Cas), créé par une loi du 25 novembre 2011. Il est constitué de 0,2% des recettes fiscales, soit une subvention budgétaire de 2 milliards de Fcfa et sert à financer tous les projets de recherche dans le cadre d’appel à projets compétitifs. Sur cette base, des enseignants-chercheurs ont fait parvenir des protocoles de recherche au Centre national de la recherche scientifique et technologique (CNRST). Ils viennent de tous les bords, notamment de l’Université des sciences, des techniques et des technologies de Bamako (USTTB), de l’Institut polytechnique rural de formation et de recherche appliquée (IPR/IFRA) de Katibougou, de l’Institut d’économie rurale (IER), du Centre national d’insémination artificielle et animale. D’autres chercheurs indépendants aussi ont postulé. Ainsi, 47 ont été sélectionnés et financés en fin 2018 sur une proposition de plus de 200 projets déposés sur la table du CNRST. Certains protocoles ont été financés en retard. Il faut préciser que, les chercheurs pointent du doigt la lourdeur administrative et des procédures de décaissement au niveau du Trésor public.

La dotation initiale a servi à financer les projets de recherche éligibles, mais le fonds attend toujours d’être réapprovisionné. Les projets soumis devraient répondre à des exigences, en termes de respect du canevas, de rédaction, de pertinence, d’implication de plusieurs structures, d’adéquation entre budget proposé et activités et de multidisciplinarité. Ces critères de sélection ont permis au CNRST de classifier les projets de recherche en fonction des thématiques.

Une commission scientifique constituée d’experts maliens et étrangers a évalué les différents projets de recherche à Bamako et dans d’autres sites comme Kayes, Sikasso, Mopti et Niono. Pour Dr Diarra Haby Sanou, conseillère technique au ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, un atelier de restitution est en cours de préparation. Au cours de cette future rencontre, chaque coordinateur présentera les résultats de la première année d’exécution de son projet, explique-t-elle, rappelant qu’il est clair qu’aucun pays ne peut se développer sans mettre en valeur la recherche. Les autorités ont perçu cette nuance et œuvrent pour le financement de la recherche, en atteste la création d’un département en charge de la Recherche scientifique et du FCRIT, soutient Dr Sanou.

Dr Oumarou Goïta, directeur général du Centre régional de recherche agronomique (CRRA) de l’IER à Gao, reconnaît que la recherche est un pilier de développement pour un pays. Il travaille avec une équipe de 5 scientifiques sur un programme de recherche intitulé : « Mise au point des stratégies de développement et de conservation des génotypes de blé dans les systèmes de rizicultures irriguées du Mali ». Le blé est une céréale qui donne la farine et celle-ci entre dans la fabrication du pain et beaucoup d’autres mets. Selon les données de cette équipe de recherche, le blé est cultivé au Mali sur environ 55 704 hectares sous irrigation. Les scientifiques relèvent une disproportion entre la production annuelle et la consommation sur la même période. La première est estimée à 45 000 tonnes tandis que la seconde dépasse 365 000 tonnes, dont seulement 11% sont produites localement. Tout le reste (89%) est importé.

« La demande a créé des déficits de plus de 325 000 tonnes essentiellement couverts par les importations qui coûtent plus de 130 millions de dollars par an, soit 65 milliards de Fcfa », constate-t-il. Son programme de recherche qui a été retenu en 2017 a bénéficié d’un «grant » ou subvention de 97 millions de Fcfa. Mais elle a connu un léger retard dans la mise à disposition des fonds puisque le premier acompte a été versé en juillet de l’année d’après. Le projet est exécuté dans les parcelles des stations de recherche agronomique de Kogoni (Cercle de Niono) et Diré (Région de Tombouctou).

Selon le chercheur, les résultats obtenus à Kogoni permettent de déduire que plus la fréquence d’irrigation se prolonge, plus le cycle semis maturité se raccourcit. Cela pourrait s’expliquer par l’effet du stress hydrique sur les variétés de blé tendre utilisées dans cette étude. Ces résultats sont conformes à ceux obtenus en 2016 dans la zone Office du Niger. À travers ses recherches, Dr Oumarou Goïta entend contribuer à l’amélioration de la production et de la productivité du blé au Mali de 5% à 10%. Il incite à aplanir les difficultés de décaissement afin que les résultats ne soient pas biaisés. Le directeur général de l’Institut des sciences humaines (ISH), Dr Baba Coulibaly, définit la recherche comme une activité scientifique qui, à travers des méthodes appropriées, découvre la vérité. Celle-ci n’est autre chose que les résultats qui peuvent être partagés, testés et extrapolés à l’échelle internationale.

Cette vérité est aussi censée apporter une contribution au développement de la science. Le patron de l’ISH précise que son Institut compte 29 chercheurs et a soumis 4 projets de recherche qui n’ont pas été retenus. « Or ce que nous faisons à l’ISH entre parfaitement dans le cadre du développement socio-économique de notre pays. Il s’agit d’une institution de recherche en sciences humaines et sociales avec pour mission d’approfondir les connaissances sur la société et la culture malienne…..

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